Voir : Influences et références
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U2, "I'll go crazy if I don't go crazy tonight", 2011 (Voir) |
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U2, "Where the streets have no name", 2017 (Voir) |
Puis en quatre ans d'existence et de travail commun, c'est devenu l'espèce de livre augmenté que vous avez sous les yeux. Au fil de la pensée, l'humour a disparu pour laisser place à la gravité.
Que ce soit au sein des parutions en librairie, officielles ou non, ou même de blogs parfois travaillés, nous avons toujours constaté un manque de rationalité et de recul critique. Nous-mêmes, il nous a fallu des années pour comprendre le fonctionnement du projet Indochine Mk2, que nous avons pourtant suivi de près pendant très longtemps. Jusqu'à ce que le besoin d'écrire devienne trop envahissant.
"Personnellement moi je m'occupe de mon, de mon Twitter, Instagram, c'est ça... Sur les forums euhhh... J'y vais un peu de moins en moins, parce que y'a beaucoup trop de critiques. Ça me saoule. Ouais, ça me... ça me saoule, héhé, donc... Mais nan mais c'est parce que c'est des, ils sont assez euh... - Exigeants ? - Non, jamais contents. Tséhahahaha ! Oui nan mais après les modérations... Nan mais après tout le monde peut dire ce qu'il veut. Mais bon euh... Par contre, sur mon Twitter tout le monde me félicite et tout, c'est cool."
Nicolas Sirchis, Virgin Radio, novembre 2013
Voir : Ceux qui n'aiment pas Indochine, Indochine par Nicola Sirkis et Rafaëlle Hirsch-Doran
Voir : 2013 - Black City Parade"Que pensez-vous des blogs et sites sur Indo ?
[...] Euh, je consulte beaucoup plus en ce moment moi, les tweets qui me sont adressés, parce que c'est mon Twitter personnel, mais euh, je vais parfois, ou j'allais parfois effectivement sur le forum... Et euhhh... Comme je lis des choses un peu tristes, qui me... chagrinent un peu, c'est un peu plus difficile pour moi. Alors après l'expression est libre pour tout le monde et cætera, mais des fois je me demande sur certains forums, pourquoi ces gens sont là, et qu'ils ont qu'à aimer d'autres groupes, parce que c'est un peu dur. Voilà."
(Applaudissements du public)Nicolas Sirchis, conférence, novembre 2014
Au bout d'un moment, s'il est si difficile pour Nicolas d'obtenir un plébiscite en dehors de ses fidèles, c'est peut-être qu'il y a des raisons, bien spécifiques à son propre cas. Ici comme au cours de dizaines d'autres citations présentes sur ce blog, nous ne pouvons pas imaginer de telles phrases dans la bouche d'un autre artiste. Une partie de l'explication, développée sur ce blog, réside dans le fait qu'Indochine Mk2 est une projection spectaculaire du psychisme complexe de Nicolas, et sa construction psychologique turbulente s'observe dans absolument tous les aspects de son projet, notamment les plus malsains.
"Il n’y a que vous, la presse, pour lui dire qu’il a tort. Qu’il ment. Les gens gobent la plupart des trucs, c’est le dernier à parler qui a toujours raison. Eh bien non, il faut analyser."Nicolas Sirchis à propos de Donald Trump, Le Bien Public, septembre 2017
Ce que semble apprécier un Olivier Gérard pas si antireligieux que ça :
"Être fan ça ne s'explique pas. L'art possède cette puissance inexpliquée de titiller violemment les sens de chacun. Une musique, un son, une parole, et nous voilà étincelants, transportés, rassurés, accompagnés. Être fan ça ne s'explique pas car l'Art (sic) ça ne s'explique pas. Juste un constat. Une voix "public" (? ndlr) qui scande des paroles comme des hymnes de pays imaginaires. Une grande messe, un recueillement, dévotion, euphorie. Fidèles respectueux, fidèles admiratifs, voire fidèles hardcore."Olivier Gérard, préface de Indofans, Jean-Eric Perrin, Pop Culture, 2014
Pourtant, chacun parmi le public d'Indochine vaut mieux qu'un simple consommateur dévot. Nous connaissons aussi bien que vous le pouvoir irrationnel que peut exercer la musique sur l'esprit humain, et l'importance que ses créateurs peuvent revêtir dans la vie des auditeurs. Il nous tient à cœur en ce sens - quitte à passer pour des vieux cons qui ne comprennent pas - de rappeler que cette importance peut s'avérer moins inoffensive qu'il n'y paraît, et qu'on a trop vite tendance à arguer que ce n'est que de la musique. Ce n'est pas parce que "c'est bon, c'est que de la musique" que ça ne dit rien de vous et de votre rapport au monde. Et dans le cas d'Indochine Mk2, le constat fait très mal.
Ces problématiques ayant déjà été étudiées par des critiques, sociologues et journalistes, nous avons conscience d'enfoncer, d'une certaine façon, une porte ouverte depuis longtemps. Il ne serait évidemment pas sérieux de dénoncer une dérive sectaire proprement dite, à l'heure où il est à la mode d'employer l'argument de la secte et où de nombreuses sphères osent se réclamer, elles aussi, de l'esprit critique... Un terme qui lui aussi devient malheureusement galvaudé. Mais il nous semble utile de souligner à quel point de trop nombreuses cases sont cochées : le rapport entretenu entre Indochine Mk2 et son public présente les mêmes problématiques d'isolement et de retranchement en communauté, à l'abri d'un monde extérieur perçu comme froid et intolérant. Avec des hiérarchies, des subalternes et des discours officiels bourrés de mensonges. Avec des hérétiques aussi, qui ne comprennent pas ce qu'il faut comprendre, soupçonnées d'être de mauvaises personnes, avec de mauvaises vibrations et parfois diaboliques.
Et ce, parce qu'ils n'ont pas adhéré, parce qu'ils ont osé critiquer.
Alors oui, les phénomènes d’idolâtrie sont courants dans la pop et ce depuis des décennies. Mais les contours d'Indochine Mk2 nous semblent dessinés d'une façon tout particulièrement pernicieuse. La carrière de Nicolas, valorisée selon des arguments essentiellement droitiers, est entièrement fondée sur la revanche, et un rapport extrêmement conflictuel à la réalité, couplé à un narcissisme délirant. Qu'il ait tant été décrit comme un gourou et parfois pire encore, n'est pas anodin. Les fans les plus hardcore quant à eux, se satisfont d'une telle influence sur leurs vies qu'en toute apparence, ils ne peuvent et ne veulent pas expliquer ni remettre en question. Et cela est extrêmement inquiétant, même si en apparence ce n'est que de la musique.
Il est pourtant possible de ne pas être dupe. De ne pas croire aveuglément ceux qui se drapent des beaux habits de la supériorité humaine, culturelle et morale. De vérifier ce qui nous est dit, ce qui nous est promis et ce qui nous est servi derrière. On peut chercher à mieux savoir où l'on va, qui l'on suit et pourquoi, avant de laisser tout son temps et son argent dans un domaine culturel qui paraît séduisant et adapté à ses problèmes.
Alors certes, il y a des choses plus graves dans la vie sur lesquelles se focaliser. Oui, énormément de gens vivent au quotidien la manipulation, le mensonge, le chantage, la violence physique. Oui, Nicolas participe à rendre la vie de milliers de personnes moins terne, mais ce n'est pas un argument [1]: c'est le cas de prêtres, de gourous, manipulateurs et autres types de personnes influentes et peu recommandables. Ces derniers ont d'ailleurs systématiquement tendance à expliquer le comportement des sceptiques par la jalousie, et cela devrait être un red flag absolu. Loin de vraiment aider leurs adorateurs, ils leur font au contraire croire au Père Noël, en passant le chapeau derrière. Cela peut participer à expliquer pourquoi tant de fans d'Indochine Mk2 sortent un jour de cette période de leur vie avec le besoin ardent de ne plus y être ramenés. Comme de très nombreux déconvertis, quoi qu'ils aient cru.
Il
semble aussi que quelques uns, sachant trop de choses gênantes,
préfèrent se taire pour protéger Nicolas, dont le contrôle drastique de
l'image ne suffit pas toujours.
Oui les gens, vous aimez ce que vous voulez. Nous avons conscience que l'exposition des faits et les démonstrations, si sérieuses soient-elles, ne peuvent suffire à combattre des croyances si ancrées, surtout lorsqu'elles sont à la source d'un bien-être éprouvé. Nous ne remettons pas en question le besoin pour chacun de ressentir du plaisir dans la vie. À condition de se documenter un minimum pour savoir identifier un charlot. [2]
À votre tour, ne remettez pas en question notre droit de ne pas croire à l'aura mystique d'Indochine Mk2, à la personnalité supérieure et bienfaitrice de Nicolas Sirchis, et de vouloir expliquer et démystifier ce phénomène qui n'a rien de magique. "Il se passe vraiment quelque chose", "l'art ne s'explique pas", "lui remplit des stades" ou même la sempiternelle "carrière" ne sont pas pour nous des arguments suffisants pour obtempérer au catéchisme indochinois, et annihiler tout point de vue discordant.
Si cela se vit, alors cela s'explique.
Anciens fans comme il y en a tant, nous avons nous-mêmes dit par le passé un bon nombre de bêtises sur Indochine, et avons participé à des comportements que nous combattons aujourd'hui. Peu à peu, nous avons tâché de faire preuve d'humilité et d'exigence, et ne nous sommes jamais interdit une compréhension plus rationnelle du phénomène. C'est ce qui nous a permis de remettre en question ce qui avant, nous poussait à défendre becs et ongles cette entreprise de communication en ne faisant confiance qu'à notre seul ressenti. Depuis cette époque, nous avons réfléchi, et nous voulons croire que chacun d'entre vous partage la même préférence pour l'honnêteté et la justesse.
La musique est un domaine suffisamment important pour lui accorder du temps de cerveau.
Nous savons qu'il est vain, et parfois dangereux, de s'attaquer à des croyances à succès, même avec des preuves et des faits. Quoi que nous disions, pour beaucoup, nous serons toujours de sales cons aigris et jaloux, osant s'attaquer à un grand bienfaiteur. Pour certains, nous sommes même un monde extérieur malfaisant, diabolique. Comme dans d'autres situations très proches, à aller chercher... du côté des sectes. Nous voyons Nicolas profondément habité, remplaçant la réalité par un narratif malléable, mais nous ne savons pas dans quelle mesure il croit vraiment à ce qu'il dit. Notre héros semble s'être emberlificoté dans un tissu de complexes, de revanche, de romance et de fantasy. Ce n'est pas là le travail d'un critique culturel.
"Non, le bonheur absolu n'existe pas, sinon ça se saurait ! Il faut juste se fabriquer son paradis à soi... Envers et contre tout."Nicolas Sirchis, Rocksound, avril 2002
Envers et contre tout, mais jusqu'où et à quel prix ?
Autocritique :
Oui, il est possible que le blog ait un côté indigeste, voire comme nous avons pu le lire : imbitable. Vue la complexité de chaque épisode de cette longue histoire, il n'a pas été possible de proposer une réflexion déjà ordonnée. Nous comprenons que l'absence de chronologie, l'aspect fouillis ainsi que les répétitions qui peuvent en résulter, puissent décourager. Nous avons plusieurs fois reçu des messages où il nous était conseillé de faire un livre. Nous pourrions, mais ce n'est pas dans nos projets. Nous entendons aussi pouvoir donner l'impression de gens qui se branlent, n'ont que ça à faire ou parlent du travail des autres alors qu'ils font pas mieux. Pire encore, donner l'impression d'étaler une grande morgue, un comportement de hater, et vouloir délibérément s'en prendre à quelqu'un.
Pourtant, une lecture patiente de notre travail devrait dissiper en partie ces impressions. Nous
avons souhaité réaliser une critique sur le fond : nous
déplorions que de très nombreuses choses n'aient jamais été dites, cependant ce boulot a été réalisé avec enthousiasme.
Nous avons tâché de montrer que l'analyse était non seulement possible
mais bienvenue, passionnante et même marrante. Comme dit dans
l'avant-propos, nous souhaitons
que ce blog vous fournisse de nouvelles clefs de compréhension, que vous
soyez
d'accord ou non avec ce que vous lisez. Une
nouvelle fois, nous n'avons pas fait ce travail pour élaborer une
nouvelle autorité et vous la servir toute prête, bonne à recopier ou à
flanquer dans la figure d'un(e) jeune fan.
Du mieux que nous avons pu - et surtout sur la fin - nous avons tâché de ne pas nous mettre à faire du Soleywhy. Nous ne sommes évidemment pas parfaits et avons nos propres biais : des contradictions, vous en aurez peut-être trouvé chez nous à votre tour. Les commentaires restent ouverts, vous pourrez donc toujours nous indiquer où nous nous serions possiblement trompés ou contredits, et comment
nous pourrions améliorer le contenu du blog si tant est que nous trouvions l'énergie de remettre les mains dans le cambouis. Nous tâcherons
de vous lire avec attention et éventuellement de vous répondre. Et si vous vous sentez l'énergie, poursuivez le travail en faisant mieux !
Vous verrez à la suite de nombreux posts se succéder, sur un grand nombre de sujets distincts mais tous liés entre eux. Quant à nous, en ce qui nous concerne, nous avons vraiment, mais alors vraiment autre chose à faire.
Bonjour,
RépondreSupprimerEn voici une nouvelle triste pour la réflexion et le monde indochinois.
Merci à vous dans tous les cas pour ce blog toujours très stimulant, réfléchi et en aucun cas pour moi "à charge". La richesse des thèmes abordés et la rigueur du propos en ont assurément fait un site unique.
Excellente continuation à toute l'équipe !
Bien cordialement,
Richard SUBERBIELLE
Je rajouterai à la liste autocritique : le titre du blog, dont je n'ai toujours pas saisi le sens ! :-D
RépondreSupprimerPeut-on espérer vous voir revenir un jour ? Il y aurait beaucoup à dire sur la campagne actuelle pour le prochain album !
RépondreSupprimerComme Roberto : une chronique de Babel Babel est-elle envisageable ?
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