Marguerite Duras et la bande dessinée

Ce post est chaleureusement conseillé à tous les fans d'Indochine étudiants en lettres.

Bob Morane et Bill Ballantine dessinés par Dino Attanasio

Un des mythes les plus récurrents à ce jour concerne l'origine du nom "Indochine".

Nous avons tous entendu ou lu Nicolas expliquer que le nom de son groupe venait de son amour inconditionnel pour les livres de Marguerite Duras. Mais il suffit de faire une petite rétrospective pour se rendre compte que quelque chose ne va pas.
"NCL : Vous avez commencé sous le nom Indochine, vous aviez des tendances plutôt asiatiques.
- Bah non, Indochine c'est aussi français, j'veux dire, c'est une tendance à l'évasion avant tout. C'est pas une tendance ni provocatrice ni aventureuse, c'est une... qui a tendance à s'évader, à retrouver le rêve de l'exotisme."

Nicolas Sirchis, Antenne 2 Midi, 1984
 
"Et ce nom Indochine ?
Nicolas : Ah beh justement vas-y...
- Expliquez un peu.
Dimitri : Bah... (rires)
Stéphane : Nan c'est parce qu'on aimait bien les sonorités euhhh... orientales et tout ça et puis euh, on explique ça euh... parce que quand y'avait l'Indochine en France y'avait les jeunes qui partaient à la guerre en Indochine... (il repousse le joint) partaient écouter du rock'n'roll aussi donc... c'est pour ça qu'on a appelé ça Indochine. Mais c'est pas politique sinon. Voilà.
Dimitri : No war, war is stupid comme y disait l'autre... La reine d'Angleterre."

Indochine, interview au Club Lord Nelson, Örebro, octobre 1984


"Ils ont hésité longtemps avant d'arrêter leur choix sur le patronyme qui allait leur porter chance. Ils ont pensé à F.T.P., les Résistants, les Épatants... Et puis, toujours en cherchant un nom choc, Nicola a dévié vers l'Extrême-Orient : Saigon... et Indochine."

Doctor Jepman in Indochine, Jean-Eric Perrin, Calmann-Lévy, 1986
(livre officiel)
 
Question d'un téléspectateur : "D'où vient le nom Indochine ? (Brouhaha dans le public)
C'est à dire que... [...] C'est un hasard. Y'a aucune connotaissance chavirée (sic) de... C'est euh... C'étaient les syllabes qui étaient jolies. Y'a aucune connotaissance (sic) politique ou coloniale ou quoi que ce soit. On nous l'a beaucoup demandé, puis voilà quoi. Ce qui est marrant c'est que les mômes, ils connaissent pas ce qui s'était passé avant quoi."

Nicolas Sirchis, Direct+, 1987
 
"Nous, on voulait simplement s'échapper du quotidien et sortir du côté politique du rock en France. Il est vrai que ce nom a une connotation politique guerrière, mais la mise au point s'est faite d'elle-même, en chanson, avec 'L'Opportuniste'. [...] En fait, ce nom d'Indochine était aussi empreint d'une appartenance à un courant international, un peu comme Human League et surtout Culture Club. Pour Boy George, un tel nom de groupe voulait signifier qu'il prenait en compte toutes les cultures du monde et que leur musique en était la résultante."

Nicolas Sirchis in Le Septennat, Marc Thirion, Carrère, 1988
(livre officiel)

Roch Voisine : "Indochine ça vient d'où ? Le nom par exemple. Comment vous avez choisi ?
Bah tu sais c'est un hasard total, c'est à dire que quand tu... Quand on a commencé, quand le groupe s'est formé on a cherché des noms, et puis y'a différents noms, c'est comme si tu cherches un nom d'une chanson ou d'un film, tu jettes différents noms, puis y'en a un qui vient et qui fait l'unanimité, et euh, sans aucune recherche ethnique, ethnologique ou j'sais pas quoi... Surtout une recherche phonétique. Donc c'était ça quoi."

Nicolas Sirchis, Saturday, 1989
Indochine en 1982 aux Olympiades (le Chinatown parisien)

Pour Dominique Nicolas, il est question d'un nom rigolo et légèrement provocateur. Aucune trace de Marguerite Duras :
"Deux-trois jours avant le concert on avait choisi le nom avec Nicolas, on avait plein de noms comme ça, et puis après on avait décidé de s'appeler Indochine. [...] Je lui ai dit 'Tu vois avec le nom qu'on a, je pense que ça marchera jamais' parce que déjà, on va dire 'Indochine', les gens ils vont nous prendre pour des fachos. Et Nicola dit 'Ah tu crois, tu crois ?', et la preuve que je me suis trompé."

Dominique Nicolas, Fréquenstar, 1992

Il s'agit ci-dessous de la première mention connue de Marguerite Duras concernant l'origine du nom. Nous sommes en 1999 :
"À l'origine, j'avais choisi ce nom-là parce que je suis un fan de Marguerite Duras, pas pour le fantasme colonial !"

Nicolas Sirchis, Rocksound, juillet 1999

"Salut Nicola !!! Dis pourquoi Indochine comme nom du groupe ? 
Nicola : Pour la 100000e fois, c'est plus un hommage pour Marguerite Duras, avec un soupçon de provocation, je suis un grand fan de cet écrivain dont la période majeure de son œuvre se passe en Indochine !
Nicolas Sirchis, chat Zicline.org, août 2000

"Le nom du groupe vient principalement euh, de mon intérêt euhhh, je suis un grand fan de Marguerite Duras, depuis l'âge de quinze ans, et euh, j'ai lu tous ses livres, et euh, chaque fois que je lisais ses livres, que ce soit L'Amant, Un Barrage Contre Le Pacifique ou autre, les situations se passaient pour elles, y'avait ce mot qui revenait sans arrêt, Indochine. Donc je trouvais la phonétique très intéressante."

Nicolas Sirchis en conférence de presse à Hanoï, Bye Bye Vietnam, juin 2006

"Est-ce que tu as eu la permission de Marguerite Duras elle-même ?
Personne nous a demandé en France, grosso modo pourquoi on avait pris ce nom-là. Elle ne le savait pas à l'époque, qu'on avait pris, parce que, elle est morte en 84, et nous le groupe a vraiment été connu (sic) au début des années 80."

Nicolas Sirchis à la radio vietnamienne, Bye Bye Vietnam, juin 2006

Stop, ça va trop loin.

"Tout le monde nous a demandé pourquoi ce nom. D'abord, c'est parce que ça sonnait bien. Et puis, on cherchait un nom qui évoque l'aventure, l'exotisme, le cinéma, la bande dessinée... On a tout de suite été d'accord sur ce nom, qui est, c'est vrai, quand-même un brin provocateur... mais pas tant que ça."
Dominique Nicolas, hors-série Les Grands du Rock, juin 1986

On respire un grand coup et on recommence.

Prétendre qu'Indochine vient de Marguerite Duras est un mensonge, construit petit à petit dans une période de discrétion médiatique. Mais aller raconter à l'autre bout du monde que personne en France n'a demandé d'explications relève de la tartufferie. De plus, Nicolas, considéré par beaucoup comme un homme de culture qui a "lu tous ses livres", déclare en toute décontraction à la radio vietnamienne que Marguerite Duras est morte en 84, alors qu'elle est morte en 1996. Le tout validé pour le final cut de Bye Bye Vietnam, donc.


Une simple recherche du mot Indochine au sein d'une version numérique d'Un barrage contre le Pacifique nous apprend que le mot n'est cité qu'une seule fois, page 12 :
"Peu après leur mariage, ils firent ensemble leur demande d'admission dans les cadres de l'enseignement colonial et ils furent nommés dans cette grande colonie que l'on appelait alors l'Indochine française."

Marguerite Duras ne cite autrement l'Indochine que de sa propre voix dans Cahiers de la guerre (1943-49, paru en 2006) ou encore dans Les Parleuses (1974). Le mot est en revanche souvent présent au sein des documentaires, reportages et biographies même courtes, ce qui n'a pas dû échapper à notre héros.

Marguerite Duras
"Marthys : Qui a trouvé le nom du groupe ?
Nicola : moi :-) J'avais fait une liste avec plusieurs noms, et étant tombé sur un livre de Marguerite Duras, j'ai pris ce nom-là."
Chat RTL2, 2008

Donc ce coup-ci ce ne serait plus l'univers des livres de Marguerite Duras, Nicolas serait simplement "tombé" sur un de ses livres, il ne précise pas lequel...

Comme montré plus haut, le livre officiel de 1986 écrit par Jean-Eric Perrin ne mentionne pas Marguerite Duras, ni pour le nom ni pour autre chose. Les livres préférés de Nicolas y sont "Parias de Bruckner, Le Mépris de Moravia, et un bouquin de Jack London, le Loup des Mers, un titre comme ça."

Clairement, Nicolas a galéré à citer un troisième livre. Et en bande dessinée, il cite "Les Passagers du Vent de Bourgeon, Buck Danny et Les Mange-Bitume."

François Bourgeon, La fille sous la dunette, Glénat, 1979




Aujourd'hui, nous entendons plutôt ce genre de chose, d'un ridicule absolu au regard de toutes les explications pré-1999 :

"Le titre Indochine, est-ce que ça doit un peu à Marguerite Duras ?
- Ah ouiouioui, que à Marguerite Duras. On nous a dit... En 1981 on avait plein de maisons de disques aux fesses, 'on veut signer avec vous mais faut que vous changiez de nom, ça va pas. Indochine ça fait Algérie Française, c'est une défaite et blablabla et blablabla'. Et on a pris le producteur le plus alcoolique du truc, qui nous a permis de garder notre nom. Et il m'a dit 'pourquoi Indochine', j'ai dit 'Marguerite Duras', 'connais pas'. Bah c'est la musique hein. Et pourtant L'Amant sortait trois ans plus tard."
Nicolas Sirkis interviewé par Olivier Bellamy, Radio Classique, 2013

Affabulation totale dans cette interview où Nicolas explique aussi que Verdi est pop, déclenchant une bienveillante taquinerie de la part d'Olivier Bellamy. Le chanteur se montre ici extrêmement charmeur face à une personne forte de sa culture classique, mais qui ne voit pas qu'il enrobe la réalité d'une grande dose de fiction. Indochine aurait donc été un groupe de littéraires incompris, poursuivis par des producteurs incultes qui leur auraient demandé de changer de nom, pas assez cultivés pour voir la référence à Duras ?


Pourtant, relire ou réentendre les explications des années 80 porte un coup fatal à cette image de groupe de littéraires voulue par Nicolas, par désir de réécriture d'une réalité peu arrangeante pour lui. Nous remarquons également l'éternel logiciel ressassé par le chanteur, selon lequel ce serait par manque de culture que certains balourds ne sauraient pas apprécier Indochine.

Voir : Ceux qui n'aiment pas Indochine

Scan du Septennat, Marc Thirion, Carrère,1988
 
Indochine n'avait aucunement plein de maisons de disques aux fesses, n'a rien pris, et le nom ne semble pas avoir été un frein à ce point-là. C'est uniquement Pathé Marconi, seule autre maison intéressée à ce stade, qui s'est montré réticente avec le nom. Tout naturellement, le groupe s'est tourné vers Didier Guinochet, qui est bien la personne que Nicolas traite d'alcoolique chez Olivier Bellamy.
"On a signé avec [Didier Guinochet] parce que d'abord il nous avait offert à boire, et ensuite c'étaient les seuls qui n'exigeaient pas que l'on change de nom. Pathé Marconi voulaient aussi nous signer, ils avaient déjà Téléphone et Starshooter. Mais ils ne voulaient pas que l'on s'appelle Indochine. [...] J'avais essayé de leur expliquer Duras, mais à l'époque L'Amant n'était pas encore sorti, donc ils ne connaissaient pas Duras."

Nicolas Sirchis, Rolling Stone, hors-série spécial Indochine, juin 2010


"Quand j'ai voulu trouver un nom pour le groupe, je trouvais que c'était bien. Ça a été vachement mal pris à l’époque, personne n'avait fait la liaison avec Marguerite Duras. Maintenant on le dit, on le redit et on le surdit."

Nicolas Sirchis, Europe 1, mai 2021


Disons-le, redisons-le et surdisons-le, en plusieurs langues s'il le faut : Nicolas ne citait jamais Duras à cette époque, il est donc assez déplacé de fanfaronner en estimant le niveau de culture des autres à la baisse. Mais cette manière de matraquer une chimère sur plus de deux décennies nous interroge : Nicolas a t-il conscience d'asséner une contrevérité, ou a t-il vraiment fini par y croire ?

"Pourquoi le groupe s'appelle Indochine ? [...]
- Ça ça aurait pu être une question d'y a dix ans.
- Ouais.
- Eh beeeeeeeeen... C'est que, voilà. Nan, au dép... C'est toujours pareil, tu mets vingt noms de groupes comme ça et tout, y'en a un qui te sort, euh... de tous les autres, et pis euh... Phonétiquement y sonnait bien. Y'avait un petit côté provocateur qui n'était pas négligeable à l'époque...
- Il est vrai.
- Et euh c'est vrai qu'on a fait deux ou trois maisons de disques qui ont un peu flippé en disant 'ohlala Indochine non jamais'...
- On a même voulu vous faire changer de nom je crois pendant un moment au début.
- Ouais ouais, ça c'était une ancienne boîte qui voulait... Qui aimait bien ce qu'on faisait mais euh, Pathé Marconi pour ne pas la nommer mais qui est toujours une bonne boîte de disques, mais ils voulaient pas, ils voulaient qu'on change de nom quoi. Nous on a dit non on change pas de nom. Et pis mais bon et pis mais...
- C'est un petit côté provo quoi.
- Ouais pis après on peut élaborer sur... Extrapoler sur, ouais on aime bien la musique un peu de partout, etc, on mélange tout enfin voilà quoi."

Nicolas Sirchis interviewé par Laurent Boyer, Pour un clip avec toi, 1991

 

"J'aimais bien le nom, Indochine, c'était assez original. Et puis j'ai été séduit par ce que j'ai entendu. Et j'ai dit OK on produit."
Gérard Lenorman, L'Aventure Indochine, 2017

Séduit, pas grâce à Nicolas mais à la musique de Dominique. Il ne devrait plus y avoir besoin de le souligner. Aujourd'hui encore, Nicolas est régulièrement cité comme la raison principale de ne pas aimer Indochine.

Voir : Ceux qui n'aiment pas Indochine


Dans Insolence Rock, Nicolas invente la possibilité de relire un livre qui vient juste de sortir. Et d'utiliser systématiquement revoir plutôt que simplement voir. Y a t-il tant de honte à découvrir un livre ou un film, pour la première fois ?
"J'étais à fond dans Duras et j'ai notamment relu L'Amant... J'étais plongé dans les thèmes de l'adolescent rebelle, de sa sexualité. Pour "Hors-la-loi", cette chanson sur des gamins qui se révoltent, j'ai également revu If, le film anglais avec Malcolm McDowell. C'était vraiment la révolution teenage, quoi. (Film sorti en 1969, ndlr)"
Nicolas Sirchis à propos de l'écriture de 3, Insolence Rock, Camion Blanc, 2004

"Mouloud Achour : Grand fan de Duras...
- Ah ouiouioui. Bah ça a été ma... Comment. On va pas dire ma maîtresse mais presque. Maîtresse littéraire. 
- Ça peut se dire avec Duras. Plein de gens ont été l'amant littéraire...  
- Justement, je préfère dire 'ma maîtresse' parce que, elle m'a éduqué. Dans le sens littéraire. 
- C'est drôle parce que y'a plein de gens aujourd'hui qui font leur éducation à travers internet et les sites un peu 'hum hum'... [...]
- Ah ouiouioui, ouioui, ben à l'époque, j'suis vieux moi, y'avait pas ça hein. 
- Et vous aviez dit que vos premiers émois c'était en lisant les mots.
- Oui, euh, ben surtout L'Amant. L'Amant de Duras quand on a quatorze ans ou quinze ans, tout d'un coup c'est, c'est... Y'a beaucoup de préliminaires. C'est ce qui manque aux films."
Nicolas Sirchis, Clique Dimanche, 2018

Rappel historique, et comme Nicolas semble pourtant le savoir au vu de l'extrait chez Bellamy, L'Amant est sorti en 1984. Nicolas avait donc vingt-cinq ans. Ce flagrant délit de mensonge - ou de capacité au voyage dans le temps - ne va pas dans le sens de l'histoire officielle, vous l'aurez compris.

3, 1985

Pour en revenir à "Trois Nuits par Semaine", oui, Nicolas s'est inspiré de L'Amant et l'a toujours dit.
"'Trois Nuits par Semaine', c'est parce que je venais de lire L'Amant de Marguerite Duras, et il y a une phrase qui dit qu'elle retrouvait son amant trois nuits par semaine, j'ai trouvé ça très beau... C'est toujours du hasard inconscient !"

Nicolas Sirchis, Tribu Move, janvier 2001

Au delà d'une inspiration durassienne effectivement perceptible, cette explication reste une distorsion de la réalité. Il n'y a rien dans L'Amant qui ressemble de près ou de loin à une telle phrase. Au mieux, l'extrait le plus proche possible de ce qu'avance Nicolas est le suivant :
"Des fois il disait qu'il voulait me caresser parce qu'il savait que j'en avais une grande envie et qu'il voulait me regarder lorsque la jouissance se produirait. Il le faisait, il me regardait en même temps et il m'appelait comme son enfant. On avait décidé de ne plus se voir mais ce n'était pas possible, ça n'avait pas été possible. Chaque soir je le retrouvais devant le lycée dans son automobile noire, la tête détournée de la honte."

Marguerite Duras, L'Amant, Les Editions de Minuit, 1984
 
De la part de quelqu'un qui éprouve déjà des difficultés à citer ses propres textes, cela n'est pas franchement étonnant. Qu'en pensent les fans qui ont soigneusement rangé L'Amant - ainsi que L'Homme assis dans le couloir et Un barrage contre le Pacifique - sur la même étagère que leurs disques d'Indochine ? Les ont-il lus ?
 
 
"NCL : Ce disque, L'Aventurier, a été fait d'après la bande dessinée Bob Morane, et c'est en grande partie ce qui a fait son succès.
Nicolas : Bah euh oui, c'est à dire qu'il y avait une essence d'aventure...
DB : J'ai l'impression que vous n'êtes pas les seuls à vous inspirer des bandes dessinées, Gotainer par exemple conçoit son spectacle comme autant de séquences de bande dessinée, ça inspire beaucoup les groupes aujourd'hui ?
Nicolas : Bah oui, c'est à dire que maintenant on a plus besoin de s'évader un peu, j'veux dire, nous la lecture de maintenant, j'veux dire, les jeunes d'aujourd'hui lisent de la bande dessinée, pas des bouquins, donc ça se rebet (sic) sur les paroles quoi."
Nicolas Sirchis, Antenne 2 Midi, 1984

En effet, aux débuts du groupe, et comme il le disait très clairement, Nicolas était bien plus marqué par la bande dessinée que par quelconque littérature. En janvier 1982, Indochine est en couverture de Rock BD, "l'actualité de la rock'kulture".


Philippe Delisle explique dans Bande dessinée franco-belge et imaginaire colonial que c'est à la fin des années 70 que la thématique coloniale retrouve sa place au sein de la BD, mais cette fois avec un second degré et un humour qui n'avait plus été possible pendant une vingtaine d'années. Une distanciation permise par la redécouverte de l'humour d'Hergé et de son positionnement contre les clichés occidentaux (Le Lotus Bleu) et son discours anti-esclavagiste (Coke en Stock) certes tardif mais bien réel. Loin de la violence colonialiste de Tintin au Congo, son dessin "ligne claire" et son humour constituèrent au début des années 80 les principales influences du retour à la mode du style atome, né dans les années 50, et qui s'attacha à ridiculiser la mentalité coloniale et les stéréotypes sur les peuples colonisés.

En d'autres termes, sans distanciation permise par la bande dessinée, il n'aurait pas été envisageable de s'appeler "Indochine" en invoquant le rêve, l'évasion et l'aventure.

Freddy Lombard, le Cimetière des Elephants, Yves Chaland, Les Humanoïdes Associés, 1984

En 2018, La Vallée des Immortels, nouvelle aventure de Blake et Mortimer, rend de nouveau hommage à cette tendance de la bande dessinée. Le résumé et les dessins sont tellement Péril Jaune qu'il est presque impossible de ne pas sourire en pensant au jeune Nicolas et à ses paroles.

Voir : La Vallée des Immortels - Menace sur Hong Kong sur Dargaud.com

"l'idée de cet album est de raconter plein de petites histoires. Il s'agit d'un véritable collage de petits films, d'un livre d'images que l'on feuillette. Chaque chanson est une nouvelle page, une nouvelle histoire. L'Aventurier, c'était plus la BD."

Nicolas Sirchis à propos du Péril Jaune, Salut, 1983

En 1983, Nicolas écrivait pourtant toujours selon une logique de séquence d'images fixes, autrement dit de bande dessinée.
Blancs et jaunes réunis
Rites et vapeurs à l'infini
Sur le quai ils s'activent
A décharger la marchandise
Les bandits, caisse par caisse
Vérifient leur commerce
Le grand maître du jeu
L'insoupçonné Docteur Tseu
Dans la nuit, le va-et-vient
Des pousse-pousse est établi
A l'affût, pas très loin
L'imper espionne de son coin 
"Razzia", Le Péril Jaune, 1983

 


"Du côté des BD j'étais servi, car vers 8, 10 ans je vivais à Bruxelles où mon père travaillait pour la CEE. Je lisais Spirou, et je m'embarquais avec Buck Danny et Gil Jourdan dans leurs aventures. J'étais aussi très Pif Gadget."

Nicolas Sirchis, Best, 1986
Scan du hors-série Les Grands du Rock, juin 1986




Scans du chapitre "Rock in B.D.", Le Septennat, Marc Thirion, Carrère, 1988
Boyer : "Après Bob Morane, quel sera le prochain personnage de BD, héros, d'un de vos titres ?
Nicolas : Heuuuuuuu...
Stéphane : Ricky Banlieue, de Frank Margerin !
Nicolas : Hé hé...
Boyer : Margerin que vous aimez bien mais enfin bon pour l'instant c'est pas prévu je présume.
Nicolas : Non effectivement c'est pas prévu.
Stéphane : Nicolas a abandonné la BD pour lire !
Nicolas : Arrête tu rigoles... On m'en a envoyé trente, je fais partie d'un jury, je dois lire trente BD en dix jours... Tous les soirs j'suis là...
Stéphane : Tu peux m'en filer un peu.
Nicolas : Ouais c'est ça je vais t'en filer."

Nicolas & Stéphane Sirchis, Pour un clip avec toi, 1991

"Effectivement, sur nos deux premiers albums, notre langage était simpliste. Très bande dessinée, un peu cinéma même."

Nicolas Sirchis, Le Lundi, 1994

 

"Guy Lemaire : L'Aventurier, c'est Bob Morane !
Nicolas : Ah bah oui, c'est clair, c'est clair ! S'il vous plaît !
Guy Lemaire : Et c'est pas un hasard.
Nicolas : Ah bah non c'est pas un hasard, c'est vrai que, bon c'est pas un mystère, Stéphane et moi on habitait Bruxelles, donc on a été effectivement en Belgique effectivement Bob Morane est plus, comment dire, plus accessible tout de suite par les jeunes générations, et puis on a... Quand on a commencé à écrire cette chanson, j'ai pris un livre dans ma bibliothèque et y'avait ce... Je crois que c'était L'Ombre Jaune effectivement donc euh... J'avais envie d'adapter un petit peu tous ces titres, qui sont un petit peu... 
Henri Vernes : C'est moi qui ai écrit les paroles puisqu'il s'est servi de tous les titres de Bob Morane pour écrire sa chanson, hein ! 
Nicolas : Maintenant on s'quitte plus ! 
Guy Lemaire : En tout cas vous êtes ensemble sur le plateau de Tour de Chance. [...] Le deuxième disque c'était d'ailleurs Le Péril Jaune... 
Nicolas : Ouais, après oui on a, on a, on a fait notre route effectivement, sur...
Guy Lemaire : Y'avait aussi des gentils chez vous, y'a Miss Paramount
Henri Vernes : Y'avait Miss Paramount aussi ! Miss Paramount aussi ! Oui oui ! 
Nicolas : Oui, c'était un dérivé de ce qu'il restait de L'Aventurier..."

Nicolas "effectivement" Sirchis dans Tour de Chance avec Henri Vernes, 1994

L'émission est amusante. L'époque est différente, Nicolas est mal à l'aise et surtout très très loin de l'intellectuel dont il se donne aujourd'hui l'image. Henri Vernes, pas dupe du tout, avait très bien compris que Nicolas ne piochait que dans les titres et jamais dans le contenu, ce qui se vérifie encore à ce jour. Et en effet, les relations entre le chanteur et l'écrivain ne semblent pas si idylliques : 
"Au départ, L'Aventurier a été un tube alternatif, le succès populaire est venu après. Henri Vernes, l'auteur de Bob Morane est arrivé à ce moment-là. Il voulait absolument qu'on mette un autocollant sur le single : 'la chanson de Bob Morane'. Et puis la presse s'en est mêlé. On voulait nous lier dans les interviews... Mais moi ça m'emmerdait un peu. Je trouvais ça hors-sujet. Je n'avais pas écrit ce texte par admiration pour l'auteur de Bob Morane." 
Nicolas Sirchis in Kissing my songs, Agnès Michaux, Flammarion, 2011

Nous revîmes une référence BD dans "Astroboy" en 1999, un jeu de mots de plus avec des titres.
"C'est Gwen qui m'a fait découvrir Astro Boy. Ça a donné ma première chanson manga. Après tout, c'est une sorte de Bob Morane des années 90. [...] 'La route orange' est le titre de l'une des aventures d'Astro Boy. [...] J'ai eu beaucoup de plaisir à l'écrire, mais en fait, pour être sincère, je ne lis pas beaucoup de mangas." 
Nicolas Sirchis in Kissing my songs, Agnès Michaux, Flammarion, 2011

Astro Boy d'Osamu Tezuka a en fait été publié de 1952 à 1968 avec des reprises épisodiques jusqu'au début des années 80. De plus, il n'est nullement question de route orange dans les aventures du petit robot. Kimagure Orange Road est un autre manga, écrit et dessiné par Izumi Matsumoto dans les années 80.

   
"Quel autre personnage de BD vous inspire ?
...Mais moi j'ai jamais été super BD hein ! [...] Bob Morane j'ai dû lire ça pendant... Une dizaine de Bob Morane quand j'étais petit j'arrêtais pas, et puis quand j'ai... on a commencé à écrire L'Aventurier, j'ai été piocher dans ma bibliothèque, et j'ai vu ça, et j'ai vu tous les titres j'ai dit putain ça peut faire une bonne chanson ça..."

Nicolas Sirchis interviewé par Witold Langlois, RTS, 2018

Stratégie ? Mythomanie ? Alzheimer ? Nous voyons parfaitement dans cet extrait tout le crédit que Nicolas porte au neuvième art. Quoi qu'il en soit, une BD sur Indochine était sortie quelques années avant cette divagation de Nicolas, n'ayant malheureusement pas d'autre intérêt que la variété des dessins puisqu'elle reprend la version officielle de l'histoire du groupe.

Indochine : la BD, Gaet's et Sébastien Bataille, Fetjaine, 2012
 
Alors que Nicolas assumait sans peine la bande dessinée au début des années 80, et que les deux premiers albums d'Indochine exposent cette influence au grand jour, l'intellectuel qu'il veut être aujourd'hui ne souhaite plus y être associé, préférant certainement les vrais livres, sans images, que l'on serait censé lire en tant qu'adulte.  
"J'avais la mélodie de la chanson et j'ai eu l'idée de faire un zapping des titres des bouquins, L'Ombre Jaune, La Vallée Infernale, etc. Après, il y a eu des malentendus, on a dit qu'Indochine était un groupe qui s'inspirait de la bande dessinée, alors qu'il s'agissait bien des romans." 
Nicolas Sirchis, hors-série Rolling Stone, juin 2010

Comment ne pas éclater de rire ? Nicolas n'a pris que les titres, mais attention c'étaient de vrais livres ! Ce qui est bien dommage, puisque le descriptif de l'album sur Indochine Records le contredit :


Le rapport qu'entretient Nicolas avec la littérature, plus le fait qu'il se comporte systématiquement en publicitaire de lui-même, est très révélateur de sa propension à réécrire l'histoire. Certainement influencé au départ par une certaine espièglerie et une culture alternative, Nicolas semble avoir été au fil du temps plus attiré par une attitude cultureuse qui correspondait mieux à sa personnalité. Ne se sentant plus d'équerre avec ses thèmes de l'époque, Nicolas a fini par enrober ses anciens textes et thèmes d'un parfum de culture légitime, bien plus en adéquation avec l'image d'intellectuel qu'il souhaite donner, quand il n'invoque pas un second degré dont il est pourtant incapable. Les références BD parsèment pourtant tous les livres officiels et interviews des années 80.

Mais il n'y a aucune honte - bien au contraire ! - à avoir été influencé par l'univers très riche de la bande dessinée, et à avoir voulu jouer avec un univers asiatique en toc que les banlieusards connaissent bien. Stéphane lui, ne cessa jamais d'évoquer des auteurs comme Frank Margerin, Jano ou Philippe Vuillemin. Il est d'ailleurs compositeur en 1996 de la musique du documentaire La bande dessinée a 100 ans de Diane Perelsztejn. 


Pour en revenir au nom, notre théorie bullshit à nous c'est qu'ils auraient vu le mot "Indochine" sur la devanture d'un restaurant de la banlieue parisienne ou du 13e arrondissement.
"On était dans tout ce phénomène de héros ridicules du cinéma hollywoodien, comme Rocky, comme machin... Le seul truc qui avait un peu d'humour, c'était L'Aventurier de l'Arche Perdue (sic). C'était un peu... Moi ce que, c'était ça, c'était la vallée infernale, égaré dans la vallée infernale le héros s'appelle Bob Morane... C'était vraiment quelque chose de totalement second degré."

Nicolas Sirchis, Un flirt sans fin, 2006.

"Oli, il faut faire attention à tout ce que l'on dit avec Nicola ?
- Oui. Il a pas beaucoup de second degré."
Interview sur MFM, 2014

"Les aventuriers de l'arche perdue" de Steven Spielberg (1981)
Oui, je l'ai vu. C'est un peu pour ça que j'ai fait "L'Aventurier"... J'adore Harrison Ford, dans le film il s'en sort toujours de justesse... Il y a une scène que j'aime bien, lorsque un immense Arabe fait virevolter son sabre pour l'impressionner : Indiana Jones prend son flingue et boum ! C'est très drôle."

Nicolas Sirchis, les toiles de Nicola d'Indochine, 1991


Le plus ironique c'est que la négation du rôle de la bande dessinée chez Indochine au nom d'une certaine posture lettrée, est justement la négation de son lien historique le plus solide avec une culture alternative. Sans refaire l'histoire de la contre-culture, il y a toujours eu des échanges entre phylactères, contestations, marges et musiques électriques, depuis les Underground Comix jusqu'à Métal Hurlant en passant par le magazine new-yorkais Punk qui offrit son nom au mouvement.
"Comme la pochette était faite par Marion, dans une option bande dessinée, il y a eu une sorte de malentendu autour d'Indochine. On nous a qualifié de 'groupe de rock BD'. À l'époque il y avait Métal Hurlant qui marchait bien, avec toute une nouvelle scène de dessinateurs effectivement branchés rock, mais on n'avait pas vraiment de lien avec eux. Comme je l'ai souvent expliqué, c'était plutôt du second degré par rapport au mythe du héros invincible." 
Nicolas Sirchis in Indochine, le livre, Jean-Eric Perrin, 2011

Une relecture bien peu audible lorsqu'on connaît la redondance du thème de l'héroïsme chez Nicolas. Rembobinons une dernière fois :
"Les sons exotiques peuvent s'intégrer au rock. À l'Olympia, on accentuera plus sur le côté aventure, nous sommes une réaction contre les groupes politiques, ce qu'on veut c'est privilégier à nouveau le mythe du héros ; la BD, les voyages nous intéressent. Si l'album L'Aventurier était assez BD, le prochain sera plutôt cinéma, ambiance Pépé le Moko, un peu. Il y a des textes sur le désert, des climats différents à chaque chanson."

Nicolas Sirchis, "Fièvre Jaune", Best, 1983

Les cartoons d'Olivier Gérard pour le programme du Dancetaria Tour et du Paradize Tour étaient encore témoins des influences alternatives d'Indochine qui paraissent bien loin aujourd'hui.






 

Stéphane lisant un roman de Bob Morane.

Bonus : la possible véritable histoire du rapport de Nicolas à la littérature a été racontée dans Fréquenstar le 13 juin 1992:
"[...] et puis il y a les inspirations littéraires. On sent que t'as été fouiller, Conrad, Salinger.
Bah j'ai pas été fouiller, en fait, c'est venu comme ça. Mais en fait, je crois qu'on s'est... le problème... 
T'étais littéraire avant ou pas ?
On était toujours en... Je sais pas si on s'est cultivé. Moi j'adorais les bouquins. C'est vrai que euh... à partir de 15 ans, bon, on avait chacun le bouquin de Breton dans sa poche. C'était cette mode là. C'est-à-dire qu'on faisait partie de cette adolescence qui aimait Rimbaud, Breton, Mallarmé, les surréalistes, etc. Donc j'ai commencé à lire ça. Et à partir... à 20 ans j'ai décroché pendant 5 ans quoi. J'étais plus dans la musique, dans la photo, dans les trucs. Mais... et puis c'est revenu après. C'est revenu très vite parce qu'il y a une réflexion de la femme avec qui j'étais pendant 7 ans. Je lui disais "j'arrive pas à lire". Elle me dit "Il n'y a que les fous qui arrivent pas à se concentrer pour lire". Alors ça m'a fait peur et depuis je lis sans arrêt. (rire) Peur d'être fou."


En 2010 pour Dernières Nouvelles d'Alsace :

"Je suis pas un grand... quelqu'un qui lit vachement. J'essaye au moins de... pallier à toutes les années d'absence littéraire. Au moins de lire des pages tous les jours.

[...]

J'ai très peu lu."

3 commentaires:

  1. Dans un récent itw, Nicola nous gratifie d'un magnifique :"j’avais choisi Indochine en référence au roman L’amant de Marguerite Duras, dans les coulisses du Rose Bonbon, à Paris".
    https://www.moustique.be/a-la-une/2021/10/01/indochine-notre-parcours-respectueux-et-respectable-211773

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  2. Hello, pour compléter sur Indochine et la bande dessinée : il y a également eu une adaptation en deux pages de Leïla (chanson du premier album) par Patrice Narès dans le hors-série d'été de Métal Hurlant (n°88bis, spécial Amours D'été) en juin 1983. Narès était dans la lignée de Chaland que vous évoquez plus haut en légèrement plus comique. Il a surtout œuvré pour la publicité. Je n'ai pas ce numéro sous le coude sinon je vous l'aurais scanné, si ma mémoire est bonne le texte de la chanson était repris (et illustré) à l'identique.

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  3. Pour compléter, ce qui est marrant avec la pochette (très réussie !) de Marion Bataille, c'est que les vignettes utilisées ne sont certainement pas issues des bandes dessinées adaptées de Bob Morane (initiées par Gérald Forton et surtout popularisées par William Vance) mais ressemblent davantage à Alex Raymond, le créateur de Flash Gordon - je suis d'ailleurs presque sûr que c'est lui qu'on voit en gros plan, modifié pour sembler brun. La France redécouvrait alors Gordon et quelques autres grâce aux efforts salutaires de l'éditeur Futuropolis mené par Étienne Robial et Florence Cestac au sein de la collection Copyright. Alex Raymond qui était une des références de Chaland, qui l'a parodié das son premier livre Captivant (avec son compère Cornillon). Chaland qui dans son usage des clichés coloniaux montrait une ironie mordante qui en dépit de son attachement manifeste à cette époque portait une critique impitoyable d'un point de vue idéologique. Comme vous le rappelez c'est lui et quelques autres (pas toujours aussi subtils) qui sont à l'origine du regain d'intérêt pour cette période, et Sirkis se montre assez ingrat en refusant d'admettre qu'il leur a emboîté le pas. Mais la parodie n'a qu'un temps, et Chaland s'en affranchira rapidement en faisant Freddy Lombard. En ce qui concerne l'Asie, la référence évidente vient de Taxi Girl et de l'album Seppuku à mon sens, maître-étalon d'Indochine première mouture... Ce que n'admettra jamais Sirkis évidemment, tant sa rancune paraît inextinguible (et paradoxale, car c'est lui qui les a pillé !). Dominik est plus élégant et reconnaîtra plus tard cette influence par sa très bonne reprise des Armées de la Nuit. Le parallèle avec Chaland reste pertinent, puisque les textes de Darc marquaient une distance et une profondeur que n'atteindra jamais Sirkis pour se focaliser sur l'aspect carte postale délavée, à l'image des nombreux suiveurs du jeune maître de la ligne claire qui ne conservèrent que ses thèmes et ses partis-pris esthétiques superficiellement assimilés. Anecdotique mais amusant : la rivière Manicouagan ne se situe nullement dans la jungle birmane mais au nord du Québec, et l'une de ses centrales hydroélectriques est le théâtre d'un roman d'Henri Vernes. Enfin, c'est particulièrement maladroit de substituer Indiana Jones aux références bd qui ont su inspirer L'Aventurier puisque le film lui-même est un hommage aux bandes dessinées, Tintin bien sûr que Spielberg ambitionnait déjà d'adapter et aussi (et surtout ?) les histoires de Picsou particulièrement épiques par son créateur, Carl Barks. Le jeune Sirkis cite volontiers le pilote de chasse Buck Danny, qui dans ses premiers albums se déroulant durant la guerre de Corée n'avait d'autres ennemis que ceux qu'il nommait fort délicatement faces de citron... Sans aucun second degré, comme Sirkis. Une fois n'est pas coutume, la référence me paraît adéquate !

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