Depeche Mode

Cet article fait suite au post de Thibault en 2007 sur le site frenchviolation.com, qui reprenait les emprunts faits par Indochine à Depeche Mode.

Cette photo de Depeche Mode version 1981 est assez éloquente quant à la fameuse mèche de cheveux en travers du front, sachant que c'est à cette époque qu'Indochine a fait leur première partie. Si les influences quant à cette coupe de cheveux sont probablement diverses (Higelin), le parallèle semble assez évident.


"Et cette coiffure, elle sort d'où ? - Rue du Cloître, près de Notre-Dame, il y avait un coiffeur qui était là depuis 1938, le genre avec une carafe d'eau pour mouiller les cheveux. Il nous coiffait comme on voulait, la coupe new wave, très court sur les côtés, avec la mèche dans les yeux. J'ai dû pomper ça sur un groupe de l'époque, Gary Numan ou quelque chose comme ça. J'ai été un des premiers en France à être coiffé comme ça, avec le mec de Kas Produkt."
Nicolas Sirchis, hors-série Rolling Stone, juin 2010


Donc il les coiffait tous comme ça, mais Nicolas en revendique l'origine. Soit. Au passage, feu le mec de Kas Product a un nom, Daniel Favre, plus connu sous le nom de Spatsz. Fred Chichin des Rita Mitsouko l'arbora également... Gary Numan lui, n'arbora une mèche sur le front qu'à partir des années 2000.

Si c'est au milieu des années 80 qu'Indochine a été comparé à The Cure, leur univers scénique semble plus marqué par Depeche Mode.




Peu à peu l'influence se dispersa, Nicolas souhaitant davantage référencer le rock alternatif que la musique électronique, dans un souci de supprimer leur image new wave. En 1992, plusieurs voix s'accordèrent pour dire que l'idée d'un album de reprises était piquée à Martin Gore, provoquant la colère de ce dernier.

Voir : 1992 - Dans la lune


Nicolas semblait également apprécier la célèbre gestuelle de Dave Gahan avec le pied de micro, comme ici ou encore .


Au milieu des années 90, l'influence revint plus ouvertement dans son discours, avec l'arrivée des thèmes du sexe et de la religion, chers à Martin Gore. En 1999, Gareth Jones, connu pour son travail avec Depeche Mode (entre autres...), est choisi pour mixer Dancetaria, puis Paradize en 2002. 
"Dancetaria devient l'album noir du groupe, le Black Celebration d'Indochine."
Nicolas Sirchis in Indochine, le livre, Jean-Éric Perrin, 2010


Nicolas semblait très enclin à référencer Depeche Mode, et se demandait probablement comment conserver cette crédibilité rock sans concession, avec une image dite new wave et synthétique si marquée. Le groupe a dû prendre beaucoup de place dans ses discussions avec Olivier Gérard à l'époque de Paradize, et nous sommes prêts à parier qu'il regardait le One Night in Paris (2001) de Depeche Mode, puisque de nombreux éléments en furent empruntés pour le Paradize Tour et la suite. 

Voir : Paradize

A propos du titre "Paradize" :
"Au départ, j'avais baptisé ce titre 'Exciter', en référence à Depeche Mode. Leur album venait juste de sortir et Gareth Jones, qui avait bossé dessus, m'en avait envoyé un exemplaire. Une des séquences du morceau sonnait en fait très Depeche Mode... L'autre titre potentiel, c'était 'Extasy', mais j'ai trouvé qu'il y avait un truc qui n'allait pas, et c'est finalement devenu 'Paradize'."
Nicolas Sirchis in Insolence Rock, Sébastien Michaud, 2004


  • Une séance photo de 2001 très référencée, à faire hurler les fans du groupe anglais.
  • Un logo corbijnien, à base de symboles religieux et de peinture.



La croix qui se peint au fond de la scène, on ne peut plus depechemodien


  • Une référence très directe à la pochette de Violator pour "Le Grand Secret".



Sur la même vidéo, vous avez l'original du clip de Crash Me projeté en fond de scène durant le Alice & June Tour en 2006. 

C'est aussi à l'époque de Paradize que Nicolas commence à développer sa musculature et montrer son corps.


  • Et donc une attitude christique qui n'avait jamais existé chez Indochine.



  • Un gimmick de bras en l'air avec le public en fin de concert, qui n'existait pas non plus.



  • Et donc une attitude gahanienne qui s'installe durablement.


En 2010, le comble : Indochine Mk2 reprend Personal Jesus chez Nagui, avec pour référence la reprise de Johnny Cash. Sans en effleurer la classe, cela va sans dire. Le résultat est pataud, nigaud et irritant, alors que Cash avait formulé une vraie proposition originale, en accord avec son histoire et sa musique. Nous entendrons également une version pénible, lors d'une soirée au Bataclan au profit d'Haïti.

En 2013, lors de la tournée de l'album Black City Parade, peut-être l'album alors le plus depechemodien d'Indochine Mk2, le dispositif scénique était assez directement inspiré de celui du Touring the Angel (2005-2006) de Depeche Mode.


Mais aussi un peu du 360° Tour de U2.

Nicolas s'était déjà inspiré du clip de Dream On pour celui de Memoria et des effets visuels live, même si c'est plutôt Drive qu'il a assumé.





C'est au cours de la même tournée qu'Olivier Gérard, fan de longue date de Depeche Mode, se paye une White Falcon de Gretsch, rappelant encore davantage Martin Gore dont ces guitares font partie de l'image scénique. Changer de guitare n'ayant aucun intérêt pour Indochine Mk2, il s'agit ici d'un caprice de fan.


Nicolas lui-même, avec ses cheveux blond platine et sa Gretsch à lui, ne peut pas ne pas être conscient que son apparence rappelle plus que jamais Martin Gore.

Voir : Nicolas et la guitare

Nicolas sur le 13 Tour

Mais les musiciens de Depeche Mode n'ont jamais eu besoin de "moderniser" ou "faire coller à l'époque" leurs morceaux plus anciens, et ont toujours joué les tubes eighties avec les choix sonores d'origine, sans perdre une once de crédibilité et surtout d'intégrité.

Depeche Mode fut et reste un des groupes les plus marquants et influents pour toute la pop et le rock des années 80, 90 et 2000. Mais comme à son habitude, Nicolas en a surtout pris des éléments visuels et scéniques. Avec une telle superficialité, Indochine Mk2 ne peut toujours pas en dire autant sur la place qu'ils occupent dans le paysage musical.


Voir aussi sur le blog :

1992 - Dans la lune

The Cure

Placebo


Lire aussi :

Le Parisien : Depeche Mode en concert au Stade de France, une leçon de charisme pur

Frenchviolation : Depeche Mode versus Indochine

Bonus :

"Depeche Mode, qu'ils se dépêchent ils ne sont plus à la mode."


Nicolas a plusieurs fois pourfendu cette invective d'un critique du début des années 80, souvent pour faire le lien avec les critiques qui ne croyaient pas en Indochine, que ce soit à la même époque ou au cours des années 90.

Comme ici par exemple où il sous-entend qu'il s'agit de Philippe Manœuvre.

Ce dont il ne semble pas se souvenir, c'est que cette diatribe est le fait de Jean-Eric Perrin, auteur de deux livres officiels sur Indochine en 1985 et en 2011. Il s'excuse pourtant dans la préface de se dernier pour avoir écrit l'imbécilité suivante :

"Halte à l'escroquerie. Quel intérêt peut susciter le spectacle affligeant de quatre pantins british bon chic bon genre coincés dans leurs costumes de premiers communiants, s'agitant mollement devant des petits synthés tandis qu'un Revox balance l'essentiel de leur soupe électronique ? Nul et non-avenu. Une fois n'est pas coutume, parlons plutôt de la première partie, qui fut sans doute le seul moment intéressant de cette soirée. Indochine est un gang de quatre gamins insolents, mignons et dynamiques, qui mêlent la rigidité technopop d'une boîte à rythmes à une twanging guitar à la Shadows. Ils sont francs, drôles, ils ont des idées et les appliquent. Bien sûr, c'est encore un peu hésitant, le côté adolescent charmeur peut séduire autant qu'il peut laisser sur sa faim, mais au moins la seule chose qu'ils prennent au sérieux, c'est leur bonne humeur. Quant à Depeche Mode, ils ne se sont pas assez dépêchés puisqu'ils ne sont déjà plus à la mode. Heureusement. - J.-E.P."

"Halte à l'escroquerie", nous n'aurions pas mieux dit, car Jean-Eric Perrin est aussi un excellent relayeur des réécritures nicoliennes de l'histoire du groupe, pour ne pas dire qu'il est à ce jour le porte-parole officiel de Nicolas Sirchis. Ce qui en dit long sur l'état de la critique musicale en France. 

Voyez plutôt :


Pendant que Perrin s'agitait dans les jupons de Nicolas, Depeche Mode a de son côté construit une discographie d'un niveau rarement égalé de maîtrise et d'exigence.


Annexes :

"On a envie de nouvelles choses, de nouvelles histoires. On pourrait se contenter de faire des concerts comme beaucoup de groupes des années 1980. Quand les fans viennent voir Depeche Mode, Cure, ils se foutent des nouveaux morceaux. Nous, c'est le contraire. On est le seul groupe de cette époque qui régénère son public."

Nicolas Sirchis, Le Parisien, septembre 2017

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