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Étienne Daho

Une dissonance taboue semble exister entre deux éternels adolescents de la pop française, deux têtes d'affiche d'une hydre 'french pop' pourtant très racontée.

"C'est vraiment très spécial, définir ce que représente l'importance de vos dizaines et dizaines d'années maintenant, de chansons. Vous êtes l'incarnation en fait, de la pop française. Y'a eu la pop américaine, qui était vraiment le mainstream, la musique populaire.  Y'avait les chanteurs contestataires, les rockers, le rythm'n'blues, etc. Mais la pop américaine c'était vraiment du hit-parade. Puis y'a eu la pop britannique, qui a été extrêmement porteuse de nouvelles vagues musicales, qui vous ont énormément enthousiasmé lorsque vous étiez enfant [Daho - bien sûr.], adolescent, qui ont toujours ajouté dans leurs paroles quels que soient les rythmes de danse, quelque chose de social, quelque chose de poétique, quelque chose de révolté, espace de liberté. Et y'avait peu de traductions en France. Même si on avait des chanteurs extraordinaires dans nos années d'adolescence, y compris dans les vôtres. Et puis, y'a eu cette french touch de la pop, avant la french touch techno, qui a été inventée par Étienne Daho, et dont il maintient la cuisson à bonne température, depuis 40 ans."

Pierre Lescure face à Étienne Daho ("L'empereur de la french pop"),
C à Vous, décembre 2017


"Nicolas, on a rappelé ces chiffres dingues, les prochains concerts que vous avez annoncés pour Lille, le premier, les 28000 places se sont arrachées je crois en 5h30, fallait vraiment être le plus rapide sur la balle, euh... Depuis le départ de votre histoire, et de l'histoire d'Indochine, elle est belle, elle peut être quelquefois grave, mais elle est belle et romanesque. Y'a comme les trois mousquetaires, y'a un '20 ans après', y'aura même maintenant deux fois 20 ans puisqu'on approche des 40 ans... Indochine, dont personne ne voulait tout à fait être convaincu du nom, en 82. [...] N'empêche que dès 82, un an après la formation d'Indochine, la France entière chante et danse sur ce morceau ! ["L'Aventurier" ♫]
Et Nicolas, tout à l'heure vous avez évoqué effectivement cet effort de créativité, de production, que vous voulez imprimer à chacun des concerts, à chacune des nouvelles tournées ou presque, parce que vous voulez qu'à chaque fois, y'ait du spectacle, que les fans qui viennent, quelle que soit leur ancienneté, aient quelque chose de nouveau.
Nicolas - Bah, c'est à dire que vu la longueur de la carrière il vaut mieux proposer... (rires)"

Pierre Lescure face à Nicolas Sirchis ("Indochine, l'événement !"),
C à Vous, janvier 2019


Les deux C à Vous et les éditos respectifs de Pierre Lescure face à Étienne Daho puis face à Nicolas Sirchis exposent cette dissonance. Un vocabulaire extrêmement mélioratif et un champ lexical de la qualité et de l'influence pour l'un, celui de la quantité et des dimensions pour l'autre. Même le ton de la voix de Lescure est différent.

Nous pouvons aussi rapprocher les deux chanteurs pour s'être farci une image de chanteurs dits à minettes ou à posters dans les années 80 ainsi que des critiques sur leurs voix, comme Jean-Jacques Goldman. Une génération précédente plus ancrée dans un certain rockisme, plus masculine aussi, semblait voir cette nouvelle vague d'un très mauvais œil et la considérer comme une régression musicale ciblant leurs petites sœurs. Ce point de vue rencontre aujourd'hui encore un certain succès.

D'un côté, l'Indomania, de l'autre la Dahomania, entre rock et variété, qui couvraient encore à cette époque un public commun d'indolescents et de daholescents.
Les deux chanteurs étaient souvent questionnés sur des sujets analogues.

Bus d'Acier pour Indochine en 1983

Bus d'Acier pour Étienne Daho en 1985

Mais Étienne se fout d'être rock : il est, et ne cherche jamais à paraître. Il n'a pas non plus besoin d'appuyer sur sa "sincérité", il est sincère et ça suffit. Nicolas lui, passe son temps à se justifier de situations et malentendus jamais vraiment réglés, et modifie ses analyses selon le besoin du moment. Il veut absolument être rock, affiliable à des groupes anglais, et le martèle depuis au moins vingt-cinq ans. Si vous êtes lecteur du blog, vous savez que nous appuyons beaucoup sur le fait qu'il n'existe pas de lien strict entre une attitude rock et la sincérité.

Voir : le reste du blog

"J'avais envie de trouver mes racines françaises et d'essayer d'inventer quelque chose. Et comme on me disait 'mais qu'est-ce que tu fais, du rock, de la variété', les gens essayaient de me définir, de me mettre dans une petite case, à l'époque la notion de 'pop' existait... [M. Achour : En Angleterre.] Oui voilà, le côté anglo-saxon, la pop anglo-saxonne, pas trop en France. C'était un concept un peu... donc je me suis dit voilà je fais de la pop. Et je me suis auto-défini, bêtement, comme chanteur pop, je savais même pas ce que ça voulait dire. Mais c'était un peu prétentieux de ma part, j'avais envie de me mettre un peu dans une zone où je suis tout seul, voilà."

Étienne Daho, Clique, février 2018

Les émissions Clique avec les deux chanteurs sont également intéressantes à visionner, on voit à quel point l'inspiration est différente chez un Mouloud Achour fasciné par Daho, alors qu'il bute sur un Nicolas creux
qui s'engouffre dans des tunnels de plusieurs minutes. Étienne parle peu, très calmement et très bien, Nicolas beaucoup, très fort et très mal.
"Les médias en ont eu ras-le-bol de nous. Les radios et les télés qui nous avaient soutenus au début ont dû être saturées et se sont dit 'c'est un groupe qui ne marche plus !' Mais le renouveau pop va peut-être renverser la vapeur ! Car la pop en France, c'est tout de même venu avec Indochine."

Nicolas Sirchis, Platine, 1996

 
Stop.

Chacun sait que si Indochine a effectivement fait partie de cette mouvance de groupes à l'anglaise au début des années 80, avec un public en commun avec Daho, cette hybridation entre rock et variété existait déjà depuis longtemps et la pop n'est pas venue avec Indochine que ce soit dans la sémantique ou le contenu musical strict. L'hagiographie nicolienne qui explique qu'Indochine serait venu mettre un coup de pied dans la fourmilière entre la variété et un rock trop sérieux ne tient pas. C'est une réécriture à la première personne uniquement destinée à un public jeune et/ou qui ne s'intéresse pas à la musique de cette époque et à son effervescence de nouveaux groupes et chanteurs. Il suffit de lire par exemple le livre officiel de 1988, Le Septennat, pour avoir un portrait un peu plus adéquat de cette époque :
"Les nombreux groupes qui ont éclaté ces dernières années n'en sont alors qu'à leurs premiers pas : Fred, des Rita Mitsouko, a joué dans un groupe avec Dominik. Tokow Boys (Luna Parker) ainsi que les Avions sortent leur premier album (eh oui, déjà !). Plus marginal et hermétique est le groupe rennais Marquis de Sade, de Philippe Pascal (Octobre puis Marc Seberg). Les Civils créent le tube surprise avec 'La Crise'. Bijou et Starshooter ('Betsy Party') éclatent mais c'est surtout la vague Taxi Girl (sorti de la période précédente du Rose) qui continue à déferler à la suite de 'Cherchez le garçon'. Tous ces groupes choisissent le plus souvent d'évoluer en marge des grands médias, comptant avant tout sur un noyau d'inconditionnels acquis à leur cause. La culture rock n'a pas encore pénétré dans les chaumières mais cela ne devrait plus tarder. Quelques groupes commencent d'ailleurs à s'infiltrer dans les hit-parades des stations dites périphériques : Bandoléro et son 'Paris Latino' ou Regrets avec Agathe qui ne veut pas rentrer chez elle seule le soir. [...] Avec Daniel Balavoine, Jean-Jacques Goldman et, plus tard, Jeanne Mas, Lio, Daho, le fossé entre variétés et rock s'amenuise."

Marc Thirion, Le Septennat, 1988, Carrère/Kian
Écouter : Pop Française (playlist Youtube)


Jérôme Soligny, musicien et critique très connu et influent, signe en 1986 le tube "Duel au soleil" et d'autres chansons pour Daho. Il compose "Like a monster" pour Indochine Mk2 en 2002.
"On se croisait chez Daho depuis quinze ans et je savais qu'on avait des goûts en commun. Il nous a vus au Zénith durant la tournée 'Dancetaria' et a encensé le concert à une époque où dire du bien de nous était plutôt malvenu. Il a proposé ce titre très glam qu'on a un peu métamorphosé en Nine Inch Nails. 'Like A Monster' est en français mais on a conservé son titre qui colle vraiment bien à la chanson."

Nicolas Sirchis, Rock & Folk, 2002


Non, Soligny a chroniqué le concert du Havre, dont il est originaire, en 2000. 


Nicolas, avec Étienne Daho et Françoise Hardy, Victoires de la musique 1986

Étienne Daho n'a pas voulu travailler avec Serge Gainsbourg mais a été ami avec lui, soit l'exact contraire de Nicolas qui n'a eu qu'une relation professionnelle, au moment du clip de "Tes Yeux Noirs".
"Quelques jours plus tard, [Gainsbourg] se rend à Val d'Isère pour le Valrock, un festival de films rock parrainé par Philippe Manoeuvre de Rock&Folk. Serge y croise Nicolas Sirkis, du groupe Indochine, qui tente en vain de le faire sortir un petit peu : après l'avoir obligé à s'acheter des Moon Boots et une doudoune, il essuie un refus quand il lui conseille de faire de la luge... Lors de la soirée de clôture animée par les anciens du groupe Bijou, Serge monte sur scène ivre mort alors que Sirkis et la comédienne Charlotte Valandrey se lancent dans une version improvisée de 'Harley Davidson'..."

"Gainsbourg", Gilles Verlant, Albin Michel, 2000

Serge Gainsbourg et Étienne Daho, 1987


Daho chante d'ailleurs "Comme un boomerang" avec Dani en 2004, et avec Charlotte Gainsbourg sur "If" en 2003. En 2020, il réalise l'album Oh, pardon tu dormais... de Jane Birkin, et chante sur le titre éponyme.
 
En 1988, Sébastien Chantrel réalise "Des heures hindoues" pour Daho, et "La Chevauchée des Champs de Blé" pour Indochine.

 
En 1992, Nicolas Sirchis choisit de travailler avec les Valentins, après la collaboration réussie d’Édith Fambuena avec Étienne Daho en 1990.
"Ta partenaire dans cette aventure est Édith Fambuena. En faisant équipe avec elle, tu n'as pas eu peur d'arriver avec un album trop clairement inscrit dans la lignée Daho?
- Bien sûr, j'y ai pensé. J'adore travailler avec des filles. J'ai toujours aimé les filles avec une dégaine rock'n'roll, la guitare, la mèche de cheveux qui tombe... Bon, Edith, elle a sa tête, sa façon de jouer, ses tics, ses manies... sa personnalité, quoi. Et ça, je ne pouvais pas le changer. On a coproduit l'album ensemble et le résultat est en accord complet avec ce que j'avais dans la tête. Finalement, on est assez loin de l'univers de Daho. Et puis, elle sort un nouvel album des Valentins en janvier qui sera encore différent de tout ça.

Si tu avais enregistré un single solo avec une reprise, laquelle aurais-tu gardé en priorité?
- Sans aucun doute Brand new life de Young Marble Giants. C'est une reprise que j'avais envie de faire depuis longtemps. Avec Édith, on avait commencé à y travailler il y a trois ans. Et puis, on avait un peu laisser tomber l'idée.
Pendant l'enregistrement de 'Paris Ailleurs', elle était à New York avec Daho et elle me téléphonait tout le temps... 'Alors on le fait cet album de reprises ?' Pour finir, c'est elle qui m'a un peu poussé à le concrétiser.
"

Nicolas Sirchis, Télémoustique, 1992

En 1991, Édith Fambuena apparaît dans le clip de "Des attractions désastre" (avec une Mustang rouge !) alors que Nicolas se montre seul dans celui de "Alice dans la lune", en faisant semblant de jouer de sa nouvelle guitare.

Voir : 1992 - Dans la luneNicolas et la guitare



En 1992, Daho est à l'origine une compilation pour la recherche contre le SIDA. Indochine est dessus, avec une version acoustique de "Tes Yeux Noirs". 
 
En 1995, Étienne chante "Tous les goûts sont dans ma nature" en duo avec Jacques Dutronc. Nous connaissons le goût de Nicolas pour les morceaux "Et moi et moi et moi" et bien sûr "L'Opportuniste".


En 1996, l'immense Eden lorgnait brillamment du côté du trip-hop, de la jungle et de la french touch naissante, notamment à travers le sampling. Deux semaines plus tôt, Indochine sortait le foutraque Wax, sorte de démonstration d'incompréhension de la musique britannique de cette époque. Alexandre Azaria, qui co-réalise l'album, avait pourtant essayé de proposer quelque chose qui pouvait s'apparenter aux paysages d'Eden, avec des titres comme "L'Amoureuse" où Nicolas essayait sans grand succès de se montrer sensuel. Un domaine dans lequel Daho fait plus qu'exceller.
"On est clairement plus proche de l'Iggy Pop de American Caesar que d’Étienne Daho !
Très très loin d’Étienne Daho, ça c'est sûr ! On se sent plus proche de groupes anglo-saxons comme Placebo. Beaucoup de nos fans sont d'ailleurs aussi des fans de Placebo. On est musicalement un peu isolés dans le paysage francophone."

Nicolas Sirchis à propos de Wax, Tribu Move n°7, avril 1999

Comme nous l'avons développé dans l'article sur cette époque, Nicolas était en plein matraquage pour se faire affilier à des groupes anglais plus hype et s'éloigner d'une certaine variété française. Mais le chanteur semblait avoir un problème avec Étienne Daho, et le considérer avec une dose généreuse de mépris comme un représentant de cette variété.

"Vous avez présenté Blitz comme le troisième volet d’une trilogie dont les deux premiers seraient Pop Satori et Eden
On y trouve la même liberté, la même envie de faire une expérience. Le même coup de foudre pour un disque aussi : Pop Satori c’était le groupe de William Orbit, Torch Song, et Eden, l’installation d’une certaine forme de musique électronique - la drum’n’bass, la musique la plus 'sex' depuis le punk ! - mêlée au retour de Burt Bacharach. Le lien, c’est que ce sont des disques qui sont obsédés par leur objet. Ce sont des disques qui provoquent un rejet souvent à la première écoute aussi."

Étienne Daho à propos de Pop Satori, Eden et Blitz, Libération, novembre 2017

Parce que oui, Étienne Daho a aussi sa trilogie !

Voir : 1996 - Wax, 1999 - Dancetaria, 2002 - Paradize


"Nos fans aiment autant les Smashing Pumpkins que Björk."

Nicolas Sirchis, Platine n°34, octobre 1996

 
Quelques uns, c'est possible. Mais Eden montre des points communs musicaux avec le phénoménal Post (1995) de la chanteuse islandaise. Wax, non.

Soulignons-le : Eden et Wax sont tous deux sortis en novembre 1996.



En 2000, Corps et Armes est de nouveau produit par Les Valentins, avec Édith Fambuena à la guitare.



Comateens, un groupe dont les fans d'Indochine connaissent l'existence - à défaut de la musique - et avec qui Étienne est ami depuis très longtemps.
"J'avais adoré leur premier album. (1980, ndlr) 'Le Grand Sommeil' était sorti sur une compile aux États-Unis et je devais faire un showcase à la Danceteria à New York. Nous sommes devenus amis très vite. Une évidence."

Étienne Daho à propos de Comateens, Slate, 2019
 
"Très pudiquement, Etienne évoque la dernière chanson d'Oliver Dumbling : "elle est écrite par Oliver, le frère de Nicholas Dembling des Comateens. Son décès a été traumatisant pour nous tous. Nicholas et Lyn m'ont offert cette chanson sublime et chantent les choeurs avec moi. Cette chanson a une grande signification pour nous trois". Sortie en single uniquement pour le marché anglais, la chanson ne bénéficiera pas d'une version longue mais d'un clip (tourné juste après son concert Bruxellois), à la différence du troisième extrait de l'album en France "Caribbean Sea".

à propos de "Stay with me" in Dahodisco, Benoît Cachin, Gründ, 2013

On voit d'ailleurs Xavier "Tox" Géronimi dans le clip de la chanson en question :


Les Comateens jouent en première partie du Tour Martien en 1989, à la demande de Daho. Mais l'influence du groupe s'exerce différemment sur Nicolas :
"C'est eux, en fait qui nous ont donné envie de nous maquiller. A cette époque, ils étaient déjà super maquillés et habillés ultra new wave. Nous, à côté, on faisait vraiment pauvres mecs de banlieue. Je me souviens qu'on les a vu passer dans les coulisses et on s'est dit 'Putain, ils sont maquillés, c'est classe !' Et on s'y est mis aussi !"

Nicolas Sirchis in Kissing my songs, Agnès Michaux, Flammarion, 2011

En 2007, L'invitation propose des compositions de Xavier "Tox" Géronimi, Édith Fambuena et Jérôme Soligny. Malheureusement, notre radar n'a repéré aucun intérêt de la part de quiconque parmi les fans d'Indochine.

  
Vous connaissez sûrement l'interview croisée en 1999 de Nicolas Sirchis et Brian Molko, le très courtisé chanteur de Placebo. Mais connaissiez-vous celle de Brian Molko et Étienne Daho en 2003 dans Rolling Stone ? Lire les deux interviews l'une après l'autre est très éloquent : Daho et Molko semblent avoir énormément à échanger... Ce qui est moins évident de l'autre côté.

Brian Molko et Étienne Daho, 2003
Voir : Placebo


En 2007, Nicolas précisait son point de vue sur le chanteur rennais :
"Je déteste les égocentriques. Étienne Daho ne parle que de lui, il est devenu inintéressant."

Nicolas Sirchis, Phosphore, 2007

Est-ce l'hôpital qui se fout de la charité, ou avez-vous une meilleure expression pour désigner cette sortie de notre héros ?

En 2013, Daho chante sur l'époustouflant "Mortelle" de Rone (2013). La même année, Nicolas essaye le logiciel Ableton sur un remix personnel de "Belfast" qu'il crut intelligent d'appeler "The Berlin Mix" et même de sortir.


Une vingtaine d'années après les tentatives de Wax et Dancetaria, Nicolas se mit avec 13 à parler plus ouvertement d'electro (souvent à travers l'évocation de l'achat de certaines machines). Mais la même année qu'Eden, Étienne Daho avait aussi enregistré un EP avec Comateens.
Les auditeurs avertis de musiques électroniques se retrouveront davantage dans cette collaboration qu'en écoutant 13.


Comateens sur Instagram : "we are so proud of this record... love to all"


Les liens de Nicolas avec des artistes électroniques ? Des chœurs chez les consternants Dead Sexy Inc., une amitié avec le très visuel Sindrome, la reprise de Troisième Sexe par Miss Kittin ou des remix, parfois prestigieux (Curve, Tricky).

Étienne Daho est à ce jour considéré et respecté par une grande partie des auditeurs francophones comme le parrain de la french pop. Il organise d'ailleurs fin 2017 une exposition de photographies, "Daho l'aime pop !", et immortalise entre de nombreux autres jeunes gens modernes Requin Chagrin, signé sur... KMS Records, le label de Nicolas.

Mais Indochine en est très ouvertement absent.

"De toute façon on a toujours été un petit peu à part, parmi... Même toute cette vague là, on reparle de la vague néo-pop, les parrains de la pop française, pff... C'est comme si on n'existait pas. Et en fait on est encore plus présent que... C'est assez, assez marrant ce côté euh... élitiste français, mais euh... Effectivement au stade où on en est c'est pas très important..."

Nicolas Sirchis, France Bleu, septembre 2017

Nicolas est dans le vrai.

Indochine continue à ce jour d'occuper un créneau bien à lui, c'est en partie ce qui le rend si singulier et fascinant. La dénonciation par Nicolas d'un "élitisme français" est audible, lui qui a souvent pointé un certain public non-français qui aurait su récompenser le succès plutôt que le punir, et c'est une de ses formules les plus connues :
"En France on ne pardonne pas l'insuccès mais on pardonne encore moins le succès."

Nicolas Sirchis, Un flirt sans fin, 2006

Nicolas évoque ici un mécanisme de distinction bourgeois et centre-parisien, milieu social dont il n'est issu qu'en partie et qu'il semble envier. C'est pourtant ce même logiciel snob qui le mène par exemple à rejeter la bande dessinée au profit d'une attitude de littéraire, plus proche de son groupe social de référence.

Voir : Marguerite Duras et la bande dessinée


Mais en tant qu'artiste c'est différent : les mondanités ne pouvant pas suffire, Nicolas a rarement su aller plus loin que la collection de citations, pensée comme un contenu suffisant. C'est bien le problème avec ce public plus chic dont il calque les habitudes culturelles, mais dont il pourfend le refus de reconnaître Indochine : Nicolas se situe totalement dans cet élitisme français pourtant dénoncé. Citerait-il Indochine, s'il n'en faisait pas partie ? La question lui fut posée en 2007, et la réponse est éloquente :
Si tu étais ado en 2007 serais-tu fan d’Indochine ?
Aucune idée en tout cas les références de ce groupe me plairaient beaucoup.

Nicolas Sirchis, interview pour indo-paradize, 2007

Comme si des références bien placées devaient former le gros du contenu et se suffire à elles-mêmes. C'est justement un piège dans lequel n'est pas tombé Étienne Daho, qui a toujours su proposer quelque chose de personnel et ne rencontra jamais aucune confusion à décrire ce qu'il avait voulu faire.

Voir : Influences et références, Art contemporain


Nicolas, devenu nouveau riche esthète mais ayant gardé son côté banlieusard, trouve plutôt de la reconnaissance auprès d'un public dit populaire, moins animé par les modes et la culture pyramidale. Malgré de nombreuses perches tendues à coups de références institutionnelles, ce public plus traditionnellement cultivé et/ou branché continue de ne pas accrocher à Indochine. Dans le meilleur des cas, il arrive d'entendre du bien des deux premiers albums, plus alternatifs et branchés, dont le recul permis par le temps et la redécouverte de la new wave par une nouvelle génération leur permet aujourd'hui de bénéficier d'une certaine légitimité émergente.


Étienne Daho est issu d'un milieu plus aristocrate, et fut très tôt entouré de nombreuses influences culturelles. Le facteur rennais, déterminant, l'éloigna pourtant du parisianisme qui allait former Nicolas. Présent à Londres en 1976, passionné, musicien dans l'âme et mélomane - ce que Nicolas ne deviendra jamais - il fit ses armes auprès des groupes Marquis de Sade, Elli & Jacno, Comateens.

Son public est tout aussi disparate que celui de Nicolas, mais Daho est tellement soutenu par la petite bourgeoisie culturelle branchée (Télérama, Inrockuptibles) et affiliés, que ne pouvons que remarquer en priorité ce public-là. Celui-là même dont Nicolas est exclu par manque de légitimité, et que nous ne croisons jamais aux concerts d'Indochine Mk2 !

Nicolas au Stade Pierre Mauroy, juin 2019

"Il y a toujours des gens qui ont la haine. Moins qu'avant, mais quand même. Maintenant, les plus intelligents de nos détracteurs avouent au moins un respect pour ce groupe. Mais il y a une haine, une telle haine, que je n'arrive pas à élucider. Des crachats, des commentaires qui disent juste 'c'est de la merde'. Étienne Daho est un peu passé par là, par le côté 'non chanteur', mais ça n'a pas duré longtemps pour lui. Il y a une haine pour les gens qui ont du succès en France. On ne pardonne pas l'insuccès, mais encore moins le succès."

Nicolas Sirchis in Indochine, le livre, Jean-Eric Perrin, 2011


Voir : Ceux qui n'aiment pas Indochine


Il existe une énorme cassure entre Indo et Daho, et visiblement entre leurs publics respectifs. Comme un mur aussi infranchissable qu'invisible. Nous pourrions évoquer en parallèle l'opposition dans la presse musicale des années 2000, entre Rock Mag & co (adolescent, banlieusard, périurbain, apolitique) et Les Inrockuptibles (jeune adulte, petit bourgeois intello, citadin intramuros, centre-gauche).

Un livre serait nécessaire pour développer ce sujet que, de notre aveu, nous ne prétendons pas maîtriser au point de proposer une vraie étude. Il se peut que nous y revenions par la suite.


Quoi qu'il en soit, Étienne Daho est ouvertement cité par de très nombreux jeunes popeux, et assumer Indochine est bien plus compliqué passées les épouvantables Divisions de la Pop. Lorsque ça arrive, Nicolas le souligne systématiquement, voire relaie un bruit de couloir à base de on m'a dit que, une vieille habitude :
"En revanche, beaucoup de groupes anglais nous aiment bien, comme Placebo, mais aussi des groupes de la nouvelle scène comme Antony & the Johnsons, Gossip, ou récemment on m'a dit que les Two Door Cinema Club nous trouvaient cool."

Nicolas Sirchis, Hors-Série Rolling Stone spécial Indochine, juin 2010

Et ?


En 2013, alors qu'il avait coécrit "Les Portes du Soir" et "Traffic Girl", et fut première partie récurrente avec son groupe Asyl, Matthieu Peudupin dit "Lescop" se garda bien d'évoquer Indochine dans sa communication autour de son premier album solo. Parce que ce dernier ciblait un public plus porté vers Étienne Daho ou Daniel Darc - autrement dit un public Inrocks/Télérama - et non celui d'Indochine : il ne s'agissait pas de se griller en provoquant une affiliation visible avec Nicolas Sirchis ! Le plus que dispensable mais pourtant très hypé Lescop (2013) lorgnait bel et bien davantage vers le chanteur rennais et autres jeunes gens mödernes, ce qui n'échappa ni à la critique ni au public.

Lescop, Lescop, 2013

Matthieu Peudupin apparaît même avec Étienne Daho en 2014 pour chanter "Le Grand Sommeil" dans l'émission Alcaline. Nous l'avions vu précédemment avec Indochine Mk2 aux Francofolies de la Rochelle en 2006, pour une reprise débile de "Teenage Kicks", en pleine mode des guitares distordues et des attitudes rock. L'assumerait-il encore ?


Sa pose de fan pâmé pour les murs de briques l'éloigne pourtant d'un Daho bien plus discrètement érudit, et trahit sa génération malgré des références anciennes et ancrées : une génération rétromaniaque pour qui des références dénuées de sens constituent un contenu identifiable, comme une collection de hashtags. Et cela le rapproche bien plus de Nicolas Sirchis.

Voir : 2002 - Paradize


Mais Daho garde l'enthousiasme inchangé d'un adolescent dans sa curiosité et son érudition, contrairement à un Nicolas qui n'a jamais été plus loin qu'une rhétorique de fan qui aurait cessé d'évoluer passée la vingtaine. Il ne semble s'être attardé que sur l'image, et ne trouve du confort que dans une certaine superficialité : l'apparente ignorance musicale (ou consensualité) d'une grande partie de son public et de ses défenseurs médiatiques lui rend superbement service.

En d'autres termes, Nicolas semble tirer son public vers le bas, Daho vers le haut.

Voir : le reste du blog


Vous avez sûrement entendu parler de David Bowie via les interviews de Nicolas. Mais si vous connaissez bien David Bowie, vous connaissez forcément son fidèle producteur Tony Visconti. Ce dernier a récemment produit... Étienne Daho ! pour une nouvelle version de "Paris Sens Interdits", originellement sorti en 1989.




Étienne est bisexuel, discret mais pas secret. Lui n'a jamais eu besoin de marteler sur les plateaux de télévision qu'il aurait écrit tel ou tel "hymne", et que soit-disant des personnes homosexuelles lui écriraient "tous les jours" pour le remercier (information uniquement rapportée par Nicolas...). Il n'a pas besoin non plus de lever le poing sur scène, haranguer ses fans avec des slogans, et se draper dans les couleurs de l'arc-en-ciel pour se faire affilier à une lutte sociétale - comme le fait régulièrement le très hétérosexuel chanteur d'Indochine.

Nicolas Sirchis, Clermont-Ferrand, 2020
"La maison de disques ne voulait pas la sortir, parce que c'était une chanson dite de "pédés". Marc Lavoine ou Étienne Daho sont venus me voir pour me féliciter d'assumer quelque chose."

Nicolas Sirchis, Platine, 1996

Soit, mais assumer quoi exactement, sachant que cette chanson ne parlait que de vêtements et de cheveux, en pleine mode de l'androgynie ? (Note : Tony Visconti a aussi produit Marc Lavoine)

En 2015, Dominique Nicolas devant un micro sur ses propres compositions, lorgnait nettement vers Étienne Daho, ce qui n'échappa à quasiment personne. Cela constitue un aperçu hallucinatoire d'une collaboration formidablement cohérente que nous n'avons jamais eue. Imaginez seulement...


...avec ici (1989) à la guitare un Xavier "Tox" Géronimi plus dominikien que jamais.

Sommes-nous passés si près que ça d'avoir de vrais Smiths français ?
Peut-être n'est-il pas trop tard ?

Et en ce qui concerne Tox, il a sans aucun doute fait le pire truc de sa carrière avec Indo Live (1997), alors qu'il a toujours été impeccable avec Daho, d'où l'importance de savoir diriger ses musiciens.

Étienne Daho peut être vu comme le contraire de Nicolas Sirchis. Ce dernier est un homme très creux et superficiel qui a voulu faire de grandes choses. À l'inverse, Daho est quelqu'un de très conséquent, qui a souhaité faire quelque chose de plus léger : de la pop. Éternel adolescent dans ses bons côtés pour l'un (fascination, enthousiasme), ses mauvais pour l'autre (inculture, arrogance).

Pour schématiser à l'extrême : Étienne Daho serait un provincial cultivé, salué par un public parisien en mal d'authenticité ; Nicolas un parisien superficiel et cultureux, salué par un public éloigné des centre-villes et des problématiques de capital culturel.


Nous avons beaucoup évoqué sur ce blog les emprunts faits par Nicolas à des artistes qu'il semblait envier : Brian Molko, Dave Gahan, Brett Anderson... Mais au fond, n'aurait-il pas rêvé d'être Étienne Daho ?


Certes, si le paysage éminemment branchouille qui entoure le chanteur rennais et son côté trop parfait peut le rendre plus facile et avantageux à citer dans l'espace social plutôt qu'un Nicolas indéfendable, il apparaît tout de même qu’Étienne Daho est un homme plus enrichissant à entendre en interview et sur disque. Nicolas a stagné, sa musique n'a jamais évolué - voire n'a jamais vraiment existé - et semble avoir maintenu ses fans dans une longue et stérile immaturité, nécessaire pour continuer de l'admirer sans remise en question possible.

Pour finir, Étienne Daho a toujours extrêmement bien chanté, là où Nicolas nous fait franchement honte d'année en année.

 
Dahophile arrivé par accident sur ce blog, et qui se demande quel disque d'Indochine écouter pour la curiosité ? Le Baiser, à la rigueur. Il n'est pas non plus exclu que Dancetaria vous plaise.

"À mon avis, on pourrait plus comparer, s'il y a à comparer, au Velvet Underground. On a d'ailleurs fait écouter le titre à Etienne avant sa sortie, il n'a pas trouvé que ça lui ressemblait."

Dominique Nicolas à propos du titre "Le Baiser" in Indochine Story, Anouk Vincent, 2012



1996 - Wax

Stéphane et Nicolas, 1997

Fallait-il parler de Wax avec la même application et les mêmes égards qui ont guidé notre travail sur Paradize ? Si l'album de 1996 n'a que très peu à voir avec le premier album d'Indochine Mk2 (Paradize, vous suivez ?), il partage avec ce dernier une remarquable complexité, un opportunisme plus ou moins adroit, et un goût prononcé pour les contradictions.

Aux débuts de nos travaux, c'est de cette époque bâtarde dont nous nous étions inspirés pour le visuel du présent blog. Nous sommes, comme Nicolas, fascinés par les malentendus. Précisons-le de suite : bien qu'il ait été question d'Indochine 2 et du premier album d'un nouveau groupe, Wax n'est pas pour nous le premier album de ce que nous appelons Indochine Mk2 : le collectif de cette époque autour des jumeaux Sirchis n'a rien à voir avec le duo Nicolas/Olivier et les musiciens qui les entourent.


Mais Wax est forcément fondateur de quelque chose, en tant que premier album de l'Indochine post-Dominique. Nous tâchons d'étudier ce quelque chose depuis la création de ce blog, toujours est-il qu'en 1996, nous avons affaire à un véhicule au point mort, sans direction, quitté par son conducteur. C'est le premier album d'Indochine avec Nicolas pas exactement comme directeur artistique mais plutôt président. Les références changent.

"Au bout d'un certain temps, une démocratie dans un groupe, ça ne fonctionne pas. Parce que lorsque tu as quatre univers différents, ou plus, qui ne s'interpénètrent pas, ça devient difficile. Surtout si en plus les envies ne sont plus les mêmes."

Nicolas Sirchis, Rocksound, avril 2002

Chacun sait que si Indochine Mk1 était un groupe, ce n'était pas pour autant une démocratie : la perte de la direction d'Indochine a fait prendre conscience à Nicolas qu'il en fallait une.
"L'acte 2, comme tu l'appelles, s'est ouvert avec la compile Unita et le nouveau titre 'Kissing my song' qui est plus proche de ton album solo que des standards d'Indochine.
- On me l'a dit ! Peut-être faut-il en conclure que désormais, Indochine, c'est moi. Avec une liberté totale de mouvements."

Nicolas Sirchis, 1996
1996

Nicolas utilise ici les mots d'une autre personne pour accréditer son propre calcul, d'autant que Dans la lune et Wax n'ont franchement rien en commun ! Rappelons aussi que l'album perso de Nicolas composé de reprises a été entièrement joué, réalisé et arrangé par Les Valentins. Dès lors, en admettant que Wax y ressemble, que faut-il vraiment en conclure ?

Voir : 1992 - Dans la lune
"Cette période je la justifie un peu par le nom d'acte 2, c'est vraiment le septième album d'Indochine, dans le terme, mais c'est aussi le... le premier album d'un nouveau groupe quoi. C'est vraiment ça. Donc avec l'acquis par contre, professionnel, qu'on a eu ces quinze dernières années."
Nicolas Sirchis, Comme deux frères, 1996


Nicolas avait à ses côtés un excellent guitariste en la personne de Stéphane, mais souhaitait rester à la tête d'un groupe à deux guitaristes. Stéphane voyait pourtant encore à cette époque la possibilité de devenir le compositeur principal d'Indochine, mais Nicolas ne l'entendait pas de cette oreille.

"Stéphane n'a jamais voulu être leader ?
Nicolas : Je pense que si. Mais il est mieux dans ce qu'il fait. On a toujours envie d'être plus important. Moi, j'ai choisi inconsciemment d'être chanteur parce que je ne savais rien faire d'autre, et lui son truc c'était la guitare. Il ne sait pas 'écrire', donc c'est moi qui écris tous les textes. Ça s'est fait comme ça."

Nicolas Sirchis, Platine n°34, octobre 1996


Deux guitaristes, comme chez Mk1 ou les très populaires Oasis par exemple : un guitariste et directeur artistique, assisté d'un autre gratteux exécutant. 

"En 1996, quelles sont vos influences ?
Je suis ravi du renouveau de la pop anglaise avec des groupes comme Oasis. Le seul groupe que j'ai toujours suivi, c'est U2 parce qu'ils ont su évoluer.
"

Nicolas Sirchis, Platine n°34, octobre 1996


C'est vrai, et il est possible que Nicolas ait pris U2 en exemple pour que chaque album d'Indochine soit très différent. Mais en ce qui concerne Oasis, au delà de la très racontée guerre avec Blur, ils firent se retrouver beaucoup de groupes anglais de cette époque autour d'une certaine détestation commune pour le groupe mancunien.

"Nicolas : [...] À l'époque, j'aimais le côté un peu "sales gosses" de Oasis. Mais, avec Placebo, j'ai découvert quelque chose de nouveau. [...]
Brian Molko : Alors qu'Oasis, en revanche, je ne suis pas du tout client... "

Nicolas Sirchis, interview croisée avec Brian Molko, Rocksound, 2000


Voir : Hello Manchester !


Le très officiel Insolence Rock brosse un portrait généraliste de la musique britannique du milieu des années 90 à grands coups de name dropping. Indochine y est présenté comme un groupe pointu, et l'opportunisme du chanteur comme un coup de génie : lui aurait
enfin su où amener Indochine et comment, ce que Dominique n'aurait pas su - ou pas pu - faire.

"On a l'impression que le... le chat étant parti, les souris sont euh, ont fait tout ce qui leur a plu, avec cette maturité... professionnelle qu'on a pu conserver quoi."

Nicolas Sirchis, Comme deux frères, 1996


"Du coup, le départ de Dominique qui, pour moi, aurait été une catastrophe cinq ans auparavant, était dans ce contexte presque bénéfique. C'était genre : 'On va pouvoir aller là où moi j'ai envie d'aller !' Et révéler tout le potentiel de ce groupe qui me semblait encore énorme."

Nicolas Sirchis, Rocksound, avril 2002


Le mot qui allait prévaloir sur tous les autres pour définir cette période du groupe français fut donc, et reste encore à ce jour : britpop. Ce fut aussi le début pour Nicolas d'une fascination pour Brett Anderson et les très bowiesques Suede qui allait le suivre très longtemps.

Brett Anderson

Nicolas décrit cette période précédent Wax, avec le ras-le-bol puis le départ de Dominique Nicolas, et son accession au trône de directeur artistique d'Indochine, comme suit :

"Savoure le rouge aurait pu être un méga-tube, mais aucune radio ne le passe, l'album [Un Jour Dans Notre Vie, 1993, ndlr] est un flop total mais on voit qu'il y a des fans, un public qui commence à me plaire, qui aime Suede, Blur. C'était le début du grunge."
Nicolas Sirchis in Indochine, le livre, Jean-Éric Perrin, 2011


Il y aurait donc un public qui ne lui plaît pas ! Pouvons-nous savoir lequel ?

Une époque difficile où Nicolas essayait plutôt d'imiter Dave Gahan et Bono, tous deux chanteurs de groupes marqués eighties et qui avaient éventré le début des années 90 avec respectivement les bombes Violator (1990) et Achtung Baby (1991). 

Voir : 1993 - "C'était le début du grunge...", Depeche Mode


Si le grunge avait été globalement désagréable pour un Nicolas plus pop que rock, il ne semble considérer le phénomène britpop que comme une évolution plus audible avec des personnalités plus androgynes.

"Les groupes britanniques comportent en général un ou deux jolis garçons - pâles, minces, de très beaux cheveux ; certains mettent même de l'eye-liner. Cette androgynie séduit les jeunes femmes aimant que leurs fantasmes pop soient sensibles et délicats - efféminés, à l'opposé des beaux gosses musculeux."

Simon Reynolds : "Un nouveau regard sur la britpop", Salon, décembre 2007


"Le rock, pour moi, doit être avant tout sexuel. Prince, Bowie, Patti Smith, ça transpire le sexe. Le rock, c'est la morale, le sexe et le social. Alors oui, je fais ça, mais sans tomber dans l'obsession non plus. C'est vrai que ça passe inaperçu, mais je ne peux pas écouter les albums à la place des critiques..."

Nicolas Sirchis in Kissing my songs, Agnès Michaux, Flammarion, 2011

Le Nicolas agacé par les boys bands avait perçu cette androgynie. Mais notre héros incompris était loin de voir dans la tendance britpop cette réponse justement typically british, ironique et excentrique, à ce grunge trop codifié, et qui était devenu hégémonique sur les radios. Il s'agirait donc principalement de saturer les guitares et d'adopter une attitude plus sensuelle, androgyne et irrévérencieuse.

Voir : Troisième Sexe

Mais si le cahier des charges est corrompu dès le départ, que Nicolas est incapable de commenter subtilement les champs musicaux qui l'entourent, et qu'il est inapte à la malice et au second degré... Comment bâtir un propos musical affiliable à la britpop, malgré une telle absence d'anglophilie ?

  • Première possibilité : Y aller carrément, et appeler Bernard Butler, le guitariste de Suede.

"Fortement influencé par la nouvelle vague pop anglaise, Nicola part à Londres et y séjourne pendant plusieurs semaines, à la recherche d'un nouveau guitariste. Le chanteur multiplie les rencontres, traîne du côté du label Rough Trade, puis finit par contacter Bernard Butler. Le guitariste prodige de Suede vient de lâcher ses collègues à l'issue de l'enregistrement de Dog Man Star..."

Sébastien Michaud, Insolence Rock, Camion Blanc, 2004


Au lieu du flatteur "fortement influencé", il aurait été plus adéquat d'écrire "fortement attiré" en parlant d'un Nicolas complètement dépassé par les tendances musicales de cette époque. Quant au label Rough Trade, si sa mention évoque certes l'indépendance et l'expérimentation, il faut tout de même savoir qu'il a fait faillite en 1991, avant de n'être relancé qu'en 2000.

Bernard Butler

"Un mec très jeune, super calme, super gentil. Il me dit 'j'ai envie d'écrire pour toi, mais pas pour Indochine.' On travaille un peu ensemble sur quelques trucs, mais son manager finit par me dire qu'il est un peu dans la position de Johnny Marr quand il a quitté les Smiths : il ne sait pas où il veut aller... Il a fini par faire une carrière solo, et je trouve que ce qu'il a fait par la suite était extraordinaire. Ça n'a pas marché, mais ses musiques sont vraiment, vraiment bien."

Nicolas Sirchis in Insolence Rock, Sébastien Michaud, Camion Blanc, 2004


La version de Butler, voire celle de son manager, serait très intéressante, et plausiblement un peu différente de celle de Nicolas... Le guitariste anglais se concentra jusqu'en novembre 1995 sur sa collaboration avec le chanteur David McAlmont.

"On s'est vus plusieurs fois à Londres. Il avait écouté nos disques, son album favori est le "3", et il voulait tenter quelque chose avec moi. Mais il est définitivement trop compliqué. Même le duo McAlmont/Butler dans lequel il s'est beaucoup investi est un échec. Il ne sait pas ce qu'il veut, change tout le temps d'avis. De mon côté, j'avais eu ma dose d'états d'âme et de prises de tête. Il a intérêt à fonder rapidement son propre groupe. Mais nous sommes toujours en contact et il n'est pas exclu qu'il joue sur le prochain album d'Indochine."

Nicolas Sirchis, 1996


  • Deuxième possibilité : Trouver un autre guitariste à Gibson et aux cheveux longs, mais qui parle la langue. Ce sera Alexandre Azaria, présenté par Daniel Chenevez de Niagara.
Alexandre Azaria avec Le Cri de la Mouche

Un malaise se révèle pourtant assez rapidement avec le nouveau guitariste :

"Je voyais très bien qu'avec lui il y allait avoir des problèmes de pouvoir, et j'ai donc décidé d'une double production, Azaria d'un côté, Pilot de l'autre."

Nicolas Sirchis in Insolence Rock, Sébastien Michaud, Camion Blanc, 2004

Une décision catastrophique de la part d'un directeur artistique débutant, qui ne pouvait que desservir l'album en détruisant toute possibilité d'homogénéité.

Wax avec AzariaWax avec Pilot
UnisexeRévolution
Je n'embrasse pas
Drugstar
Coma, Coma, Coma 
Echo-Ruby*
Kissing My Song
Les Silences de Juliette* 
L'AmoureuseSatellite*
Peter Pan*
Mire-Live*

Ce soir, le ciel*


* : Compositions de Stéphane.

Rappelons que le très apprécié "Kissing my Song" est une composition d'Alexandre Azaria, et initialement le morceau bonus de la compilation Unita (1995). Le guitariste est aujourd'hui quasiment occulté de l'histoire officielle d'Indochine racontée par Nicolas. C'est aussi le seul titre où l'influence de Suede s'entend vraiment ; on peut même voir Azaria singer les mouvements de Bernard Butler dans le clip du morceau en question.

L'amour des fans pour "KMS" semble donner raison à Nicolas qui estime que personne n'est irremplaçable et que chaque musicien est là pour se mettre au service d'Indochine - entendre, de lui. Ils ne seraient tous qu'un moyen, pour faire vivre l'univers existant dans la tête de Nicolas.

Les fans du Black City Tour se souvenaient-ils en entendant "Kissing My Song" que le compositeur du morceau n'était pas sur scène ?

Le passage d'Alexandre Azaria sur le navire a essentiellement été raconté par Nicolas dans des termes très dépréciatifs :

"Il a commencé par dire que c'était lui qui allait tout produire, et qu'il allait le faire uniquement selon son goût. Je lui ai dit que ça n'allait pas, qu'il s'agissait d'Indochine et non pas de lui, et qu'on allait le produire ensemble..." 

Nicolas Sirchis in Insolence Rock, Sébastien Michaud, Camion Blanc, 2004

"Nous, dès qu'on est rentrés en studio avec Azaria, on savait déjà qu'il allait repartir. Je ne voulais pas de quelqu'un qui se sente investi d'une 'mission'... Si tant est qu'il y ait eu une mission, c'était à nous de l'accomplir, et pas à lui. En plus, il était très hautain, et le fait qu'il ait cosigné des titres a occasionné par la suite pas mal de problèmes d'argent, il avait utilisé des samples... Enfin c'était un vrai sac de nœuds."

Nicolas Sirchis in Le Roman-Vrai d'Indochine, J-C Perrier, Bartillat, 2005

Nicolas ne semble pas avoir apprécié qu'Azaria n'ait pas su se faire discret, il aurait apparemment fallu laisser les jumeaux travailler. Pouvons-nous tout de même rappeler ici que Nicolas Sirchis l'a appelé pour remplacer Dominique, et donc jouer ce rôle de révélateur d'un potentiel dit encore énorme ? Et surtout, et c'est une autre contradiction : nous savons parfaitement que c'est Nicolas qui a imposé les cosignatures, notamment à Stéphane dont il estimait les compétences insuffisantes. Pourtant, l'évidente et gracieuse aide de Jean-Pierre Pilot sur "Drugstar" ne fut pas mentionnée dans les crédits. Toujours est-il qu'il semble confondre une cosignature avec l'utilisation d'un sample, problématique qui lui était encore étrangère vue son ignorance en matière de musique électronique.

Stéphane Sirchis, 1996

Souvenez-vous lorsque nous écrivions que Nicolas était une entrave pour Indochine, et que sans lui pour freiner les velléités de chacun, la musique du groupe aurait été infiniment plus audacieuse et originale. Wax approche pourtant une proposition aussi casse-gueule que courageuse, mais vous l'avez, l'image du frein à main ?

Le très sympathique Alexandre Azaria parle pourtant positivement de son expérience avec Indochine dans le documentaire L'Aventure Indochine en 2017 :
"C'était ma première aventure en tant que compositeur... Et j'ai eu pas mal de chance ouais, de tomber sur quelqu'un comme Nicolas, qui fait partie des gens qui donnent la chance, en tout cas qui font confiance, à des gens même si euh... ils ont pas fait grand chose avant quoi. Et ça s'est super bien passé. En fait on s'est retrouvé, comme un peu deux gamins, dans une chambre à faire de la musique quoi. Et moi j'en garde un super souvenir quoi."

Alexandre Azaria, L'Aventure Indochine, France 4, 2017

Malice d'Azaria, se sachant systématiquement bafoué dans les livres officiels où il est présenté comme un arriviste pédant, entré sans s'essuyer les pieds ? Jamais nous n'avions entendu pareille confession sur cette époque peu documentée, où Nicolas pensait avoir trouvé le remplaçant de Dominique idéal.

(Aparté : Le guitariste anglophile de ses rêves sera plutôt Boris Jardel, qui en 1996 tournait encore avec Vanessa Paradis. En attendant ce dernier, ce sera Xavier Géronimi - collaborateur de Bashung avec J-P Pilot, mais surtout d’Étienne Daho - qui assurera le Wax Tour et le Live Tour. Avec un son "rock" caricaturé et une implication ne dépassant jamais l'exécution professionnelle.)


Les jumeaux d'Indochine sont donc encadrés par :
  • Alexandre Azaria, vers les différentes tendances de la musique britannique du milieu des années 90, le côté "cool".
  • Jean-Pierre Pilot, vers une chanson classieuse "à la française", le côté "cultivé".


Jean-Pierre Pilot, arrivé en 1994, est l'homme grâce à qui Indochine a pu traverser cette décennie. En plus d'avoir lui-même opéré une vraie évolution sonore au sein du groupe (des claviers en mousse de Radio Indochine aux synthétiseurs puissants de Dancetaria, jusqu'aux pianos enchanteurs de Nuits Intimes), il eut aussi la patience et le dévouement nécessaires pour arriver à faire progresser notre héros d'une façon très significative.

Jean-Pierre Pilot

"Comme deux frères" montre l'implication de Pilot, qui n'hésite pas à faire preuve de bienveillance et de la plus grande abnégation pour aider Nicolas à atteindre les meilleurs résultats possibles quitte à le faire souffrir. Chose incroyable pour Indochine, et qui n'était jamais arrivée jusqu'ici : en 1996, les voix sont parmi les points forts de l'album.

En plus d'y montrer quelques textes plus que corrects, Nicolas Sirchis chante remarquablement juste sur l'album de 1996. Son timbre de fausset irritant qui lui est pourtant si naturel est ici quasiment absent, et il se montre compétent au point de réaliser lui-même de nombreux chœurs. L'introduction du disque avec "Unisexe" en est un exemple flagrant, et fut très étonnant à la sortie du disque. Plusieurs autres titres de l'album témoignent de ce progrès : "Coma Coma Coma", "Satellite", "L'Amoureuse"...

Si le Nicolas de Wax jusqu'à Paradize vous semble si différent de celui d'aujourd'hui, c'est grâce à Jean-Pierre Pilot. Il est le pilier sur lequel le Nicolas pugnace de cette époque a pu s'appuyer. Quand bien même il en est absent, Paradize n'aurait pas eu la même tête sans l'apport de Pilot. Son départ, la différence flagrante de mentalité avec l'obéissant Olivier Gérard, ainsi que l'excès de confiance provoqué par le succès pharaonique de 2002 peuvent participer à expliquer la disparition des quelques aptitudes musicales de Nicolas, durement gagnées au sein des années 90.

En 1996, nous avons donc deux musiciens qui essayent de traduire les désirs potentiellement contradictoires des jumeaux Sirchis. Nicolas essaye de comprendre les directions étranges prises par la musique dans ces années désinvoltes. Stéphane lui, enregistre beaucoup et propose des démos entre énergie rock, électronique et tradition indochinoise. Des propositions originales qui ne font qu'assez peu le bonheur de Nicolas, qui semble regretter les compositions clé-en-main de Dominique, et subir cette proximité contrainte avec son frère jumeau.

"Stéphane, il faut s'adapter à la composition, avec Dominique j'ai mis 4-5 ans à m'adapter à la composition, parce que lui il amenait vraiment les accords, les morceaux... Je mettais la mélodie-voix mais c'était concret. Stéphane c'est quand-même... Des bandes entières de trois riffs par-ci, quatre riffs par-là, donc il faut vraiment piocher dans cette histoire, et bâtir la chanson ensemble. Donc c'est plus un travail plus... De longue haleine."

Nicolas Sirchis, Comme deux frères, 1996


"Le fait d'être frères, c'est une force ?
Non, pas particulièrement. Stéphane, c'est plus un membre du groupe que mon frère. On se voit davantage pour la musique que pour des réunions familiales."

Nicolas Sirchis, Platine n°34, 1996
Nicolas et Stéphane Sirchis, 1996

"Comment on travaille quand on est frères ?
Nicolas (ironique) : Difficilement. C'est très difficile.
Stéphane : T'es dégueulasse toi ! (rire)
N : Si le groupe devait s'arrêter ce serait vraiment à cause de ça... Non non, mais c'est très difficile.
S : On travaille comme on a travaillé avec Dominique, quand Dominique était là, qui composait la plupart des morceaux... C'est à dire qu'on travaille chacun chez soi, et puis on se retrouve, et puis on s'échange ce qu'on a fait, Nicolas rajoute ses textes, mélodie voix, et puis voilà.
"

Interview de Stéphane et Nicolas Sirchis, 1996

"Pour Wax, on était censé être deux, mais en même temps, il ne fallait pas compter sur Steph pour prendre des décisions, il attendait que je les prenne. Lui ne voulait pas, ce n'était pas dans son caractère... Donc, j'ai assumé."

Nicolas Sirchis, Rocksound, avril 2002

Les séances photos de l'époque mettent en revanche l'accent sur les jumeaux Sirchis. C'est Indochine !

Stéphane et Nicolas Sirchis, 1997

Wax est aussi l'album où apparaissent les premières tentatives du Nicolas compositeur, avec "Drugstar", "Révolution" et "Je n'embrasse pas". Une mentalité de "simplicité dans l'efficacité", qui n'était pas encore tout à fait la fainéantise suffisante des albums actuels. Nous voyions surtout apparaître ce qui allait devenir une constante : l'utilisation très prioritaire des compositions de Nicolas dans les choix d'édition.

"Drugstar", refonte - possiblement par cryptomnésie - de la reprise de "Money" par The Flying Lizards, fut le seul morceau de l'album à ne pas subir la co-composition, et constitua même le premier single.



Insolence Rock nous dit toutefois que si "Les Silences de Juliette" était évidente (pourquoi pas, ndlr), ce fut la maison de disques qui imposa "Drugstar". Difficile à vérifier. Quoi qu'il en soit, Nicolas aime ses chansons :

"Il y a pas mal de titres que j'apprécie, comme 'Drugstar' ou 'Révolution' que j'adore, des titres méconnus qui mériteraient pourtant d'être découverts."

Nicolas Sirchis, Elegy, février 2002

Voir : Hello Manchester !

"Révolution" jouée à Taratata, avec Tina Hersan, la fameuse choriste, celle-là même qui horrifia le jeune Olivier Gérard au concert du Casino de Paris.

Parce que oui, il y a une choriste sur Wax. Pourquoi ? Parce que Primal Scream. Ce groupe écossais, responsable en 1994 de Give Out But Don't Give Up tapa dans l'oreille de Nicolas, qui y entendit une résurgence de ses souvenirs des Rolling Stones avec un vernis de modernité. Et surtout d'intéressantes idées d'arrangements, facilement identifiables au milieu d'une époque musicale foutraque : ajouter des chœurs et des cuivres ! L'occasion de placer des clins d’œil :

"Je sais que c'est un truc qui n'a pas trop fait plaisir aux fans. Mais à l'époque j'écoutais Primal Scream, un groupe qui utilisait des gospels mélangés à une techno rock, et j'aimais beaucoup. C'est aussi une sorte de clin d'œil aux Beatles, principale référence de la britpop... Donc moi j'assume complètement !"

Nicolas Sirchis, Elegy, février 2002

 

"Un titre inspiré par les Stones... - Ruby Tuesday, bien sûr."

Kissing my songs, Nicolas Sirchis & Agnès Michaud à propos de "Echo-Ruby", 2011


Nicolas entend-il autre chose dans la musique qu'il écoute que des signifiants à calquer ? Le nom du groupe Echobelly, que Nicolas citait aussi à l'époque, dut aussi avoir son importance dans ce petit jeu de mots. La musique en revanche, non.

Sébastien Michaud écrit à propos d'"Unisexe" qu'il sonne comme une version française de "Rocks" de Primal Scream. Si la référence n'est là que pour crédibiliser un morceau qui ne se suffirait pas à lui-même, il est vrai cependant que l'influence d'Andrew Innes peut s'entendre dans le jeu d'Alexandre Azaria. On pourrait aussi  rapprocher "Jailbird" des guitares rocailleuses de "Coma Coma Coma". Un exemple toutefois de la crétinerie du name dropping dans le Camion Blanc : la simple présence de guitare acoustique sur "Echo-Ruby" suffit à l'auteur pour sortir une comparaison avec l'Unplugged de Nirvana.

Voir : Influences et références


Question paroles, un champ lexical de la religion commence à pointer le bout de son nez. Nicolas semble avoir apprécié entendre Martin Gore élaborer des parallèles entre sexe et religion, et place les mots "baptiser" et "confesser" au sein d'histoires de première fois féminine. Vous savez, celle qui fait un peu mal, dont on garde un mauvais souvenir, alors que monsieur a pris son pied.

Les histoires de sexe adolescent voire d'inceste sont toujours là, plus directes que jamais, et gênent profondément les très patients Jean-Pierre Pilot et Stéphane Sirchis, jeunes pères de petites filles.


Et pour combler les failles de cette maison de paille : le mythe du public salvateur, qui nous a été raconté un nombre de fois absolument délirant.

Nicolas aurait vu arriver un public merveilleux, dont il aurait su sonder le goût parfait. Il aurait souhaité lui répondre, lui rendre hommage par la musique, et par là-même propulser Indochine dans une nouvelle dimension artistique. Toutes les cloisons entre l'énergie mystique déployée sur scène et l'émotion poignante du public s'en seraient vues brisées. Comme un manifeste du groupe un peu magique qu'allait devenir Mk2... Si important pour tant de gens, et pourtant si aisément démystifiable.


"Nos fans aiment autant les Smashing Pumpkins que Björk."

Nicolas Sirchis, Platine n°34, octobre 1996


Seule fois où Björk (alors au sommet critique avec Post) fut citée.

C'est le début d'un processus de communication centré sur l'auditorat. Le public d'Indochine n'est donc plus seulement le contenant, il en devient aussi un contenu crédibilisant, un moyen pour un name dropping et faire croire à une hybridation avec d'autres publics plus "branchés". Cette communication centrée sur le public, les séances photo et le rattachement forcé à des hypes deviendra, par la suite, une constante. Nicolas était sacrément gonflé.


"Votre public est-il toujours le même?
- Non, il y a déjà une nouvelle génération de fans, des jeunes de 15 à 20 ans qui nous ont découverts par notre dernière compilation. Ils sont férus de Suede ou de Blur, et pour eux Indochine est le groupe français qui s'apparente à cette vague pop anglaise, Noir Désir étant plus rock et les Innocents plus proches de la variété."

Nicolas Sirchis, Le Parisien, 1996


Et qui lui avait fait écouter Blur ? Dominique !

Voir : 1993 - "C'était le début du grunge...", 2002 - Paradize

Comme nous sommes chez Indochine, la pochette occupe une place centrale :


Nicolas emploie d'ailleurs le mot "concept" à son sujet, ce qui nous en apprend encore davantage sur sa définition du mot employé dans le champ musical. Le concept ? Avec le bandeau, on ne sait pas tout de suite ce que ces deux jeunes gens font. Puis on découvre qu'ils s'épilent les jambes. Fin.

Si une idée amusante pour une pochette signifie un concept, alors revoyons ensemble la copie d'Alice et June (2005).

Voir : 2005 - Alice et June

Pourquoi avoir choisi "Wax" comme titre de votre nouvel album"?
- Wax, qui veut dire cire en anglais, et qui est aussi le nom du fartage pour le surf, est une expression que j'emploie souvent au lieu de dire "waq". (ndlr : waq, verlan de quoi, est une expression très utilisée chez les jeunes actuellement.)"

Nicolas Sirchis, Le Parisien, 1996


En 1997, afin de souligner encore un peu plus cette cooptation tant désirée avec la britpop, le clip de "Satellite" sera directement calqué sur "Song 2" de Blur, sorti quelques mois précédemment.

Blur en avril 1997


Indochine en juin 1997

Simon Reynolds estimait en 1995 que la guerre de la britpop entre Oasis et Blur constituait l'aspect le moins enthousiasmant de la musique britannique de cette époque :

Si l'on excepte la britpop et sa fixation dogmatique sur les sixties, la scène anglaise génère la musique la plus vivante et futuriste au monde. Que ce soient les expérimentations postrock de Laika et de Techno Animal, le trip-hop atmosphérique et sinistre ou la frénésie cyberpunk de la jungle, tous ces développements sont nés des innovations rythmiques du hip-hop et de la techno. En comparaison, les rythmes de Blur et d'Oasis souffrent d'un déficit flagrant de puissance."

Simon Reynolds, "Blur vs Oasis", New York Times, 22 octobre 1995

Le journaliste britannique écrivait d'ailleurs dans un autre article que si guerre il devait y avoir, elle se situerait plutôt entre Blur et Pulp.

Il est assez amusant de constater que Nicolas fixait un phénomène très médiatisé mais au demeurant peu important, qu'il luttait à comprendre et à analyser, alors que les avancées d'outre-Manche avaient directement influencé le beaucoup plus anglophile Étienne Daho. En effet, deux semaines après Wax sortait l'immense Eden, digestion française impressionnante des tendances électroniques citées plus haut.

Etienne Daho, Eden, 1996
"C’était une époque complètement dingue. À Londres, nous étions au centre d’un bouillonnement artistique et musical. On absorbait tout ce qui nous arrivait. C’est sans doute pour cette raison qu’Eden est un album assez unique, car il mélange des influences tellement variées que sa cohérence demeure, encore aujourd’hui, un mystère pour moi. [...] On redécouvrait aussi l’easy-listening et des disques qui m’étaient déjà très familiers depuis l’enfance."

Étienne Daho, Les Inrockuptibles, 2019


"J. Persitz : Il me semble qu'un peu à la manière de Depeche Mode, Indochine a opéré une mue en douceur avec l'album Un Jour Dans Notre Vie, puis l'a pleinement achevée avec Wax, qui sonne comme un premier album, bien qu'on n'y sente pas l'appréhension souvent propre à un premier album. On est passé de mélodies dansantes à d'autres, pas plus noires, mais plus rock. On est clairement plus proche de l'Iggy Pop de American Caesar que d'Etienne Daho !
N. Sirchis : Très très loin d’Étienne Daho, ça c'est sûr ! On se sent plus proche de groupes anglo-saxons comme Placebo. Beaucoup de nos fans sont d'ailleurs aussi des fans de Placebo. On est musicalement un peu isolés dans le paysage francophone."

Nicolas Sirchis, Tribu Move n°7, avril 1999

Comme quoi, même Étienne Daho était trop anglais pour Nicolas, bien plus à l'aise dans son appréciation très française du groupe Placebo, qu'il découvrit pourtant après Wax, avec le clip de "Nancy Boy" (janvier 1997) sur MTV. Sachez apprécier la différence fondamentale entre l'absorbtion et la digestion de tendances musicales passionnantes, et la simple recalque de signifiants hype pour rattraper l'air du temps.

"L'Amoureuse", conçu par Alexandre Azaria, est un des rares morceaux qui peut s'approcher - strictement musicalement - des paysages dans lesquels voyageait Étienne Daho. Le titre ne rencontra pourtant pas, et toujours aujourd'hui, un grand écho chez les fans d'Indochine. Sorte d'ovni pour le groupe, il donne un aperçu des volontés d'Azaria pour aider l'ambulance Indochine à rouler de nouveau et explorer de nouveaux territoires.

Voir : Étienne Daho

"On s'est dit qu'on allait demander l'asile politique en Belgique parce que la France, c'était pourri, noyée sous le rap. Les groupes de rock étaient balayés. C'était Noir Désir et personne d'autre."

Nicolas Sirchis in Kissing my songs, Agnès Michaux, Flammarion, 2011

En effet, quelques jours après Wax sortait 666.667 Club du groupe bordelais, dont les tubes "Un jour en France" et "Un homme pressé" tournaient en radio depuis l'été. L'album fut un carton critique et surtout commercial dans la lignée du très salué Tostaky (1992), et est encore à ce jour cité en très bonne place dans les Discothèques idéales du rock français, comme celle des très conservateurs Rolling Stone où il occupe la 12e place. Indochine y figure d'ailleurs avec Paradize, à la 98e place.

Voir : La menace du rock alternatif

"Les médias en ont eu ras-le-bol de nous. Les radios et les télés qui nous avaient soutenus au début ont dû être saturées et se sont dit 'c'est un groupe qui ne marche plus !' Mais le renouveau pop va peut-être renverser la vapeur ! Car la pop en France, c'est tout de même venu avec Indochine. Rappelons qu'à nos débuts, on nous reprochait d'utiliser des synthétiseurs, alors qu'aujourd'hui, tout le monde les ressort et c'est devenu très 'hip' !"

Nicolas Sirchis, Platine, 1996

 

"On a ressorti nos vieux synthés monophoniques qui donnent des vrais sons synthétiques et qui marquent actuellement le renouveau de la pop britannique. Blur avait les mêmes à l'Olympia. Pourtant, à nos débuts, qu'est-ce qu'on nous avait cassé sur ce son..."

Nicolas Sirchis, Le Parisien, mars 1996

"On nous avait tellement assassinés parce qu'on utilisait des synthés machin et caetera, maintenant ça devient... c'est le dernier chic, c'est de réutiliser des Minimoog, enfin tous les synthés, les vrais synthétiseurs c'est ceux qui font des bruits bizarres, des bruits de laboratoire [...], et donc justement les sons bbzzzz ça nous intéresse depuis le début, parce qu'on utilisait ça."
Nicolas Sirchis lors de l'enregistrement de Wax, Comme deux frères, 1996
 

Les Minimoogs, bbzzzz et autres bruits de laboratoire très hip, c'est bien la déferlante de l'easy listening au milieu des années 90. Un intérêt nouveau se manifesta à cette époque pour les années 50 et 60, avec des rééditions et même des nouveaux groupes (Combustible Edison, The Mike Flowers Pops, The Gentle People).

Simon Reynolds voyait dans ce revival une réaction contre le rock alternatif omniprésent dans le mainstream de l'époque.
"The music's quirky arrangements and zany sound effects, its aura of opulence and optimism, are providing light relief for latter-day hipsters who have tired of the heaviness -- musical and emotional -- of today's alternative rock."

"If one thing unites the devotees of easy listening, it's the sensibility that could be described as passionate irony. It is a rebellion against the alternative mainstream and its ethos of authenticity. For hipsters, artists like Trent Reznor of Nine Inch Nails and Eddie Vedder of Pearl Jam strive so hard to be honest that they come across as histrionic and corny."
Simon Reynolds, The Easy Listening Revival, New York Times, 1995

 
C'est justement après ce mainstream "rock alternatif" que Nicolas allait continuer à courir pendant encore un certain temps.

Compilation The Easy Project, 20 Loungecore Favourites, 1995
"Depuis quelques mois, les nuits londoniennes puisque c'est encore là que ça se passe s'habillent de couleurs pastel et bruissent de musiques d'ascenseur. Chez Madame Jojo, au Smashing ou au City Cheese, nouveaux temples de la cocktail culture, des jeunes gens posent en costumes fifties, chemise parme ou robe rose, sirotent des daïquiri en fumant des menthol, comme si leur vie défilait sur fond de générique de 'Chapeau melon et bottes de cuir'. [...] Des bandes originales de films et de feuilletons, des mélodies influencées aussi bien par le rock, le jazz, la pop, la bossa nova, la musique symphonique, l'exotisme synthétique ou la science-fiction. De la muzak et des vrais chefs-d'oeuvre."

Stéphane Davet, Le Monde, avril 1996

Avez-vous déjà entendu Nicolas évoquer cette tendance ? Non ? C'est bien dommage, parce que le versant Azaria de Wax lui doit beaucoup. Avec les samples du riff de "Surf Rider" des Lively Ones pour l'intro de "Unisexe", du thème du  Trou noir sur "Coma Coma Coma" et bien sûr 007 sur "L'Amoureuse". Ou encore la mise en forme des "Silences de Juliette".

Une hype très post-moderne qui peut être comparée aux plus récentes vaporwave et synthwave, celle-là même qui aida au début des années 2010 à un nouveau retour des synthétiseurs sur le devant de la scène et des vitrines de magasins de musique, et permit 13 (2017).

Il apparaît clairement que Monsieur Loyal ne comprend pas du tout l'activité des artistes qu'il est censé diriger.

"Pour moi, il marque le début d'une trilogie qui devrait s'achever avec le prochain album. Wax est l'album qui a le plus été influencé par la pop anglaise : nos influences principales étaient Blur, Oasis, Shed Seven ou encore Echobelly. Il n'a pas trop marché en France, mais c'est un album qui est presque devenu culte aujourd'hui."

Nicolas Sirchis, Elegy, février 2002

"Culte", un mot qui sera également employé par Nicolas lui-même à propos du Péril Jaune (1983). Il écrit son histoire, définit lui-même comment il faut considérer tel ou tel album - ce que nous avions déjà évoqué précédement. Sur Indochine Records, c'est plutôt Dancetaria qui est vendu ainsi. 
 
Le mot "culte" est généralement employé par les fans et chroniqueurs pour évoquer un morceau, album ou film issu de la culture populaire - en opposition à la culture dite légitime : J-S Bach n'est pas "culte", un roman n'est pas "culte", on parle plutôt de culture générale ou de culture classique. Le mot est le plus souvent employé pour parler d'un élément méconnu ou sorti dans l'indifférence, puis revalorisé par un certain public constituant souvent une communauté de connaisseurs. L'aspect ironique peut également exister : un nanar peut devenir culte... Parce que si ridicule, et pourtant bâti si sérieusement et avec une telle candeur que ça en devient drôle voire cool.

Wax
peut-il être vu comme une sorte de nanar musical ?

Voir : Les cultes médiatiques, culture fan et oeuvres cultes par Philippe le Guern


Indochine est un groupe extrêmement populaire - et qui a beaucoup été maltraité en ce sens. Mais qui pense à Indochine lorsqu'on évoque les années 90 ? Qui sont-ils, quels sont leurs réseaux ? Les adeptes de cette tendance britpop savent parfaitement que Wax en est extrêmement éloigné. Et tant mieux, car Indochine reste un groupe extrêmement français qui ne supporte qu'assez mal la copie, c'est ce que nous tâchons de montrer au fil de ces pages.


L'officiel Insolence Rock nous souffle qu'"Indochine ne rentre décidément dans aucune case pré-établie et ne doit une nouvelle fois sa survie qu'à la loyauté de ses fans, et à l'oreille attentive de quelques journalistes."

C'est vrai, il est difficile d'inscrire Wax dans une case, à ceci près que Nicolas a tout fait pour se faire affilier à la britpop, et ce faisant il n'a fait que révéler son incompréhension du phénomène. Mieux, cette immense foutaise est encore relayée de nos jours par Nicolas et un certain nombre de journalistes fainéants, alors que les qualités de Wax se situent bien ailleurs. Possiblement, ces mêmes oreilles attentives qui auraient préfiguré la dite revalorisation de l'album par des initiés et son élévation en album culte... que Nicolas est seul à défendre. Nous n'avons jamais entendu ou lu un seul fan estimer cet album comme culte.

"Malgré un calibrage brit-pop efficace et une qualité indéniable, la sortie de l’album Wax passe inaperçue dans les médias."

Indobio, Indo.fr


Nous trouvons très amusant - et un peu consternant - que Nicolas admette officiellement ce calibrage (!), et se fasse son propre choniqueur a posteriori en estimant son propre album d'une qualité indéniable. Tandis qu'à l'époque, nous l'avions entendu fustiger les boys bands, en estimant cette musique "calibrée"...


Calibrage artistique et loyauté des fans envers une musique officiellement qualitative : n'y avait-il pas un problème de fond dans ce nouvel Indochine ? Vers quoi cela allait-il nous amener ? De plus, même après tout ce name dropping, il semble que très peu de fans d'Indochine se soient réellement intéressés à Suede et Blur : le sceau d'une "britpop" imaginée dans les clous de Wax semble suffire.

Voir : Révisionnisme et malentendus, Influences et références


Passé Paradize, nous ne vîmes plus d'affiliation avec cette tendance britpop, si ce n'est une reprise de "I Wanna Be Adored" des Stone Roses (une influence majeure pour le mouvement) en 2014 au Shepherd's Bush Empire, devant un public majoritairement francophone. Ce choix d'une référence à un groupe mancunien sur une scène de Londres en dit long sur la compréhension par Nicolas du phénomène britpop encore à ce jour, au delà d'une certaine époque, puis des vêtements, attitudes et distorsions : pourquoi ne pas avoir saisi l'occasion évidente de reprendre les très londoniens et tant cités Suede et Blur ?

Que ce soit pour le pire ou pour le moins pire, Wax reste un album unique dans la discographie d'Indochine, et la richesse de ses arrangements n'a jamais été représentée sur scène. Le Wax Tour (18 dates sur dix mois), à l'image d'Indo Live (1997), fut pitoyable par rapport aux versions très travaillées de l'album, ses arrangements ensoleillés et son atmosphère légèrement moite.

Voir : 1997 - Indo Live titre par titre

"Révolution", Bruxelles, septembre 1997

L'album sera reconsidéré à partir de 1999 comme premier volet d'une trilogie. Wax nous permet de comprendre que c'en est effectivement une, mais une trilogie de tentatives de premier album d'un nouveau groupe, qui ne peut donc par définition qu'aboutir à des résultats paradoxaux. Les trois albums ont ceci en commun : une hésitation entre des directions différentes et potentiellement contradictoires.

Voir : 2002 - Paradize


Un premier album étant naturellement un mètre étalon pour toute discographie, les collectifs de Wax et Dancetaria ne permettaient pas des bases suffisamment solides pour un tel ancrage. Seul Paradize transforme l'essai avec succès et constitue le vrai premier album d'Indochine Mk2, auquel tous les disques suivants seront inévitablement comparés. Wax devient à la rigueur toléré par de nombreux fans d'Mk2 en tant que préquelle à Paradize. Mais les trois albums restent tiraillés, entre une maturité électro-rock et une juvénilité pop, pour renouveler le public, et renier définitivement Mk1.

Et la foutaise continue encore de nos jours :

En France, il n’y avait plus que les boys bands… Alors qu’en Angleterre Blur, Oasis, Suede redéfinissaient la pop anglaise. Notre disque Wax était marqué par ces sons-là, mais on n’intéressait plus personne. Devant chez moi, en revanche, il y avait toujours des gamins de 15 à 20 ans qui m’attendaient, qui adoraient Oasis et qui me disaient aimer aussi Indochine, une nouvelle génération nous appréciait. 

Nicolas Sirchis, Paris Match, 2020


Voir aussi sur le blog :

Hello Manchester !

1997 - Indo Live titre par titre

1999 - Dancetaria

2002 - Paradize

Révisionnisme et malentendus

Influences et références


Pour aller plus loin : Starmustang

Annexes:














Stéphane et Nicolas Sirchis, Taratata, février 1997

Pochette de "Drugstar" rédigée par Nicolas et destinée à la presse, 1996 (via www.indo-chine.org)