Les livres sur Indochine

La sortie imminente du dernier livre officiel est l'occasion de revenir sur les précédents. Parce que les livres sont faits pour être lus, et que nous ne saurions donner plus d'importance à des photos qu'à un texte, nous vous proposons ici notre appréciation des nombreux livres sortis sur le sujet.

Liste non-exhaustive.

- LES OFFICIELS -

  • Indochine (Jean-Eric Perrin, 1986)

La base, ce qu'était vraiment Indochine dans la première moitié des années 80. Malheureusement difficile à trouver aujourd'hui, il était pourtant disponible à la vente sur le site jusqu'en 2001. Les quatre garçons s'y livrent sans filtre ni hiérarchie particulière, et lire Indochine à ce jour correspond souvent à lire le contraire de ce qu'avance Nicolas en 2021. Il y est notamment largement question de bande dessinée, de mode, d'évasion et d'exotisme. Marguerite Duras n'y est pas citée.

Passage choisi :

"Je n'ai jamais essayé d'analyser psychologiquement, à la lumière de mes connaissances dans ce domaine, le comportement hystérique de certains de nos fans, surtout pendant les concerts. C'est vrai que c'est un peu angoissant, ça me fait toujours peur, parce que ça touche au fanatisme, et ça c'est une idée dont j'ai toujours eu profondément horreur. Ça rejoint un plan politique, on peut faire passer n'importe quel message, si on le souhaite ! Heureusement, je sais que ce qu'on fait est sain. On a nos propres opinions, mais à la limite tout le monde s'en moque. Pour moi il n'y a plus rien à espérer de la jeunesse sur le plan politique, alors je trouve ça bien et normal qu'ils s'éclatent sur la musique comme moi j'ai pu le faire en militant, ou en faisant du ski."

Stéphane Sirchis in Indochine, Jean-Eric Perrin, Calmann-Lévy, 1986


  • Le Septennat (Marc Thirion, 1988)

Petite mise au point post-Indomania, avec une large place apportée aux interventions du groupe. Il y est question de technologie, de notoriété, de rock, d'influences et du Pérou. Passionnant, devenu malheureusement rare.

"Je ne croyais sincèrement pas que nous marcherions si fort avec un nom comme Indochine ! Je croyais que l'on resterait underground, même si ce n'était ni mon désir ni mon choix. Le côté BD a été décisif, la période voulait cela. On a perdu les branchés, ceux du début, qui, j'en suis sûr, écoutent encore nos disques en cachette... car ne n'est pas bien d'acheter Indochine maintenant ! On a gagné un large public qui nous respecte. Aujourd'hui, un iroquois n'impressionne plus vraiment, le mouvement punk a poussé la révolte trop loin, il s'est trop décentralisé, démocratisé et a fini, comme toujours, par ne plus rien vouloir dire. Ce sont les fameux phénomènes de mode qui enfantent et tuent à la fois."

Dominique Nicolas in Le Septennat, Marc Thirion, Carrère/Klan, 1988


  • Insolence Rock (Sébastien Michaud, 2004)

Réinitialisation du groupe et demande de reconsidération du dossier. Nous n'aurions en fait rien compris pendant plus de vingt ans, en réalité le groupe a toujours été rock, dark, et Paradize est un chef d’œuvre underground même si vous n'êtes pas d'accord. Les nombreuses références pointues d'oLi et Nicolas le prouvent, et si vous ne l'avez pas compris on ne peut plus rien pour vous... Fendard pour les mélomanes affûtés, malheureusement dangereux pour les autres vue la somme de réécritures et d'âneries directement dictées par Nicolas. L'auteur se montra d'ailleurs fidèle au credo underground de la décourageante maison d'édition Camion Blanc, et poursuivit par la suite des analyses d'apprenti sorcier sur Placebo, Nine Inch Nails et même Rozz Williams. Depuis, la mode a changé. Absurdement, Insolence Rock est un livre officiel, toujours mentionné sur le site.

"Après avoir enchaîné plus d'une cinquantaine de dates, Indochine clôture la dernière partie de son Dancetaria Tour à Namur, le 17 septembre. À nouveau inclus dans le catalogue d'une major, le groupe entend bien prouver à cette occasion que le succès n'est pas uniquement l'affaire de quelques tubes radio. Le public d'Indochine, c'est aussi, à peu d'exceptions près, celui de Marilyn Manson ou Placebo. Un rock à la fois excitant, couronné par la jeune génération, synonyme de tournées sold-out, mais banni des ondes d'NRJ, Skyrock ou Fun Radio..."

Sébastien Michaud


Voir : 1999 - Dancetaria, 2002 - Paradize, Placebo


  • Indochine, le livre (Jean-Eric Perrin, 2011)

Bilan post-Stade, rédigé par l'auteur du premier livre officiel, devenu depuis l'un des VRP de Nicolas. Ce dernier vérifie chaque mot du livre, y dicte son credo et refait à volonté l'histoire de ce qui est désormais perçu comme le plus grand groupe de rock français.

Nous ne comprenons toujours pas comment Jean-Eric Perrin, qui a pourtant été aux premières loges depuis les débuts d'Mk1, a pu permettre et mener à terme un tel travail hagiographique.


  • Les petites notes du Meteor Tour (Nicola Sirkis, 2010)

Journal de tournée tenu par le chanteur, avec des photos prises au téléphone et de petits commentaires. Un objet sympathique et original, apportant un peu de factualité et d'humanité (jusque dans les coquilles) à travers le quotidien d'une tournée pharaonique.

"J'ai interdit l'alcool sur la tournée. Ça fait un peu la gueule chez les techniciens, mais j'ai mes raisons et elles sont bonnes."

Nicolas Sirchis

  • Kissing my songs (Nicola Sirkis & Agnès Michaux, 2011)

Un entretien avec Agnès Michaux, et des explications sur les textes en 2011. Fraîches sur les textes récents (les Meteors), mais revues et alambiquées concernant les textes plus anciens. Quelques passages passeraient difficilement dans le monde post #metoo. Ce livre est une nouvelle fois l'occasion pour le chanteur de replacer quelques indications pour appréhender les albums correctement : la bande dessinée d'aventures, l'univers extrême-oriental et le refus de l'intellect passent largement à la trappe.

"Qui est Anne ? - Anne, c'est Anne Brontë. Je dois ça à Juliette Binoche. C'est elle qui m'avait conseillé de lire Agnes Grey et La Locataire de Wildfell Hall. Cette fille m'a touché et j'ai eu la sensation que je voyais ce qu'elle ressentait. Mais 'Anne et moi' c'est aussi Egon Schiele qui un jour, en peignant une toute jeune fille, s'est aperçu que son corps commençait à montrer les premiers signes de la puberté. Il en a parlé en utilisant l'expression 'manteau de nuit', comme si, dans cet indice, tout se refermait à jamais. Bouleversé d'assister à la disparition de l'innocence. Et moi j'imaginais cette petite fille dont le corps grandissait, se sexualisait..."

Nicolas Sirchis

Voir : Le dernier tabou

  • Indochine (Rafaëlle Dorangeon, 2021)

Voir : Indochine par Nicola Sirkis & Rafaëlle Hirsch-Doran, Un sixième livre officiel


- LES NON-OFFICIELS -


  • L'Aventure Indochine (Christian Englisch & Frédéric Thébaud, 2004)

Malgré une couverture indéfendable, le livre fut une agréable surprise et constitue le premier des must-read non officiels. Il est écrit par deux auteurs qui connaissent leur sujet et furent amenés à côtoyer le groupe pendant les années 90 - une période qui nous intéresse en priorité puisque la plus mal documentée et discutée de toutes. Les auteurs font preuve d'esprit critique, et cherchent à dégager la cohérence et la logique des faits qui constituent l'histoire d'Indochine, déjà très complexe en 2004.

Des erreurs et approximations sont restées au final cut, mais cela ne doit pas amener à une généralisation sur l'ensemble du bouquin. Premier livre non-officiel, il fut rejeté à sa sortie par les fans, et est depuis quasi-oublié, ce qui est bien dommage.

"(Nicolas) 'Entre le moment de cet accord et la livraison de l'album Wax, Lasseigne ne jurait plus que par G-Squad : c'est les meilleurs artistes français du monde, ils étaient là pour cinquante ans, total objectif sur G-Squad ! Et quand on leur demandait 'et nous, on fait quoi de notre album ?' ils nous envoyaient nous faire foutre !'

G-Squad n'a pourtant pas laissé un souvenir impérissable... C'est le moins qu'on puisse dire ! Qui se souvient encore aujourd'hui de ces garçons vendus par l'industrie du disque comme 'le' boys band français ? Personne sans doute, à l'exception de Nicola qui en a gardé une forte rancœur."

Christian Englisch & Frédéric Thébaud

 

  • Indochine de A à Z (Sébastien Bataille, 2004)

Un abécédaire intelligemment mené. Sébastien Bataille ne semble pas être sensible aux crédos dans la musique, et cherche à lire entre les lignes de l'histoire pour y apporter sa lecture avec raison et recul. Il apprécie Indochine, et se montre bienveillant tout en sachant souligner quelques incohérences et points sensibles de l'histoire. À posséder pour apprendre des choses sans tomber dans la bigoterie.

"H comme Héros : En 1983, Indochine déclare 'sur scène, on accentuera plus le côté aventure, nous sommes une réaction contre les groupes politiques, ce qu'on veut, c'est privilégier à nouveau le mythe du héros.'

Dans la première partie de l’œuvre d'Indochine (1982-1986), la présence rayonnante du héros est omniprésente dans les textes. Mais que ces personnages se nomment Bob Morane ou Monte Cristo, qu'ils soient des êtres venus d'ailleurs ou des lapones anonymes, on se doute bien qu'ils sont une projection de Nicola Sirkis lui-même et de son groupe.
"

Sébastien Bataille

 


  • Le roman-vrai d'Indochine (Jean-Claude Perrier, 2005)

Un grand must-read. Jean-Claude Perrier (aussi auteur de Cigare : le guide) écrit avec ses propres mots, à la lumière d'une amitié de plusieurs années avec Nicolas, et d'une clairvoyance certaine sur sa personnalité - jusque dans ses aspects les plus sombres - et l'évolution de ses projets. Rejeté à sa sortie par un nombre significatif de fans pour avoir osé apporter une critique concrète loin de tout catéchisme, ainsi que par Christophe Sirchis pour avoir relativisé l'indifférence de Nicolas quant à son jumeau, et peut-être aussi pour n'avoir pas su éviter une ou deux âneries (Oli et ses "boy" gainsbouriens), il reste un ouvrage très habile et indispensable pour comprendre Nicolas et Indochine.

"Les 'problèmes d'argent' dont parlent Nicolas se sont-ils réglés par un procès, comme avec pas mal de gens ? Quant à sa prétendue 'naïveté', tous les témoins de l'aventure Indochine, des débuts à aujourd'hui, que j'ai rencontrés, et quelles qu'aient été leur position et leur importance dans cette histoire, l'ont plutôt décrit comme quelqu'un de 'calculateur', voire 'manipulateur'. Et l'on en passe."

Jean-Claude Perrier


  • Indochine, l'ombre des mots (Thierry Desaules, 2008)

Un raté, officiellement non-officiel mais un peu officiel quand même.

"Comme je connaissais bien Nicolas Sirkis d’Indochine à l’époque, je lui ai proposé d’écrire une biographie avec une analyse des textes et tout s’est enchaîné."

"Ce livre hommage a donc la singularité d'être fait pour des fans par des fans..."

Thierry Desaules

Thierry Desaules a compris l'importance des citations d'époque, mais pas qu'il était malvenu de combler les zones d'ombre avec ses impressions. Nicolas aime quand d'autres expliquent son œuvre à sa place, cela permet d'injecter du contenu à ce qui n'en présente pas. Le livre est en deux parties : l'une reprend l'hagiographie de l'époque, l'autre prétend décrypter le contenu d'une sélection arbitraire de morceaux, mais se contente de fournir des paragraphes à la saveur wikipédienne sur les titres des chansons. De fait, le livre est blindé de hors-sujets. 

C'est à ce moment-là que nous avons compris que les livres même non-officiels étaient permis par Nicolas dès lors qu'ils n'intégraient aucune forme de critique, et aidaient à enrober les titres d'un parfum culturel en y injectant un contenu factice. L'auteur nous gratifia lui aussi par la suite d'autres bouquins consternants de vacuité sur Placebo et The Cure, avec leurs publics comme autant de cibles marketing.

Depuis, le rock n'est plus à la mode.

"Dunkerque voit le jour sous la forme d'un petit port de pêche à l'embouchure de la Colme au cours du VIIe siècle. Son développement autour de la chapelle Notre-Dame-des-Dunes construite par Saint Éloi lui donnera son nom, 'Dunkerque', qui signifie littéralement 'église des dunes' en flamand. Durant la guerre franco-hollandaise de 1672, la ville - très convoitée pour son ouverture imparable sur la mer du Nord - sera bombardée deux fois et subira un important blocus. Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, cette ville de résistance fut le théâtre d'une opération d'envergure nommée 'Opération Dynamo' qui consistait à évacuer près de 35000 soldats alliés vers le Royaume-Uni sous les tirs de l'armée allemande. Dunkerque sera la dernière ville libérée en mai 1945 ; elle est alors détruite à 85%."

Thierry Desaules

 
Extrait choisi d'un commentaire Amazon :

"Heureusement que ce bouquin n'entache pas la réputation du groupe il faudrait créer un label 'approuvé par le groupe'!!!"


Eh bien oui, il l'a été, contrairement au suivant :



  • Starmustang (Christophe Sirchis, 2009)

Malgré une crédibilité très abîmée par le comportement de son auteur sur la toile, Starmustang est à lire impérativement pour qui voudrait comprendre cette histoire sur le fond. 

Nous regrettons que beaucoup ne souhaitent pas lire Starmustang encore à ce jour. Certains ne veulent prendre le risque de casser la magie, quand d'autres légèrement plus réfléchis appellent au respect de la vie privée, que Christophe aurait bafouée, et qui ne devrait pas être connue du public. Pourtant, refuser catégoriquement de le lire implique :

  • De ne pas faire suffisamment confiance à son propre esprit critique, ce qui est bien dommage.
  • D'attester sans sourciller une préférence pour la légende et le fantasme à la factualité, et donc révéler une faillite intellectuelle regrettable.

L'occasion de rappeler que Nicolas n'a en effet pas porté plainte pour diffamation, mais pour divulgation de vie privée, avec à la clef de nombreux éléments modifiés ou retirés du livre. Comme souvent chez lui, un aveu accidentel (et pas des moindres). De notre point de vue, lorsqu'une entreprise de produits culturels atteint de tels niveaux d'influence sur les gens, alors ces derniers ont le droit de savoir ce qui se trame dans l'arrière-boutique : le travail de Christophe Sirchis est en ce sens remarquable et impeccablement mené. 

"Les musiques de Stéphane, celles qu'il voulait absolument voir exister sont restées là où il les avait laissées lors de sa dernière visite : le autres les avaient refusées ou dénaturées, volées aussi, selon lui.

Étais-je la dernière personne en qui il a eu confiance, au point de venir travailler avec moi l'album solo qui ne verra jamais le jour ?
"

Christophe Sirchis
  • Indochine : Pas de repos pour l'aventurier (Guillaume Barreau-Decherf, 2010)

Malgré quelques maladresses, nous avons ici le travail sérieux d'un auteur qui, en plus d'avoir le recul permis par son expérience de journaliste musical (dans un milieu éloigné d'Indochine), a procédé a une lecture rigoureuse et comparative de plusieurs bons livres sur le sujet. Le ton éclairé et critique, imperméable au bullshit, est à louer, en plus de sa volonté d'avoir plusieurs sons de cloche : Francis Zégut y est par exemple interviewé (juste avant sa scission définitive avec Nicolas), et on peut y lire des articles inhabituels, jamais cités par ailleurs, comme ceux de Libé ou Le Monde.

Guillaume Barreau-Decherf est assassiné au Bataclan le 13 novembre 2015.

"On ne peut s'empêcher de noter chez Nicolas cette tendance à se comparer aux groupes en forme du moment, comme il le fait depuis les débuts. Et on se dit qu'après 15 ans de carrière, il ne devrait pas avoir besoin de toujours chercher à se situer dans le paysage musical français."

Guillaume Barreau-Decherf

 

  • L'Aventure Indochine (Christian Eudeline, 2018)

Christian Eudeline est attaché à une certaine rationalité et à la précision des informations, chose qu'il estime (à raison) absente des interviews de Nicolas et des livres officiels. Si l'auteur ne s'éloigne pas suffisamment de l'hagiographie connue, il reste en revanche loin du point de vue "fan" et en ce sens le livre est en haut du panier. Malgré ses qualités, il est décevant au regard de ce que nous aurions pu en attendre.

L'auteur évite de saturer le livre de trop nombreuses citations, et reste accroché à sa plume avec un souci d'exactitude tout à fait honorable. Les détails sont nombreux, et participent à compléter certaines zones d'ombre. Mais les analyses sont trop souvent superficielles : Eudeline tombe lui aussi dans le piège tendu par Nicolas, et injecte de la signification là où il n'y en a pas, comme pour ré-intellectualiser des morceaux faits dans le refus de l'intellectualisation. Ce défaut dans la méthode mène à un certain nombre de passages dispensables et passablement verbeux. Comme dans une grande partie de l'art contemporain et d'autres croyances, il semble trop difficile d'écrire d'une œuvre qu'il s'agit d'une coquille vide dont le vrai contenu est à chercher du coté de l'image, du marketing, de la psychologie du public et plausiblement ici de Nicolas.

Mais à la lumière d'un entretien avec une fan (voir ci-dessous), Christian Eudeline sait parfaitement à quel point le sujet est complexe. Il faut avoir baigné dedans et avoir bossé au moins plusieurs années pour prétendre être complet sur le sujet, et l'auteur donne l'impression de ne pas avoir pris suffisamment de temps pour le traiter. D'où un sentiment d'inachevé - les origines de la création de ce blog.

"Se sentant légèrement à sec côté inspiration, Nicola innove en faisant appel à d'autres plumes pour écrire les chansons, et même s'il reste des musiques inédites de Stéphane, pas question de capitaliser dessus. Paradize doit être exceptionnel par ses propositions, pour célébrer le nouveau millénaire, mais aussi parce que le paradis dont il est question est bien le septième ciel, la petite mort, le climax, l'orgasme et donc la conclusion euphorique d'un périple entamé six ans plus tôt. C'est le premier disque d'Indochine à dépasser les soixante minutes, 72 minutes 25 secondes exactement, le premier disque à s'appuyer sur autant de collaborations externes, le premier disque à afficher une pochette aussi révoltante pour les bien-pensants (nous en faisons partie, ndlr), et le premier disque sans Stéphane."

Christian Eudeline

Voir : Entretien avec Christian Eudeline par Helena Mora.


  • Nico, vivre encore plus fort (Helena Mora, 2019)

Le contraire de Soleywhy. Un travail auto-édité par une croyante exaltée, qui a même donné lieu à un débat dans les commentaires d'Amazon. Certains y fustigent l'orthographe et l'expression déplorables et l'utilisation de photos piquées sur les réseaux sociaux, d'autres appellent à la liberté d'expression. "Passable" serait un euphémisme pour ce torchon, qui fait passer Insolence Rock pour de la Pléiade, et tous ceux qui aiment Indochine pour une secte de décérébrés, dont voici le fascicule d'information.

Au vu d'un comportement sur Internet impliquant malhonnêteté et mensonge, nous nous questionnons sur le professionnalisme de l'autrice, surtout au regard de cette écriture proche du racolage et de l'embrigadement, que nous ne pouvons évidemment pas imputer directement à Nicolas.

"On ne peut expliquer les différentes émotions que suscite ce groupe. Tous ont un rapport personnel au groupe, une histoire inscrite dans leur histoire à eux, parfois très intime. Ils se retrouvent dans les paroles chantées par Nicola, par ce qu'ils ont vécu (sic). Certains, des histoires semblables de l'harcèlement (sic), de l'homophonie (sic), du racisme, de la douleur physique, maladies lourdes dont ont supporte (sic) les traitements, les écouteurs sur les oreilles, au son de leur dernier album, ou de mal-être psychologique. Ils sont un baume, un levier pour leur vie. Ils sont à la fois porteur d'espoir et consolateurs. Ils en ont sauvé plus d'un sans le savoir. La voix douce du chanteur en a sauvé plus d'un aussi !"

Helena Mora

 

  • Moderato Cantabile (Catherine Claude, 2021)
Si vous êtes lecteur du blog, vous savez que la référence à Duras est une gigantesque farce. La quantité et la qualité des photographies ainsi que leur rareté nous mènent à soupçonner une proximité favorisée avec leurs ayant-droits, voire les personnes qui y apparaissent. Plausiblement un livre pas si non-officiel que ça, donc. Il est très difficilement crédible qu'un tel travail sorte sans aucune connivence avec Nicolas. Dès lors, oubliez la critique.

L'autrice serait la Catherine Claude qui travaillait pour Best dans les années 60, et nous nous demandons sincèrement ce qui peut motiver une personne de cet âge à réaliser et publier un tel travail, dont la rédaction romantique ressemble à celle d'une fan d'Indochine ordinaire et dévouée. Les acheteurs semblent d'ailleurs ravis de la qualité des photos dans ce beau livre, à offrir pour remplir une Kallax trop vide.
"Respect infini envers Nicola Sirkis. Pour l'homme, pour tout ce qu'il nous a donné et pour toutes les émotions qu'il nous fait partager."

Catherine Claude

  • Indochine en chansons (Thomas Chaline, 2021)

Insolence Rock bis repetita

Déjà responsable d'une biographie en 2018, l'auteur prétend ici "dévoiler les secrets de création d'Indochine", et "mieux cerner l'environnement culturel dans lequel Indochine a baigné". Possiblement, un camarade d'étude pour nous ? Malheureusement, voilà ce qui arrive lorsqu'on ne lit que les livres officiels. Malgré une volonté de regarder du côté des coulisses et d'apporter un regard plus factuel, Chaline boit les paroles d'un Nicolas seul, et les relaie sans se poser plus de questions pour étayer des propos d'une subjectivité embarrassante. De plus, il y est trop souvent question d'émotions supposées dans la tête du chanteur, sublimées et idéalisées, racontées à loisir.

Quant à la sélection de chansons, l'auteur entend apporter pour chacune une contextualisation qu'il conviendrait mieux d'appeler du remplissage : références, verbiage exalté, corrélations illusoires entre faits historiques marquants et pertinence de morceaux apparus en même temps. La liste sert de filigrane à une énième biographie aussi romancée dans la forme que tiédasse sur le fond. Cette dernière est centrée sur Nicolas, mâtinée d'informations erronées et/ou invérifiables, d'analyses d'homéopathe, et écrite avec une candeur de fan très pénible au regard de la promesse faite au lecteur.

"En cette période de deuil, Nicola passe du temps à Belle-Ile en Mer, en Bretagne. Face à l'océan Atlantique, il découvre le ciel de fin de journée qui porte des couleurs qu'il n'avait jamais vues ailleurs. Une évasion enrichissante. Puis, lors d'un séjour au Portugal en compagnie de Gwen, les paysages l'inspirent fortement une nouvelle fois. Lui qui n'était pas spécialement proche de la nature se trouve pour la première fois transporté.

'Atomic Sky' est chantée très régulièrement en concert. Du côté des fans, la chanson reste comme l'ultime composition de Stéphane. Ainsi, lorsque les premières notes retentissent, une ambiance de communion s'installe en hommage à son compositeur. L'exemple le plus fort ? Au Stade de France, en 2010, lorsque le public reprend en choeur le refrain, Nicola en est bouleversé. C'est pour lui une manière d'honorer son frère à jamais."

Thomas Chaline


  • Indochine, l'intégrale - l'histoire de tous leurs disques (Jean-Eric Perrin, 2021)

Un nouveau livre de Perrin, mais pas officiel. Doit-on y voir une confrontation avec le livre de Rafaëlle Hirsch-Doran ?

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Une fois pour toutes, si vous souhaitez écrire sur Indochine : développer sur le contenu des films ou livres dont Nicolas n'a pris que le titre ne sert à rien, si ce n'est augmenter artificiellement le nombre de pages. Posséder l'intégralité des kilos de livres sortis sur Indochine n'a pas d'autre finalité que de remplir une bibliothèque dédiée. La majorité est l’œuvre d'admirateurs de Nicolas, et sont destinés à la promotion de ce que les fans connaissent ou croient déjà. Mais la raison pour laquelle certains sont relayés par la communication d'Mk2 et pas d'autres, reste pour nous mystérieuse. Comme dit plus haut, il est vraiment difficile de croire que tous les non-officiels le sont vraiment.

Souvent absent des livres généralistes et hors-série sur la chanson ou le rock français, Nicolas semble avoir développé un réseau de promotion alternatif et durable, qui ne coûte pas cher et s'alimente tout seul : les livres de fans ont pour référence d'autres livres de fans. Ce fonctionnement autogéré est cependant bien précaire, puisqu'il tient sur le manque d'exigence caractéristique du fandom d'Mk2, et révèle son problème le plus ancré : il n'a pas d'autre référence que lui-même et donc aucun moyen - ni désir - de remise en perspective. Vous l'avez compris, ce constat est à l'origine de la création de ce blog qui apporte, espérons-le, un peu d'eau à ce vieux moulin.

"CE - C'est des détails, c'est des conneries, mais voilà moi j'aime bien faire ce genre de chose quoi : c'est à dire que, l'info elle est précise. C'est pas n'importe quoi. Alors quand les gens le lisent, je vais te prendre un exemple très précis, quand Jean-Eric Perrin il lit mon bouquin, au delà que c'est un copain et tout ça, il me dit 'putain j'ai appris plein de trucs'. Quand Jacky Jakubowicz le lit, il m'a dit 'putain mais je savais pas tout ça'... Les gens ne lisent pas réellement, si tu veux. Tu te rends compte que les gens ne lisent pas réellement les livres quoi. Voilà.
HM - Bah ouais... Mais je sais... Mais ça je m'en rends très très bien compte hein. Huhu.
"

Christian Eudeline interviewé par Helena Mora, 2019


Et nous partageons cette impression de livres jamais vraiment lus par leurs acheteurs. Nous avons aussi observé une grande méfiance des fans à l'égard des livres non-officiels. Cela nous questionne, et devrait questionner leurs lecteurs, sur la confiance qu'ils accordent à leur propre esprit critique, et sur une possible trop grande propension à tout gober de la part d'une autorité supérieure seule à parler. Pourtant les livres supervisés par Nicolas sont de loin les plus fantaisistes, alors cessons de croire que le label approuvé par le groupe est un argument.

Vu à la télé
ou Saveur de l'année n'en sont pas non plus.

Bonus :

- LES LIVRES JAMAIS SORTIS -

  • De Indochine à La Beauté de l'Idée (Dominique Nicolas, 2015)

L'histoire d'Indochine par Dominique, assisté du régulier Sébastien Bataille. Nous ne savons pas pourquoi il n'est jamais sorti, et vous pouvez imaginer notre regret.

Edit (octobre 2022) : Ah si en fait.

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  • Indochine par Gassian (2014)
Livre de photos de Claude Gassian édité par la Fnac et censé sortir en novembre 2014 accompagné d'un Birthday Album. Annulé sans plus d'explications.


Voir aussi sur le blog :

Révisionnisme et malentendus