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1998 - "Seasons in the sun"

Retour sur un épisode pas si anecdotique que ça.


Pour ceux qui ne se sont pas demandé pourquoi Indochine apparaissait dans une émission "hommage à Brel" avec une chanson anglophone, il s'agit d'une adaptation du Moribond par le chanteur canadien Terry Jacks, datant de 1974, et qui constitue son plus grand succès.

Si vous êtes lecteur de ce blog et/ou si votre mémoire ne vous fait pas défaut, vous savez qu'à cette époque Nicolas bataillait pour faire accepter une image d'anglophile et s'éloigner de toute accointance avec la dite variété française. C'est ce qui explique aussi en partie ce look entre Oasis et Blur, au milieu de cette émission très française : J'vous ai apporté des chansons...

 
Nicolas ne connaissait les paroles, et potentiellement, la chanson, que depuis peu de temps. 
"Je leur permets alors de participer à leur première télé depuis un bail, pour une spéciale Jacques Brel pur mes débuts sur France 2 à la rentrée 1998. Typiquement, et pour bien marquer leurs distances avec la chanson française, même brechtienne (et kurtweillienne), le groupe ne se lance pas dans 'Amsterdam', même version David Bowie. Tout au contraire, il choisit 'Le Moribond' dans sa version pop américaine, à la mélodie sans grand rapport avec l'original, mais qui fut numéro 1 en 1974 : 'Seasons in the sun' par Terry Jacks, dont je déchiffre les paroles à l'oreille pour Nicolas."

Yves Bigot, Un autre monde, p.161, Don Quichotte, 2017

C'est donc Yves Bigot qui aurait gracieusement proposé cette émission à Nicolas malgré les relations glaciales entre les deux hommes, il est aussi possible que Virginie Borgeaud - manageuse d'Indochine et compagne de Bigot - ait joué un rôle de médiatrice. Nous arrivons alors dans cette situation typique d'un groupe invité dans une émission à thème, et qui doit trouver, dans l'urgence, quelque chose de cohérent à y faire.

C'est aussi, comme beaucoup le savent déjà, la dernière apparition de Stéphane Sirchis, et la deuxième d'un Boris Jardel déjà très à l'aise (sa première étant Les Années Tubes plus tôt dans l'année). Ce dernier n'était à l'époque qu'un guitariste de session de plus, et n'imaginait pas faire d'Indochine son activité principale. Ce que ne devait pas savoir le réalisateur de l'émission, qui privilégie énormément le petit nouveau au montage, au détriment de Stéphane. Il est bien sûr difficile de savoir si cela a été fait à dessein ou non.
"Je suis arrivé en février 1998, quand mon ami Maxime m'a informé qu'ils cherchaient un guitariste. J'ai vu Nico chez lui, il m'a donné les infos du groupe, on a regardé une vidéo, papoté. J'avais un souvenir de "3", et j'étais agréablement surpris par la couleur très rock que prenait le groupe. On a passé deux heures ensemble, puis il m'a convié à une audition quelques jours après, et sur les dix mecs présents, c'est moi qui étais (sic) retenu pour l'Indo Live tour, d'une vingtaine de dates. A la fin de cette tournée, Nicola m'a demandé si je voulais rester pour les enregistrements en studio. J'ai posé mes premières guitares en studio sur 'Dancetaria'. Je jouais avec L'Affaire Louis' Trio à ce moment-là. Auparavant, j'avais joué dans le système Sinclair, et accompagné Vanessa Paradis ou Axel Bauer. J'étais un sideman, quand il fallait un guitariste rock, ma réputation de fan de british rock me précédait. C'est ce qui me plaisait, et quand on cherchait ce style, c'était moi qu'on appelait"
 
Boris Jardel in Indochine, le livre, Jean-Eric Perrin, 2011
 
Live Tour, Le Bataclan (Paris), mai 1998

Boris oublie ici de mentionner "Seasons in the sun", qui est bien son premier enregistrement avec Indochine et dont il se souvint d'ailleurs plus tard. Mais dans le même livre, à propos du Live Tour :
"Puis Stéphane est tombé malade, il était hospitalisé, mais on avait des concerts prévus. Je faisais de mon côté une thérapie, parce que c'était violent de voir son frère jumeau se dégrader. Mon thérapeute m'a conseillé de faire ces concerts, de penser à moi. Je suis allé prévenir Stéphane, il m'a dit 'ok, fais ces concerts, puisqu'il faut les faire'. On a fait ces trois ou quatre concerts sans lui, je prévenais le public qu'il était malade, et je prenais sa place à la guitare. On avait fait un Bataclan. Ça se passait toujours bien."

Nicolas Sirchis in Indochine, le livre, Jean-Eric Perrin, 2011


Il est très aisé de narrer une page discrète et lointaine de l'histoire à des fans récents, mais le Live Tour compta quinze dates. L'un exagère ses souvenirs, quand l'autre minimise à fond son choix d'assurer une tournée sans son frère, "malade comme un chien". Quant au fait de prendre sa place à la guitare, laissez-nous rire fort.

Voir : Nicolas et la guitare


Nous nous demandons encore comment il se fait que Stéphane bien qu'exclu du Live Tour, soit tout de même apparu pour Les Années Tubes, La Fureur à Bercy (juin 1998) et donc J'vous ai apporté des chansons en octobre. Sa guitare y est, comme toujours à cette époque, quasi-inaudible, tout comme sur le mix de la version studio offerte plus tard sur indo.fr à l'occasion des 200 000 connexions. Le site n'oublia d'ailleurs pas de préciser qu'il s'agissait du dernier morceau enregistré avec Stéphane (voir annexes).

Nicolas à Bercy pour La Fureur en juin 1998

C'est étonnant pour un Dancetaria où il est bien présent, promotionné jusqu'à aujourd'hui comme l'album où l’on peut entendre les derniers riffs de guitares de Stéphane Sirkis. Mais la réponse semble être la présence physique de Stéphane en studio pour "Seasons", alors que l'album de 1999, dont l'enregistrement à proprement parler a débuté après la mort du guitariste, comprend des extraits de démos enregistrées en pré-production.

C'est en tout cas le premier morceau studio où Nicolas chante en anglais, et malgré les apports du montage, il a fait bien pire que ça dans le futur. Mais l'Angleterre et sa musique semblait vraiment être aussi exotique que sa langue, pour ce Nicolas épuisé par les années 90. Il n'avait notamment pas compris que l'anglophilie ne consistait pas nécessairement à nier tout ce qui était français ou francophone.
"Brian Molko : Si tu as habité la Belgique, tu dois connaître Brel.
Nicolas Sirchis : J'étais à l'école avec sa fille. Mais je dois dire que je ne suis pas un grand fan de Brel.
- Vraiment !?! Absolument tout ce qu'a fait Brel me touche. Totalement.
"

Interview croisée, Rocksound, 2000

Le Nicolas de cette époque, obsédé par Placebo, creusait le fossé entre lui et des personnalités plus érudites comme Brian Molko ou Morrissey, extrêmement francophiles. Le chanteur de Placebo se fit d'ailleurs remarquer en 2010 avec une reprise spectaculaire du chanteur belge, "Ne me quitte pas".

Puis subitement, en 2021, à la télévision belge :
"Léo Ferré, Georges Brassens, j'ai jamais été là-dedans, ça me parlait pas. Jacques Brel, j'ai écouté son album là, Les Marquises, j'étais ouaaah... Ça c'était fou. Ça m'a floué. Parce que là, il écrivait comme un paysage, il écrivait comme Duras, c'est à dire qu'on voyait les images."

Nicolas Sirchis, Une belge histoire, RTBF, décembre 2021

On voyait les images. Franchement, est-ce là une analyse de quelqu'un qui lit beaucoup ? Non, Nicolas improvise avec des éléments tout faits, afin de fournir dans l'urgence une réponse à la question qui lui est posée. En espérant que ça enchaîne en face.

Voir : Marguerite Duras et la bande dessinée


Nous avons choisi de ne pas dater la naissance d'Mk2 à Wax, puisque selon notre analyse, la gestation du projet que nous connaissons aujourd'hui a pris plusieurs années, et Indochine Mk2 apparaît vraiment avec la troisième tentative de premier album : Paradize. (Voir les articles correspondants) Cette période d'incertitude, d'inconsistance et d'incompréhension sera à partir de 2001 appelée trilogie. Mais en 1998, un an avant Dancetaria, où Nicolas allait expliquer qu'Indochine avait toujours été dark, nous n'avions affaire à rien de plus qu'un titre fantôme joué par un groupe fantôme.
"Personne en France ne veut plus d'eux pour autant. Max Guazzini, tout-puissant patron de NRJ, nous l'affirme clairement un soir chez Lionel Rotcage : 'un cas difficile.' Un euphémisme."

Yves Bigot, Un autre monde, p.162, Don Quichotte, 2017

 

Stéphane et Nicolas, décembre 1998

Voir aussi sur le blog :

Annexes :
indo.fr, 1999










Étienne Daho

Une dissonance taboue semble exister entre deux éternels adolescents de la pop française, deux têtes d'affiche d'une hydre 'french pop' pourtant très racontée.

"C'est vraiment très spécial, définir ce que représente l'importance de vos dizaines et dizaines d'années maintenant, de chansons. Vous êtes l'incarnation en fait, de la pop française. Y'a eu la pop américaine, qui était vraiment le mainstream, la musique populaire.  Y'avait les chanteurs contestataires, les rockers, le rythm'n'blues, etc. Mais la pop américaine c'était vraiment du hit-parade. Puis y'a eu la pop britannique, qui a été extrêmement porteuse de nouvelles vagues musicales, qui vous ont énormément enthousiasmé lorsque vous étiez enfant [Daho - bien sûr.], adolescent, qui ont toujours ajouté dans leurs paroles quels que soient les rythmes de danse, quelque chose de social, quelque chose de poétique, quelque chose de révolté, espace de liberté. Et y'avait peu de traductions en France. Même si on avait des chanteurs extraordinaires dans nos années d'adolescence, y compris dans les vôtres. Et puis, y'a eu cette french touch de la pop, avant la french touch techno, qui a été inventée par Étienne Daho, et dont il maintient la cuisson à bonne température, depuis 40 ans."

Pierre Lescure face à Étienne Daho ("L'empereur de la french pop"),
C à Vous, décembre 2017


"Nicolas, on a rappelé ces chiffres dingues, les prochains concerts que vous avez annoncés pour Lille, le premier, les 28000 places se sont arrachées je crois en 5h30, fallait vraiment être le plus rapide sur la balle, euh... Depuis le départ de votre histoire, et de l'histoire d'Indochine, elle est belle, elle peut être quelquefois grave, mais elle est belle et romanesque. Y'a comme les trois mousquetaires, y'a un '20 ans après', y'aura même maintenant deux fois 20 ans puisqu'on approche des 40 ans... Indochine, dont personne ne voulait tout à fait être convaincu du nom, en 82. [...] N'empêche que dès 82, un an après la formation d'Indochine, la France entière chante et danse sur ce morceau ! ["L'Aventurier" ♫]
Et Nicolas, tout à l'heure vous avez évoqué effectivement cet effort de créativité, de production, que vous voulez imprimer à chacun des concerts, à chacune des nouvelles tournées ou presque, parce que vous voulez qu'à chaque fois, y'ait du spectacle, que les fans qui viennent, quelle que soit leur ancienneté, aient quelque chose de nouveau.
Nicolas - Bah, c'est à dire que vu la longueur de la carrière il vaut mieux proposer... (rires)"

Pierre Lescure face à Nicolas Sirchis ("Indochine, l'événement !"),
C à Vous, janvier 2019


Les deux C à Vous et les éditos respectifs de Pierre Lescure face à Étienne Daho puis face à Nicolas Sirchis exposent cette dissonance. Un vocabulaire extrêmement mélioratif et un champ lexical de la qualité et de l'influence pour l'un, celui de la quantité et des dimensions pour l'autre. Même le ton de la voix de Lescure est différent.

Nous pouvons aussi rapprocher les deux chanteurs pour s'être farci une image de chanteurs dits à minettes ou à posters dans les années 80 ainsi que des critiques sur leurs voix, comme Jean-Jacques Goldman. Une génération précédente plus ancrée dans un certain rockisme, plus masculine aussi, semblait voir cette nouvelle vague d'un très mauvais œil et la considérer comme une régression musicale ciblant leurs petites sœurs. Ce point de vue rencontre aujourd'hui encore un certain succès.

D'un côté, l'Indomania, de l'autre la Dahomania, entre rock et variété, qui couvraient encore à cette époque un public commun d'indolescents et de daholescents.
Les deux chanteurs étaient souvent questionnés sur des sujets analogues.

Bus d'Acier pour Indochine en 1983

Bus d'Acier pour Étienne Daho en 1985

Mais Étienne se fout d'être rock : il est, et ne cherche jamais à paraître. Il n'a pas non plus besoin d'appuyer sur sa "sincérité", il est sincère et ça suffit. Nicolas lui, passe son temps à se justifier de situations et malentendus jamais vraiment réglés, et modifie ses analyses selon le besoin du moment. Il veut absolument être rock, affiliable à des groupes anglais, et le martèle depuis au moins vingt-cinq ans. Si vous êtes lecteur du blog, vous savez que nous appuyons beaucoup sur le fait qu'il n'existe pas de lien strict entre une attitude rock et la sincérité.

Voir : le reste du blog

"J'avais envie de trouver mes racines françaises et d'essayer d'inventer quelque chose. Et comme on me disait 'mais qu'est-ce que tu fais, du rock, de la variété', les gens essayaient de me définir, de me mettre dans une petite case, à l'époque la notion de 'pop' existait... [M. Achour : En Angleterre.] Oui voilà, le côté anglo-saxon, la pop anglo-saxonne, pas trop en France. C'était un concept un peu... donc je me suis dit voilà je fais de la pop. Et je me suis auto-défini, bêtement, comme chanteur pop, je savais même pas ce que ça voulait dire. Mais c'était un peu prétentieux de ma part, j'avais envie de me mettre un peu dans une zone où je suis tout seul, voilà."

Étienne Daho, Clique, février 2018

Les émissions Clique avec les deux chanteurs sont également intéressantes à visionner, on voit à quel point l'inspiration est différente chez un Mouloud Achour fasciné par Daho, alors qu'il bute sur un Nicolas creux
qui s'engouffre dans des tunnels de plusieurs minutes. Étienne parle peu, très calmement et très bien, Nicolas beaucoup, très fort et très mal.
"Les médias en ont eu ras-le-bol de nous. Les radios et les télés qui nous avaient soutenus au début ont dû être saturées et se sont dit 'c'est un groupe qui ne marche plus !' Mais le renouveau pop va peut-être renverser la vapeur ! Car la pop en France, c'est tout de même venu avec Indochine."

Nicolas Sirchis, Platine, 1996

 
Stop.

Chacun sait que si Indochine a effectivement fait partie de cette mouvance de groupes à l'anglaise au début des années 80, avec un public en commun avec Daho, cette hybridation entre rock et variété existait déjà depuis longtemps et la pop n'est pas venue avec Indochine que ce soit dans la sémantique ou le contenu musical strict. L'hagiographie nicolienne qui explique qu'Indochine serait venu mettre un coup de pied dans la fourmilière entre la variété et un rock trop sérieux ne tient pas. C'est une réécriture à la première personne uniquement destinée à un public jeune et/ou qui ne s'intéresse pas à la musique de cette époque et à son effervescence de nouveaux groupes et chanteurs. Il suffit de lire par exemple le livre officiel de 1988, Le Septennat, pour avoir un portrait un peu plus adéquat de cette époque :
"Les nombreux groupes qui ont éclaté ces dernières années n'en sont alors qu'à leurs premiers pas : Fred, des Rita Mitsouko, a joué dans un groupe avec Dominik. Tokow Boys (Luna Parker) ainsi que les Avions sortent leur premier album (eh oui, déjà !). Plus marginal et hermétique est le groupe rennais Marquis de Sade, de Philippe Pascal (Octobre puis Marc Seberg). Les Civils créent le tube surprise avec 'La Crise'. Bijou et Starshooter ('Betsy Party') éclatent mais c'est surtout la vague Taxi Girl (sorti de la période précédente du Rose) qui continue à déferler à la suite de 'Cherchez le garçon'. Tous ces groupes choisissent le plus souvent d'évoluer en marge des grands médias, comptant avant tout sur un noyau d'inconditionnels acquis à leur cause. La culture rock n'a pas encore pénétré dans les chaumières mais cela ne devrait plus tarder. Quelques groupes commencent d'ailleurs à s'infiltrer dans les hit-parades des stations dites périphériques : Bandoléro et son 'Paris Latino' ou Regrets avec Agathe qui ne veut pas rentrer chez elle seule le soir. [...] Avec Daniel Balavoine, Jean-Jacques Goldman et, plus tard, Jeanne Mas, Lio, Daho, le fossé entre variétés et rock s'amenuise."

Marc Thirion, Le Septennat, 1988, Carrère/Kian
Écouter : Pop Française (playlist Youtube)


Jérôme Soligny, musicien et critique très connu et influent, signe en 1986 le tube "Duel au soleil" et d'autres chansons pour Daho. Il compose "Like a monster" pour Indochine Mk2 en 2002.
"On se croisait chez Daho depuis quinze ans et je savais qu'on avait des goûts en commun. Il nous a vus au Zénith durant la tournée 'Dancetaria' et a encensé le concert à une époque où dire du bien de nous était plutôt malvenu. Il a proposé ce titre très glam qu'on a un peu métamorphosé en Nine Inch Nails. 'Like A Monster' est en français mais on a conservé son titre qui colle vraiment bien à la chanson."

Nicolas Sirchis, Rock & Folk, 2002


Non, Soligny a chroniqué le concert du Havre, dont il est originaire, en 2000. 


Nicolas, avec Étienne Daho et Françoise Hardy, Victoires de la musique 1986

Étienne Daho n'a pas voulu travailler avec Serge Gainsbourg mais a été ami avec lui, soit l'exact contraire de Nicolas qui n'a eu qu'une relation professionnelle, au moment du clip de "Tes Yeux Noirs".
"Quelques jours plus tard, [Gainsbourg] se rend à Val d'Isère pour le Valrock, un festival de films rock parrainé par Philippe Manoeuvre de Rock&Folk. Serge y croise Nicolas Sirkis, du groupe Indochine, qui tente en vain de le faire sortir un petit peu : après l'avoir obligé à s'acheter des Moon Boots et une doudoune, il essuie un refus quand il lui conseille de faire de la luge... Lors de la soirée de clôture animée par les anciens du groupe Bijou, Serge monte sur scène ivre mort alors que Sirkis et la comédienne Charlotte Valandrey se lancent dans une version improvisée de 'Harley Davidson'..."

"Gainsbourg", Gilles Verlant, Albin Michel, 2000

Serge Gainsbourg et Étienne Daho, 1987


Daho chante d'ailleurs "Comme un boomerang" avec Dani en 2004, et avec Charlotte Gainsbourg sur "If" en 2003. En 2020, il réalise l'album Oh, pardon tu dormais... de Jane Birkin, et chante sur le titre éponyme.
 
En 1988, Sébastien Chantrel réalise "Des heures hindoues" pour Daho, et "La Chevauchée des Champs de Blé" pour Indochine.

 
En 1992, Nicolas Sirchis choisit de travailler avec les Valentins, après la collaboration réussie d’Édith Fambuena avec Étienne Daho en 1990.
"Ta partenaire dans cette aventure est Édith Fambuena. En faisant équipe avec elle, tu n'as pas eu peur d'arriver avec un album trop clairement inscrit dans la lignée Daho?
- Bien sûr, j'y ai pensé. J'adore travailler avec des filles. J'ai toujours aimé les filles avec une dégaine rock'n'roll, la guitare, la mèche de cheveux qui tombe... Bon, Edith, elle a sa tête, sa façon de jouer, ses tics, ses manies... sa personnalité, quoi. Et ça, je ne pouvais pas le changer. On a coproduit l'album ensemble et le résultat est en accord complet avec ce que j'avais dans la tête. Finalement, on est assez loin de l'univers de Daho. Et puis, elle sort un nouvel album des Valentins en janvier qui sera encore différent de tout ça.

Si tu avais enregistré un single solo avec une reprise, laquelle aurais-tu gardé en priorité?
- Sans aucun doute Brand new life de Young Marble Giants. C'est une reprise que j'avais envie de faire depuis longtemps. Avec Édith, on avait commencé à y travailler il y a trois ans. Et puis, on avait un peu laisser tomber l'idée.
Pendant l'enregistrement de 'Paris Ailleurs', elle était à New York avec Daho et elle me téléphonait tout le temps... 'Alors on le fait cet album de reprises ?' Pour finir, c'est elle qui m'a un peu poussé à le concrétiser.
"

Nicolas Sirchis, Télémoustique, 1992

En 1991, Édith Fambuena apparaît dans le clip de "Des attractions désastre" (avec une Mustang rouge !) alors que Nicolas se montre seul dans celui de "Alice dans la lune", en faisant semblant de jouer de sa nouvelle guitare.

Voir : 1992 - Dans la luneNicolas et la guitare



En 1992, Daho est à l'origine une compilation pour la recherche contre le SIDA. Indochine est dessus, avec une version acoustique de "Tes Yeux Noirs". 
 
En 1995, Étienne chante "Tous les goûts sont dans ma nature" en duo avec Jacques Dutronc. Nous connaissons le goût de Nicolas pour les morceaux "Et moi et moi et moi" et bien sûr "L'Opportuniste".


En 1996, l'immense Eden lorgnait brillamment du côté du trip-hop, de la jungle et de la french touch naissante, notamment à travers le sampling. Deux semaines plus tôt, Indochine sortait le foutraque Wax, sorte de démonstration d'incompréhension de la musique britannique de cette époque. Alexandre Azaria, qui co-réalise l'album, avait pourtant essayé de proposer quelque chose qui pouvait s'apparenter aux paysages d'Eden, avec des titres comme "L'Amoureuse" où Nicolas essayait sans grand succès de se montrer sensuel. Un domaine dans lequel Daho fait plus qu'exceller.
"On est clairement plus proche de l'Iggy Pop de American Caesar que d’Étienne Daho !
Très très loin d’Étienne Daho, ça c'est sûr ! On se sent plus proche de groupes anglo-saxons comme Placebo. Beaucoup de nos fans sont d'ailleurs aussi des fans de Placebo. On est musicalement un peu isolés dans le paysage francophone."

Nicolas Sirchis à propos de Wax, Tribu Move n°7, avril 1999

Comme nous l'avons développé dans l'article sur cette époque, Nicolas était en plein matraquage pour se faire affilier à des groupes anglais plus hype et s'éloigner d'une certaine variété française. Mais le chanteur semblait avoir un problème avec Étienne Daho, et le considérer avec une dose généreuse de mépris comme un représentant de cette variété.

"Vous avez présenté Blitz comme le troisième volet d’une trilogie dont les deux premiers seraient Pop Satori et Eden
On y trouve la même liberté, la même envie de faire une expérience. Le même coup de foudre pour un disque aussi : Pop Satori c’était le groupe de William Orbit, Torch Song, et Eden, l’installation d’une certaine forme de musique électronique - la drum’n’bass, la musique la plus 'sex' depuis le punk ! - mêlée au retour de Burt Bacharach. Le lien, c’est que ce sont des disques qui sont obsédés par leur objet. Ce sont des disques qui provoquent un rejet souvent à la première écoute aussi."

Étienne Daho à propos de Pop Satori, Eden et Blitz, Libération, novembre 2017

Parce que oui, Étienne Daho a aussi sa trilogie !

Voir : 1996 - Wax, 1999 - Dancetaria, 2002 - Paradize


"Nos fans aiment autant les Smashing Pumpkins que Björk."

Nicolas Sirchis, Platine n°34, octobre 1996

 
Quelques uns, c'est possible. Mais Eden montre des points communs musicaux avec le phénoménal Post (1995) de la chanteuse islandaise. Wax, non.

Soulignons-le : Eden et Wax sont tous deux sortis en novembre 1996.



En 2000, Corps et Armes est de nouveau produit par Les Valentins, avec Édith Fambuena à la guitare.



Comateens, un groupe dont les fans d'Indochine connaissent l'existence - à défaut de la musique - et avec qui Étienne est ami depuis très longtemps.
"J'avais adoré leur premier album. (1980, ndlr) 'Le Grand Sommeil' était sorti sur une compile aux États-Unis et je devais faire un showcase à la Danceteria à New York. Nous sommes devenus amis très vite. Une évidence."

Étienne Daho à propos de Comateens, Slate, 2019
 
"Très pudiquement, Etienne évoque la dernière chanson d'Oliver Dumbling : "elle est écrite par Oliver, le frère de Nicholas Dembling des Comateens. Son décès a été traumatisant pour nous tous. Nicholas et Lyn m'ont offert cette chanson sublime et chantent les choeurs avec moi. Cette chanson a une grande signification pour nous trois". Sortie en single uniquement pour le marché anglais, la chanson ne bénéficiera pas d'une version longue mais d'un clip (tourné juste après son concert Bruxellois), à la différence du troisième extrait de l'album en France "Caribbean Sea".

à propos de "Stay with me" in Dahodisco, Benoît Cachin, Gründ, 2013

On voit d'ailleurs Xavier "Tox" Géronimi dans le clip de la chanson en question :


Les Comateens jouent en première partie du Tour Martien en 1989, à la demande de Daho. Mais l'influence du groupe s'exerce différemment sur Nicolas :
"C'est eux, en fait qui nous ont donné envie de nous maquiller. A cette époque, ils étaient déjà super maquillés et habillés ultra new wave. Nous, à côté, on faisait vraiment pauvres mecs de banlieue. Je me souviens qu'on les a vu passer dans les coulisses et on s'est dit 'Putain, ils sont maquillés, c'est classe !' Et on s'y est mis aussi !"

Nicolas Sirchis in Kissing my songs, Agnès Michaux, Flammarion, 2011

En 2007, L'invitation propose des compositions de Xavier "Tox" Géronimi, Édith Fambuena et Jérôme Soligny. Malheureusement, notre radar n'a repéré aucun intérêt de la part de quiconque parmi les fans d'Indochine.

  
Vous connaissez sûrement l'interview croisée en 1999 de Nicolas Sirchis et Brian Molko, le très courtisé chanteur de Placebo. Mais connaissiez-vous celle de Brian Molko et Étienne Daho en 2003 dans Rolling Stone ? Lire les deux interviews l'une après l'autre est très éloquent : Daho et Molko semblent avoir énormément à échanger... Ce qui est moins évident de l'autre côté.

Brian Molko et Étienne Daho, 2003
Voir : Placebo


En 2007, Nicolas précisait son point de vue sur le chanteur rennais :
"Je déteste les égocentriques. Étienne Daho ne parle que de lui, il est devenu inintéressant."

Nicolas Sirchis, Phosphore, 2007

Est-ce l'hôpital qui se fout de la charité, ou avez-vous une meilleure expression pour désigner cette sortie de notre héros ?

En 2013, Daho chante sur l'époustouflant "Mortelle" de Rone (2013). La même année, Nicolas essaye le logiciel Ableton sur un remix personnel de "Belfast" qu'il crut intelligent d'appeler "The Berlin Mix" et même de sortir.


Une vingtaine d'années après les tentatives de Wax et Dancetaria, Nicolas se mit avec 13 à parler plus ouvertement d'electro (souvent à travers l'évocation de l'achat de certaines machines). Mais la même année qu'Eden, Étienne Daho avait aussi enregistré un EP avec Comateens.
Les auditeurs avertis de musiques électroniques se retrouveront davantage dans cette collaboration qu'en écoutant 13.


Comateens sur Instagram : "we are so proud of this record... love to all"


Les liens de Nicolas avec des artistes électroniques ? Des chœurs chez les consternants Dead Sexy Inc., une amitié avec le très visuel Sindrome, la reprise de Troisième Sexe par Miss Kittin ou des remix, parfois prestigieux (Curve, Tricky).

Étienne Daho est à ce jour considéré et respecté par une grande partie des auditeurs francophones comme le parrain de la french pop. Il organise d'ailleurs fin 2017 une exposition de photographies, "Daho l'aime pop !", et immortalise entre de nombreux autres jeunes gens modernes Requin Chagrin, signé sur... KMS Records, le label de Nicolas.

Mais Indochine en est très ouvertement absent.

"De toute façon on a toujours été un petit peu à part, parmi... Même toute cette vague là, on reparle de la vague néo-pop, les parrains de la pop française, pff... C'est comme si on n'existait pas. Et en fait on est encore plus présent que... C'est assez, assez marrant ce côté euh... élitiste français, mais euh... Effectivement au stade où on en est c'est pas très important..."

Nicolas Sirchis, France Bleu, septembre 2017

Nicolas est dans le vrai.

Indochine continue à ce jour d'occuper un créneau bien à lui, c'est en partie ce qui le rend si singulier et fascinant. La dénonciation par Nicolas d'un "élitisme français" est audible, lui qui a souvent pointé un certain public non-français qui aurait su récompenser le succès plutôt que le punir, et c'est une de ses formules les plus connues :
"En France on ne pardonne pas l'insuccès mais on pardonne encore moins le succès."

Nicolas Sirchis, Un flirt sans fin, 2006

Nicolas évoque ici un mécanisme de distinction bourgeois et centre-parisien, milieu social dont il n'est issu qu'en partie et qu'il semble envier. C'est pourtant ce même logiciel snob qui le mène par exemple à rejeter la bande dessinée au profit d'une attitude de littéraire, plus proche de son groupe social de référence.

Voir : Marguerite Duras et la bande dessinée


Mais en tant qu'artiste c'est différent : les mondanités ne pouvant pas suffire, Nicolas a rarement su aller plus loin que la collection de citations, pensée comme un contenu suffisant. C'est bien le problème avec ce public plus chic dont il calque les habitudes culturelles, mais dont il pourfend le refus de reconnaître Indochine : Nicolas se situe totalement dans cet élitisme français pourtant dénoncé. Citerait-il Indochine, s'il n'en faisait pas partie ? La question lui fut posée en 2007, et la réponse est éloquente :
Si tu étais ado en 2007 serais-tu fan d’Indochine ?
Aucune idée en tout cas les références de ce groupe me plairaient beaucoup.

Nicolas Sirchis, interview pour indo-paradize, 2007

Comme si des références bien placées devaient former le gros du contenu et se suffire à elles-mêmes. C'est justement un piège dans lequel n'est pas tombé Étienne Daho, qui a toujours su proposer quelque chose de personnel et ne rencontra jamais aucune confusion à décrire ce qu'il avait voulu faire.

Voir : Influences et références, Art contemporain


Nicolas, devenu nouveau riche esthète mais ayant gardé son côté banlieusard, trouve plutôt de la reconnaissance auprès d'un public dit populaire, moins animé par les modes et la culture pyramidale. Malgré de nombreuses perches tendues à coups de références institutionnelles, ce public plus traditionnellement cultivé et/ou branché continue de ne pas accrocher à Indochine. Dans le meilleur des cas, il arrive d'entendre du bien des deux premiers albums, plus alternatifs et branchés, dont le recul permis par le temps et la redécouverte de la new wave par une nouvelle génération leur permet aujourd'hui de bénéficier d'une certaine légitimité émergente.


Étienne Daho est issu d'un milieu plus aristocrate, et fut très tôt entouré de nombreuses influences culturelles. Le facteur rennais, déterminant, l'éloigna pourtant du parisianisme qui allait former Nicolas. Présent à Londres en 1976, passionné, musicien dans l'âme et mélomane - ce que Nicolas ne deviendra jamais - il fit ses armes auprès des groupes Marquis de Sade, Elli & Jacno, Comateens.

Son public est tout aussi disparate que celui de Nicolas, mais Daho est tellement soutenu par la petite bourgeoisie culturelle branchée (Télérama, Inrockuptibles) et affiliés, que ne pouvons que remarquer en priorité ce public-là. Celui-là même dont Nicolas est exclu par manque de légitimité, et que nous ne croisons jamais aux concerts d'Indochine Mk2 !

Nicolas au Stade Pierre Mauroy, juin 2019

"Il y a toujours des gens qui ont la haine. Moins qu'avant, mais quand même. Maintenant, les plus intelligents de nos détracteurs avouent au moins un respect pour ce groupe. Mais il y a une haine, une telle haine, que je n'arrive pas à élucider. Des crachats, des commentaires qui disent juste 'c'est de la merde'. Étienne Daho est un peu passé par là, par le côté 'non chanteur', mais ça n'a pas duré longtemps pour lui. Il y a une haine pour les gens qui ont du succès en France. On ne pardonne pas l'insuccès, mais encore moins le succès."

Nicolas Sirchis in Indochine, le livre, Jean-Eric Perrin, 2011


Voir : Ceux qui n'aiment pas Indochine


Il existe une énorme cassure entre Indo et Daho, et visiblement entre leurs publics respectifs. Comme un mur aussi infranchissable qu'invisible. Nous pourrions évoquer en parallèle l'opposition dans la presse musicale des années 2000, entre Rock Mag & co (adolescent, banlieusard, périurbain, apolitique) et Les Inrockuptibles (jeune adulte, petit bourgeois intello, citadin intramuros, centre-gauche).

Un livre serait nécessaire pour développer ce sujet que, de notre aveu, nous ne prétendons pas maîtriser au point de proposer une vraie étude. Il se peut que nous y revenions par la suite.


Quoi qu'il en soit, Étienne Daho est ouvertement cité par de très nombreux jeunes popeux, et assumer Indochine est bien plus compliqué passées les épouvantables Divisions de la Pop. Lorsque ça arrive, Nicolas le souligne systématiquement, voire relaie un bruit de couloir à base de on m'a dit que, une vieille habitude :
"En revanche, beaucoup de groupes anglais nous aiment bien, comme Placebo, mais aussi des groupes de la nouvelle scène comme Antony & the Johnsons, Gossip, ou récemment on m'a dit que les Two Door Cinema Club nous trouvaient cool."

Nicolas Sirchis, Hors-Série Rolling Stone spécial Indochine, juin 2010

Et ?


En 2013, alors qu'il avait coécrit "Les Portes du Soir" et "Traffic Girl", et fut première partie récurrente avec son groupe Asyl, Matthieu Peudupin dit "Lescop" se garda bien d'évoquer Indochine dans sa communication autour de son premier album solo. Parce que ce dernier ciblait un public plus porté vers Étienne Daho ou Daniel Darc - autrement dit un public Inrocks/Télérama - et non celui d'Indochine : il ne s'agissait pas de se griller en provoquant une affiliation visible avec Nicolas Sirchis ! Le plus que dispensable mais pourtant très hypé Lescop (2013) lorgnait bel et bien davantage vers le chanteur rennais et autres jeunes gens mödernes, ce qui n'échappa ni à la critique ni au public.

Lescop, Lescop, 2013

Matthieu Peudupin apparaît même avec Étienne Daho en 2014 pour chanter "Le Grand Sommeil" dans l'émission Alcaline. Nous l'avions vu précédemment avec Indochine Mk2 aux Francofolies de la Rochelle en 2006, pour une reprise débile de "Teenage Kicks", en pleine mode des guitares distordues et des attitudes rock. L'assumerait-il encore ?


Sa pose de fan pâmé pour les murs de briques l'éloigne pourtant d'un Daho bien plus discrètement érudit, et trahit sa génération malgré des références anciennes et ancrées : une génération rétromaniaque pour qui des références dénuées de sens constituent un contenu identifiable, comme une collection de hashtags. Et cela le rapproche bien plus de Nicolas Sirchis.

Voir : 2002 - Paradize


Mais Daho garde l'enthousiasme inchangé d'un adolescent dans sa curiosité et son érudition, contrairement à un Nicolas qui n'a jamais été plus loin qu'une rhétorique de fan qui aurait cessé d'évoluer passée la vingtaine. Il ne semble s'être attardé que sur l'image, et ne trouve du confort que dans une certaine superficialité : l'apparente ignorance musicale (ou consensualité) d'une grande partie de son public et de ses défenseurs médiatiques lui rend superbement service.

En d'autres termes, Nicolas semble tirer son public vers le bas, Daho vers le haut.

Voir : le reste du blog


Vous avez sûrement entendu parler de David Bowie via les interviews de Nicolas. Mais si vous connaissez bien David Bowie, vous connaissez forcément son fidèle producteur Tony Visconti. Ce dernier a récemment produit... Étienne Daho ! pour une nouvelle version de "Paris Sens Interdits", originellement sorti en 1989.




Étienne est bisexuel, discret mais pas secret. Lui n'a jamais eu besoin de marteler sur les plateaux de télévision qu'il aurait écrit tel ou tel "hymne", et que soit-disant des personnes homosexuelles lui écriraient "tous les jours" pour le remercier (information uniquement rapportée par Nicolas...). Il n'a pas besoin non plus de lever le poing sur scène, haranguer ses fans avec des slogans, et se draper dans les couleurs de l'arc-en-ciel pour se faire affilier à une lutte sociétale - comme le fait régulièrement le très hétérosexuel chanteur d'Indochine.

Nicolas Sirchis, Clermont-Ferrand, 2020
"La maison de disques ne voulait pas la sortir, parce que c'était une chanson dite de "pédés". Marc Lavoine ou Étienne Daho sont venus me voir pour me féliciter d'assumer quelque chose."

Nicolas Sirchis, Platine, 1996

Soit, mais assumer quoi exactement, sachant que cette chanson ne parlait que de vêtements et de cheveux, en pleine mode de l'androgynie ? (Note : Tony Visconti a aussi produit Marc Lavoine)

En 2015, Dominique Nicolas devant un micro sur ses propres compositions, lorgnait nettement vers Étienne Daho, ce qui n'échappa à quasiment personne. Cela constitue un aperçu hallucinatoire d'une collaboration formidablement cohérente que nous n'avons jamais eue. Imaginez seulement...


...avec ici (1989) à la guitare un Xavier "Tox" Géronimi plus dominikien que jamais.

Sommes-nous passés si près que ça d'avoir de vrais Smiths français ?
Peut-être n'est-il pas trop tard ?

Et en ce qui concerne Tox, il a sans aucun doute fait le pire truc de sa carrière avec Indo Live (1997), alors qu'il a toujours été impeccable avec Daho, d'où l'importance de savoir diriger ses musiciens.

Étienne Daho peut être vu comme le contraire de Nicolas Sirchis. Ce dernier est un homme très creux et superficiel qui a voulu faire de grandes choses. À l'inverse, Daho est quelqu'un de très conséquent, qui a souhaité faire quelque chose de plus léger : de la pop. Éternel adolescent dans ses bons côtés pour l'un (fascination, enthousiasme), ses mauvais pour l'autre (inculture, arrogance).

Pour schématiser à l'extrême : Étienne Daho serait un provincial cultivé, salué par un public parisien en mal d'authenticité ; Nicolas un parisien superficiel et cultureux, salué par un public éloigné des centre-villes et des problématiques de capital culturel.


Nous avons beaucoup évoqué sur ce blog les emprunts faits par Nicolas à des artistes qu'il semblait envier : Brian Molko, Dave Gahan, Brett Anderson... Mais au fond, n'aurait-il pas rêvé d'être Étienne Daho ?


Certes, si le paysage éminemment branchouille qui entoure le chanteur rennais et son côté trop parfait peut le rendre plus facile et avantageux à citer dans l'espace social plutôt qu'un Nicolas indéfendable, il apparaît tout de même qu’Étienne Daho est un homme plus enrichissant à entendre en interview et sur disque. Nicolas a stagné, sa musique n'a jamais évolué - voire n'a jamais vraiment existé - et semble avoir maintenu ses fans dans une longue et stérile immaturité, nécessaire pour continuer de l'admirer sans remise en question possible.

Pour finir, Étienne Daho a toujours extrêmement bien chanté, là où Nicolas nous fait franchement honte d'année en année.

 
Dahophile arrivé par accident sur ce blog, et qui se demande quel disque d'Indochine écouter pour la curiosité ? Le Baiser, à la rigueur. Il n'est pas non plus exclu que Dancetaria vous plaise.

"À mon avis, on pourrait plus comparer, s'il y a à comparer, au Velvet Underground. On a d'ailleurs fait écouter le titre à Etienne avant sa sortie, il n'a pas trouvé que ça lui ressemblait."

Dominique Nicolas à propos du titre "Le Baiser" in Indochine Story, Anouk Vincent, 2012



1997 - Indo Live titre par titre


"C'étaient des concerts incroyables... Sans promo, sans titres à la radio, sans affiches."

Nicolas Sirchis, Un flirt sans fin, 2006

Les toutes premières images d'Indo Live montrent pourtant une passante bruxelloise devant une ribambelle d'affiches du Wax Tour. Si Wax resta en effet très confidentiel, Indo Live profita en revanche d'une importante publicité gérée par Une Musique, filiale de TF1.


Voir : 1996 - Wax


Si cette vidéo est une des plus vendues du groupe à ce jour, elle renferme un certain nombre de problèmes, visiblement très peu remarqués.

Nous nous contenterons de discuter le film du concert titre par titre, et vous laisserons le soin d'en tirer les conclusions que vous estimerez les meilleures. Les minutages correspondent aux vidéos de la chaîne YouTube d'Indochine.

***

Nicolas apparaît avec l'explosion de la musique d'Edward Scissorhands.


Mire-Live :

Le concert commence par des nappes de synthétiseur, suivies de la guitare de Xavier "Tox" Géronimi, connu notamment pour son travail avec Étienne Daho  : pour ceux du fond que ça intéresse, c'est lui qui tient la guitare sur Pop Satori et Pour nos vies martiennes... C'est lui la guitare de "Bleu comme toi", excusez du peu. 

Voir : Étienne Daho


Le visage de Nicolas est éclairé, ovation du public, il commence à chanter et le public répond positivement à ce morceau récent. Tout semble bien se passer jusqu'à "allez promener le chien" où le son change brusquement. Une nouvelle voix est en train de prendre le dessus sur celle que nous entendions jusqu'alors. C'est un Nicolas qui rechante en studio, en fait depuis le début du morceau.
 
2:58 : Confirmation à la fin du second refrain, où le "[hey hey !]" sonne très différemment. (Note : nous retranscrirons les éléments live [entre crochets] pour plus de lisibilité.)
 
3:09 : Le passage instrumental donne à entendre deux soli de guitare simultanés, conclus au vibrato.
 
Il y a deux guitaristes, nous direz-vous ? Allons, vous savez parfaitement que la guitare de Stéphane (qui ne comporte pas de vibrato) est coupée sur ce live, et qu'elle a été inaudible en façade plusieurs années, et que de toute façon on voit parfaitement ce dernier jouer des accords et non quelconque solo.

3:28 : "à faire un choix comme des acrobates" on voit Nicolas éloigner le micro alors que la voix sonne toujours.


Unisexe :

0:28 : Les onomatopées "[allez ! cha ! hou !]" sont live.

Cette fois on entend les deux Nicolas, celui sur scène et celui en studio, quasiment au même volume. On entend au début du deuxième couplet le Nicolas live se tromper dans les paroles, et le Nicolas studio les chanter correctement. Et avant le deuxième refrain à 2:07, le "rappelle toi la première foiiiiis" du Nicolas studio et le "[say !]" live se chevauchent.

Oui, à cette époque les technologies de modification des pistes vocales n'étaient pas aussi avancées qu'aujourd'hui : si on avait mal chanté le soir du concert, il fallait laisser tel quel ou tout refaire. Les exemples sont relativement nombreux, mais ici le montage est anormalement bâclé, et le mot est faible.
 

On le voit même à deux reprises chanter "attache-moiii" et s'éloigner du micro, alors que la voix continue de sonner. 

3:18 : "Iciiiiiiii[hey !]iiiii" 
 
3:25 : "nuit !" rajouté, Nicolas ne chante pas à l'image.

3:35 : "[juste ici pour rester zunis]" live, trop audible.

4:16 : "[Bonsoir tout l'monde ! Bienvenue sur le Wax Tour ! Est-ce que vous êtes prêts ? Vous êtes prêts ? Hey ! Sayyyyy !]", live évidemment. La différence de couleur entre les deux enregistrements saute aux oreilles.
 
Pour ceux qui savent faire un peu de son, sachez que si vous appliquez un effet de déphasage sur "Unisexe", vous shuntez la voix studio. Chose étrange, cette pirouette ne fonctionne que sur ce titre-là. Nous avions monté le résultat sur les images du live et l'avions posté sur Youtube, mais malheureusement la vidéo a été supprimée.

Stéphane, lui, gratte sa Mustang. Aucun son n'en sort, alors que le gros son de Tox remplit l'espace.


Les Tzars :

Nous savons dorénavant que le Nicolas qu'on entend n'est pas celui que l'on voit sur scène. Sa voix sonne très différemment du reste des pistes, ce qui rend la relativité de la synchronisation labiale encore plus perceptible et gênante.
 
1:48 : "[Woo !]" live
 
2:01 : "Les tyrans et leurs femmes ne sortent plus sans un garde du corps qui témoigne", les deux voix se chevauchent.
 
2:26 : Illusion que Stéphane joue ? Pas du tout, c'est le son de Tox.  

Juste après, un passage qui a été assez discuté par ailleurs : ce moment incroyable où Stéphane vient regarder son frère dans les yeux en le pointant du doigt, alors que ce dernier chante "et ses mauvaises fréquentations !".
 
"Les Tzars"
 
3:55 : On n'entend plus ici que le Nicolas studio, avec une réverbération marquée style "concert".
 
 
Trois Nuits par Semaine :
"Il faut bien être remplacé un jour... Cependant, j'ai remarqué que dans 'Trois Nuits par Semaine', le gimmick est souvent mal placé, et pas un ne le joue comme l'original. Le grand public ne s'en rend pas vraiment compte. C'est ce qui me fait grincer des dents, en souriant."

Dominique Nicolas, Platine, 2004

0:42 : "elle décidaiiiit" les deux voix se chevauchent très audiblement.

1:16 : "[Hep hep hep !]" live.

1:17 : Sur le plan large on voit Nicolas laisser chanter le refrain au public. Pourtant, on entend sa voix.

2:33 : "et je suis avec elle [hey !]"

2:51 : "mais bon dieu qu'elle est belle ! [...eeelle...] shhuayy !]"

4:07 : à l'image : "Trois nuits par semaine" / au son : "MAIS trois nuits par semaine", sur un gros plan de son visage.

de 4:48 à 5:40, tout ce qu'on entend est live. C'est un des rares moments du film où c'est le cas. 

6:06 : "[qu'elle est belle !...eeeeelle] shaayyy !"

7:05 : un accord fait par Stéphane à l'acoustique, audible.
 
 
La Main sur Vous :

Pourquoi ce choix horrible de télé filmée au caméscope ? Qu'y avait-il à cacher ? Possiblement, une coupe de cheveux étrange suite à un passage de serviette sur la tête.

Tendez l'oreille, on entend deux guitares lead sur toute la longueur du morceau, comme si l'ingé-son avait gardé une prise témoin. Pourquoi ?

La guitare acoustique, d'une propreté clinique, ne colle pas avec ce que joue Stéphane.


Les Silences de Juliette :

1:24 : Non, ce n'est toujours pas Stéphane que vous entendez à la guitare acoustique. Le son qu'on entend lorsqu'on le voit accompagner Nicolas sur "je t'écrirai tous les secrets que je sais" ne correspond ni à l'image, ni à un quelconque son live. Très plausiblement, plutôt Tox en studio.

2:51 : "On n'se quitteraaaaaaa[hey !]aaaa..."

4:51 : On voit et entend parfaitement que Tox est en train de jouer un solo, pourtant le gimmick de guitare qu'il jouait précédemment continue de tourner.

"Les Silences de Juliette"

Kissing my Song :

"[On va parler un peu de sexe !]", depuis assez régulier.

Stéphane absent de la scène au début, puis à la guitare acoustique... inaudible.

Vers 3:00 on entend un solo de guitare hurlant, qui ne semble pas venir de la guitare de Tox, puisqu'on entend aussi ses accords. Un overdub évident.


Satellite :

Stéphane ne bénéficie pas d'un décibel sur sa propre compo.  

1:45 : Nicolas chante "poser", comme le montrent ses lèvres à l'image, au lieu de "placer".

De 3:15 à 3:20 Nicolas chante autre chose en live, deux voix se chevauchent et ne correspondent pas.

3:50 : Les "[hiiiin]" et le "[AAAYAYAYA !]" sont live, dieu merci.

Énorme pain de Tox à 4:49.


Punishment Park :

Pilot semble au moins s'amuser.

1:52 : "son chemiiiiiiiii[teuh !]iiiiiiiin !"

2:08 : La note d'harmonica et le "Woo !" se chevauchent.

2:15 : Les poses "rock", si peu naturelles.

Des plans sur l'acoustique de Stéphane... Mais pas de son.

3:17 : "son chemiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii[hey hop say !]iiiiiiiiiin !"


Echo-Ruby :

Si l'on excepte la voix, c'est un morceau où tous les éléments sont live. Ça aurait presque collé si nous ne l'avions pas vu s'éloigner du micro à 2:55 pendant que le chant continue.

"Echo-Ruby"

Je n'embrasse pas :

1:34 : Ce soir-là, Nicolas a chanté le premier "je n'embrasse pas !", alors que le Nicolas studio choisit de le laisser au public... Sauf que le film le montre chanter au micro, et même assez franchement.

3:39 : Les beaux plans de la guitare de Stéphane, mais c'est Tox qu'on entend.

3:49 : Ici c'est le contraire : "je n'embrasse pas !" chanté en studio alors que le Nicolas live laissait chanter le public, comme on le voit parfaitement à l'image.

4:47 : "Un peu d'enviiii[shusayyy!]iiie..."

Les "oooooooohh" sont studio, entrecoupés de "[plus fort !]" et de "[say !]" live.


Drugstar :

Nicolas à la guitare avec des plans valorisants. C'est son morceau à lui !

Dimitri au saxo, qui rejoint Pilot pour des sons cuivrés. On entend mieux son saxophone vers 4:13 (il joue les notes graves). La retouche vocale est globalement propre.

"Drugstar"

Révolution :

Longue introduction festive pour cet autre morceau composé par Nicolas (toutefois absente du CD).

Tox très "edgien", et surtout la guitare acoustique audible de Stéphane ! Pilot reçoit une belle ovation du public pour sa présentation, à juste titre. Yann Cortella, ancien batteur pour Alain Bashung, ne vient absolument pas "de Grande Bretagne" mais simplement de Bretagne.

La présentation de Stéphane est en revanche virée au montage : "Le plus voyou !" à quoi ce dernier répondit en désignant son frère : "et lui, l'intolérable !". Pourquoi ce choix ?

À savoir que sur le CD, la choriste Tina Hersan est rajoutée et même créditée... Chose qui n'a tout de même pas été osée sur la vidéo.

À 5:34 on entend et voit très distinctement les strums (grattements sur sa guitare) de Nicolas, totalement arythmiques.

 
Des Fleurs pour Salinger :

Assez peu d'éléments live là-dessus. La grosse séquence basse rapide est un ajout studio.

1:04 : Entrée d'un overdub de guitare. On serait tenté de croire que c'est Stéphane, mais cela ne correspond ni à ce qu'on voit à l'image, ni à un son live. La preuve par ailleurs : à 3:15 il s'arrête, tape dans les mains, et on entend quand même la guitare.

À la toute fin, le micro tombe...


Canary Bay :

...C'est pour cela qu'on le voit cabossé.

3:00 : Nous sommes à la recherche d'un spécialiste en lecture labiale.

4:39 : "comme elles voulaient" à l'image, "quand elles voulaient" au son...

5:42 : Un moment assez commenté par ailleurs où Stéphane semble se plaindre, comme d'un problème de son. (tu m'étonnes)

6:15 : On entend les deux Nicolas au même volume.

6:28 : "vivaient" à l'image, "s'aimaient" au son.

6:38 : Le Nicolas studio chante "bay !" et le Nicolas live chante "[baaaaaaayyyyyyyyyyyyyy !]"


Monte Cristo :

"C'est l'heure où..." : on entend bien les deux Nicolas.
 
Y avait-il une blague entre les jumeaux avec "les plus voyous" ? On voit Stéphane se montrer du pouce.


2:08 : Le "[oh !]" est live.

2:23 : "Où tu voulaiiiis !" : On voit Nicolas qui ne chante plus mais la voix continue de sonner.

"Monte Cristo"

3:07 : Nicolas repart trop tôt, les musiciens doivent se caler sur lui.

4:22 : "Chay chayyy" live, "Monte Cristooo" studio.

Le morceau se termine sur un fondu au noir.


Mes regrets/3e Sexe :

Pourquoi ce fondu ? Parce que "La sécheresse du Mékong". Nous vous rappelons que contrairement à ce qui est annoncé, le concert n'est pas intégral.

En piano/voix, la tambouille live/studio s'entend forcément moins.

0:52 : Le deuxième "à quoi bon" semble rajouté, on voit Nicolas baisser la tête.

0:59 : "[VIIIIIE]" on entend les deux Nicolas.

1:25 : Sa bouche ne prononce clairement pas "je dis des mots stupides". Une bafouille ? 

3:09 : "Des tenues charmantes" on entend deux "t"

4:07 : "Une fille au masculin"... Mais on voit clairement sur le film que les mots "au masculin" ne sont pas chantés.

5:36 : "Un garçon au féminin / [Vas-y à toi say]", deux sources vocales vraiment très différentes. Tout est live jusqu'à la fin du morceau... Et on entend parfaitement la différence de son, flagrante.


Tes Yeux Noirs :

Pourquoi de nouveau un fondu ? Ici nous n'avons pas la réponse...

0:43 : Un son de guitare acoustique qui tourne, et ne correspond pas à ce que fait Stéphane.

Le sifflement qui retentit prévient un malaise dans les premiers rangs. Un autre malaise survient plus tard, et le morceau se déroule dans une ambiance globalement mauvaise. Nicolas s'approche avec une bouteille d'eau à 3:38 mais prend son temps, Stéphane le presse, ce qui semble l'agacer.

Un nouveau fondu...


L'Aventurier :

On voit une fille dans les bras de Nicolas... Mais sur quel titre ? Réponse, "Peter Pan", et cela explique le fondu précédent.

On remarque à 1:35 que Nicolas est aux côtés de Jean-Pierre Pilot. Oui, sur cette tournée il avait l'habitude de jouer l'intro de "L'Aventurier" avec son claviériste. Il n'était en revanche pas ou peu audible. Nous ne savons pas pourquoi ce moment n'est pas montré sur le film.

Comme Stéphane, que nous n'entendons toujours pas. Tox est en revanche gonflé aux hormones, on dirait qu'ils sont trois guitaristes à jouer le riff de "L'Aventurier".

à 4:25, le "[chhay]" est bien sûr live, le "[saaah]" à 4:41 également.

"L'Aventurier"

5:15 : Difficile bien sûr d'interpréter une émotion sur une seule image au sein d'un film si complexe, mais Stéphane semble au bout du rouleau.

Sinon, le Nicolas studio chante correctement.

***

Au terme de ce film, nous sommes embarrassés et perplexes devant tant de questions laissées sans réponses. Comment se fait-il que personne n'ait rien remarqué ou rien dit ? Comment l'ingénieur du son Stéphane Kijek a t-il pu rendre une copie si bâclée ? Est-ce Nicolas, crédité au mastering mais pas au mixage (...?) qui a exigé ces choix incompréhensibles ? Et quid de Stéphane ?

1997

Comment se peut-il qu'Indo Live se soit aussi bien vendu, et soit encore à ce jour si apprécié des fans ? Comment peut-on vendre un tel produit dans le commerce, contre de l'argent ?
 
Un enregistrement pirate audio et vidéo existe pourtant, jalousement gardé par quelques cerbères qui ne souhaitent pas que ce trésor devienne accessible à des "fans de seconde zone" et/ou ne veulent pas faire de tort à Nicolas. Il serait pourtant immensément intéressant de monter l'audio du bootleg sur les images du film. Les fans ne seraient-ils pas intéressés, ou ne verraient-ils pas l'intérêt ? Ce DVD leur suffit-il, vraiment ? Aurions-nous tort de préférer le vrai au faux ? 
"C'est le show tel quel, vraiment sans trucage euh, de la tournée d'Indochine."

Nicolas Sirchis, Le Mag MCM, 1997

Bien sûr, tout à fait.


Un pseudo-live qui aurait selon toute logique dû torpiller Indochine. Mais bien au contraire il les a relancés - un autre mystère -  et seulement deux ans plus tard sortait le très respecté Dancetaria (1999).

Voir : 1999 - Dancetaria

"La remontée avait commencé avec 'Indolive', une compilation déguisée bien matraquée... C'est logique : un titre locomotive, le rouleau compresseur marketing mis par Sony, une tournée triomphale, un Bercy..."
Dominique Nicolas, Platine, 2004
 
Le titre locomotive dont parle Dominique était bien sûr "L'Aventurier", single extrait pour promouvoir le film. C'est ce titre en single edit qui sera joué lors de télévisions surréalistes, en playback.




Admirez Stéphane Sirchis jouer en playback sur un titre dans lequel on ne l'entend pas.
"Comment réussir à chroniquer Indo Live sans vexer plein de gens, Indochine, leurs amis, leur maison de disques, leur public ? C'est impossible, mais l'important est d'avoir essayé."

Jérôme Soligny, Rock & Folk, 1997


En 2004, Olivier Gérard expliqua le son fouillis de 3.6.3. par les mots suivants :

"Le public est habitué à entendre du faux live où tout est enregistré avec un son magnifique de studio. Ce n'était pas ma volonté de sortir ce genre de disque douteux." 
Olivier Gérard in Insolence Rock, Sébastien Michaud, Camion Blanc, 2004


Voir aussi sur le blog :

1996 - Wax

Nicolas et la guitare

Révisionnisme et malentendus

 

Annexes :

Reportage d'MCM à l'Ancienne Belgique le soir d'Indo Live. On peut y voir des images du concert, filmées depuis un autre angle et avec bien sûr le son en direct. Forcément, cela ne ressemble à rien de ce qui est montré dans la vidéo officielle, c'est même assez catastrophique.



Nicolas et Stéphane Sirchis, lors de la remise du disque d'or par Jean-Pierre Foucault, 1997