1990 - Le Baiser

"Le Baiser est numéro 1 des ventes, mais est mis au pilori par la presse."

Nicolas Sirchis, Paris Match, mai 2020

Numéro 1 ? Première nouvelle. En fait, Nicolas a déjà dit ça il y a neuf ans. 

"L'album est tout de même resté n°1 pendant cinq mois, mais on ne l'a pas défendu en tournée et ça l'a un peu achevé. C'est un succès achevé et inachevé."

Nicolas Sirchis in Kissing my songs, Agnès Michaux, Flammarion, 2011

Neuf ans pour croire à ses propres affabulations ? Si Le Baiser a été disque d'or, il n'a en revanche jamais été numéro 1.

En 1990 il fallait 100 000 ventes pour être certifié disque d'or. Est-ce la notion de disque d'or qui, portée par la diminution des ventes demandées pour l'obtenir, devient "numéro un" dans la bouche de Nicolas ? Et pourquoi dès lors persévérer dans le mensonge en ajoutant "pendant cinq mois" ?

Selon Chartsinfrance, la meilleure position du single "Le Baiser" fut atteinte le 19 mars 1990 avec la vingt-troisième place. Quant à l'album, il retrouve un certain succès grâce aux remasters proposées par Indochine Records, puisqu'il atteint le 31 août 2015 la quatre-vingt dixième place du classement des ventes d'albums.


Curieusement, le premier album n°1 de l'histoire d'Indochine fut le live 3.6.3, atteint le 29 décembre 2003. Le premier single n°1 fut "J'ai demandé à la lune", le 15 juillet 2002.
"En France, toujours fidèles au poste, les fans consacrent Le Baiser disque d'or deux semaines seulement après sa sortie. Hormis quelques commentaires élogieux glanés ici ou là, l'album ne suscite pourtant pas l'engouement qu'il était légitimement en droit d'espérer et ne s'écoule au final qu'à près de deux cent mille exemplaires, "massacré" par une grande majorité de plumes de la presse rock."

Sébastien Michaud, Insolence Rock, Camion Blanc, 2004 
(livre supervisé par Nicolas)

"Une grande majorité", certainement pas. Libération, en revanche, prenait plaisir à se payer Indochine :
"Nicolas et Stéphane Sirkis, les Bogdanoff de centres aérés, le premier a conservé sa moue Ian MacCulloch, le second a opté pour un recentrage Jean-Luc Lahaye. [...] Le recentrage de titres dits ambitieux [fait que] l'on mesure avec encore plus d'acuité l'étendue du marécage linguistique dans lequel s'enlisent les compositions. [...] Indochine ne sera pas convié à la prochaine dictée de Bernard Pivot, il a voulu son 'baiser' sensuel et vindicatif, il est aussi un rien déplacé."

Yves Bigot , Libération, 1990

L'historiographie nicolienne aura surtout retenu la remarque du même Yves Bigot sur le "corrige-moi mes fautes" à propos de laquelle il semble avoir gardé une rancœur tenace. 
"Le fameux 'corrige-moi mes fautes'... Yves Bigot avait fait une tartine de trois pages dans Libé pour expliquer que je faisais des fautes de syntaxe. La vache ! Je n'avais pas droit à la licence poétique. Et on me le faisait savoir, en dix paragraphes. Tout à coup, dans sa critique, cela devenait le truc le plus important de l'album... On rêve !"

Nicolas Sirchis in Kissing my songs, Agnès Michaux, Flammarion, 2011

"Malgré Des Fleurs pour Salinger, et bien que ce soit objectivement un bel et bon album, Le Baiser, avec ses 200 000 exemplaires vendus, ne rencontre pas un succès commercial suffisant, conforme aux attentes du groupe et de sa maison de disques."

Jean-Claude Perrier, Le roman-vrai d'Indochine, Bartillat, 2005

Le lunaire et très officiel Un flirt sans fin (2006) parle d'un album qui ne rencontre pas le succès escompté malgré le soutien des fans. C'est pourtant dans ce même film que Francis Zégut, qui à l'époque soutenait Nicolas, en sort une des rares phrases intelligentes :
"C'est une conjonction de plein de choses je crois, euh... La mode, tout simplement.

Francis Zégut, Un flirt sans fin, 2006
 
"Le Baiser a sa vie, les singles passent, Salinger est programmé sur les grosses radios, parce que c'était le début de la techno, et la séquence au début de la chanson leur plaisait. L'album a beaucoup de succès au Canada, et on va y faire de la promo, ainsi qu'en Belgique. C'est devenu un faux tube. C'est aussi la période des Inconnus, qui nous parodient, et notre maison de disques, au lieu de nous défendre, nous fait comprendre qu'on est grillés, qu'ils ne peuvent plus rien pour nous !"

Nicolas Sirchis in Indochine, le livre, Jean-Eric Perrin, 2011

Un album valorisé par le talent et la maturité d'Indochine, et qui n'a besoin ni des blablas de Nicolas ni des nôtres, pour continuer d'exister. 
"Je les ai retrouvés, et je les ai retrouvés assez changés. C'est ça qui m'a décidé à retravailler avec eux, parce que, ils avaient changé humainement d'abord, ils avaient changé musicalement, et beaucoup au niveau des textes aussi. Et euh, pour moi c'était très important le, le changement, l'évolution de la personnalité de Nicolas, au niveau de l'écriture, euh... Il s'était débarrassé d'un certain côté euh... Comment je pourrais dire ça... Ado exotique. Exotico-adolescent. Tu vois, qui tournait un petit peu en rond, forcément."

Philippe Eidel, M6, 1990

On peut lire une remarque d'Agnès Michaux dans Kissing my songs, assez ironique lorsqu'on connaît la suite :
"Cela aurait pu être l'album d'un mec qui décide ensuite de faire une carrière solo."


Voir aussi sur le blog : 1990 - Isabelle a les yeux bleus

Voir aussi : 

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