1981 - Dizzidence Politik

Devant un Yann Barthès en mode découverte, Nicolas revient sur le premier titre d'Indochine :
"Dizzidence Politik c'est la première chanson que j'ai écrite. Au départ c'était un reggae. Et les membres du groupe m'ont fait comprendre que 'non on préférerait plutôt un truc un peu plus...' donc euh..."
Nicolas Sirchis, Quotidien, mai 2020
 
Petit voyage dans le temps.
"On s'appelait les Espions. Des copains de Stéphane tous à la Ligue Révolutionnaire. C'était le début du mouvement punk, et ils voulaient faire du rock dur et militant, à la Clash. C'est là qu'est né le premier 'Dizzidence Politik', j'avais écrit le texte, et c'était un reggae !"

Nicolas Sirchis, in Indochine, Jean-Eric Perrin, Calmann-Lévy, 1986
 
"Au mois d'août (1981, ndlr) la maquette de Françoise et Dizzidence était faite, Dominik avait fait toute la musique, Nicola avait mis sa voix, et moi j'avais glissé trois notes de saxe sur une version reggae de Dizzidence !" 
Dimitri Bodianski in Indochine, Jean-Eric Perrin, Calmann-Lévy, 1986

 

"Bah t'sais au départ cette chanson c'était un reggae au début hein, c'était complètement un truc euh... un... Beaucoup plus lent. Puis Dominique a dit 'attends moi j'ai un truc plus nerveux', il a joué ça et puis depuis ça nous a suivi quoi. Et c'est vrai que c'est un morceau qu'on joue tout le temps à la fin des concerts, parce que c'est... ah ça détonne, c'est pas mal."

Nicolas Sirchis, Pour un clip avec toi, 1991

"Le premier truc qu'on a réussi à mettre en place, to stick together comme disent les Anglo-Saxons... C'est le truc qui après s'est appelé Dizzidence Politik." 
Alain Dachicourt (guitariste des Espions), 2009
 
"Compilant un ensemble de phrases empruntées à l'antisoviétisme des années 1970, [Nicolas] fait ses premières armes sur 'Dizzidence Politik'. Alain trouve un thème à la guitare, et les trois s'entraînent ainsi pendant des heures à expérimenter ce concept revendicateur, soutenu par un rock très basique." 
Christophe Sirchis, Starmustang, 2009
 
"Pour moi, c'était une sorte de morceau à la Clash, un truc un peu revendicatif à la London Calling." 
Nicolas Sirchis in Kissing my songs, Agnès Michaux, Flammarion, 2011

"Dizzidence Politik" fut composé du temps des Espions, probablement un sorte de punky-reggae façon Clash. Dominique, apparemment peu emballé par la direction musicale du groupe, aurait proposé une version alternative. Le titre que nous connaissons aujourd'hui semble assez directement inspiré de "Sunday Papers" de Joe Jackson, pendant lequel Dominique avait l'habitude, en concert, de placer le riff de "Runaway Boys" des Stray Cats.

Il existe une version live impressionnante de "Dizzidence Politik", jouée en direct sur France 3, avec un Laurent Voulzy qui en avait parfaitement saisi l'esprit, en ajoutant une guitare très Police à ce mélange de reggae, de rockabilly et de rythm&blues.


Quant aux paroles, sans se prétendre être "Le Bilan" de Jean Ferrat (une critique du stalinisme depuis la gauche) ou "Vladimir Ilitch" de Michel Sardou (idem depuis la droite), la seule explication de texte que nous avons trouvée reste au niveau de l'énonciation accompagnant la danse :
"On était un groupe de pop ; ma définition est : 'du rock qui fait danser les gens'. Avec le titre 'Dizzidence politik', ils dansaient sur un texte qui parlait de stalinisme, de politique et d'hôpital psychiatrique."
Nicolas Sirchis, Tribu Move n°21, janvier 2001

Comme nous l'avions déjà souligné précédemment, employer des mots d'un certain champ lexical ne signifie pas que l'on a écrit sur le sujet en question, dès lors quel serait le propos ? Il est intéressant de remarquer que Nicolas, selon la situation, admet écrire des textes qui ne racontent rien en particulier, ou au contraire défend l'utilisation de certains mots comme autant de thèmes abordés. Le texte de "Dizzidence Politik" ne parle de rien en particulier au delà de la sonorité des mots, et cela ne l'empêche pas d'être un excellent morceau. Mais il faudra tout de même rappeler à Nicolas que la revendication n'est pas une attitude ou un choix thématique : si "Dizzidence" est un truc un peu revendicatif, alors que revendique t-il ?

Même seul élément restant du groupe original, il serait appréciable de ne pas l'entendre revendiquer une musique qui n'est pas la sienne. Dominique Nicolas silencieux, Alain Dachicourt et Stéphane Sirchis disparus, il utilise volontairement le terme flou écrite pour s'arroger la paternité du morceau, et invente une situation où les musiciens auraient exigé de sa part une autre direction musicale. Un comportement qui, à la lecture de Starmustang, n'est pas sans antécédents.

Pourquoi cette invention sur le plateau de Quotidien, rois du fact-checking qui n'estiment visiblement pas nécessaire de faire ce travail quand il ne s'agit que de musique et non de politique ?

Pourtant, tout est politik !
 

 
 
Annexes :
 
 
De nos jours, Indochine Mk2 n'est capable de nous proposer que des versions acoustiques, réduites et feignantes de "Dizzidence Politik". Imaginez s'ils étaient intelligents, et nous proposaient une version électrique et énervée, avec ces sons de synthétiseur délirants. Un peu comme en 91 :

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